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Sida : la redevance n'est pas une panacée - Cameroon Tribune - Cameroun - 13/04/02

En résumé, elle puise ses fondements dans le principe de la solidarité nationale notamment la participation de tous les salariés à l'effort national de financement de la lutte contre la pandémie du sida et spécialement au traitement des malades de VIH/Sida. Dans sa mise en œuvre, elle consisterait en un prélèvement obligatoire sur les salaires opéré à la source par le ministère de l'Economie et des Finances en ce qui concerne les fonctionnaires, les contractuels et les agents de l'Etat, par les employeurs des secteurs parapubliques et privés dans leurs domaines respectifs. Les initiateurs ne s'en cachent pas ; ils s'inspirent de la redevance audio-visuelle dont bénéficie la Crtv (Cameroon Radio and Television).

De prime abord, cette réflexion ne manque pas d'intérêt. Elle peut même apparaître séduisante. L'on peut présumer à priori que rares sont les Camerounais qui se montreraient indifférents à la propension actuelle du VIH/Sida dans notre pays et surtout aux drames humains et sociaux qu'il provoque. Les graves conséquences sur la santé, sur la déperdition des forces vives de la nation à cause des nombreux décès observés dans les tranches d'âge des personnes actives, ainsi que le développement du pays en général sont souvent, à raison, rappelées par les leaders d'opinion. Ceux-ci concluent toujours par la nécessité d'une mobilisation nationale pour lutter efficacement et largement contre le VIH/Sida. La création souhaitée d'une redevance-sida s'inscrirait sans doute dans le cadre de cette mobilisation.

Toutefois, aussi séduisante que puisse paraître l'idée de création d'une redevance-sida, la manne magique pour l'assistance aux sidéens, ni le paravent à des comportements licencieux. Nous n'insisterons pas outre mesure sur les procédures, les obstacles législatifs et réglementaires dans la mise en œuvre d'une éventuelle redevance-sida. L'on peut cependant faire observer, s'agissant d'un problème qui relève du domaine de la loi dont les élus du peuple devraient débattre profondément, tenant compte notamment du pouvoir d'achat jusqu'à présent reconnu faible de la plupart des salariés. Par ailleurs, la collecte et la gestion d'une telle redevance ne peuvent que susciter des convoitises. Pourquoi pas par exemple une redevance-paludisme ?

L'idée de créer une redevance-sida n'est pas une panacée. La propension accélérée de la pandémie pose entre autre un problème de responsabilité personnelle car au Cameroun, le Sida se transmet par la voie sexuelle dans la majorité des cas. Les campagnes de prévention menées peuvent sans doute aboutir à des résultats pertinents, à condition que les populations-cibles y soient plus sensibles. Le port du préservatif ou l'abstinence ne sont pas de simples slogans de propagande. Quant à l'assistance aux malades du VIH/Sida, les efforts des pouvoirs publics sont notoires à cet égard. Sans être exhaustif, l'on peut relever la baisse connue des prix médicaments destinés aux soins des sidéens ainsi que les dispositions particulières pour la prise en charge des malades du VIH/Sida. Il s'agit là entre autres, d'une forme de solidarité nationale qui ne s'exprime pas en terme de ponction sur les salaires. Source: Cameroun Tribune - 11/04/2002

Lire l'article original : 64.91.231.151/cgi-bin/polemedia.org/viewnews.cgi?id=1018700778

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