Confrontée à des commandes désordonnées, la Pharmacie Nationale
d'Approvisionnement a décidé de réunir tous les acteurs qui officient
dans la filière du médicament afin d'harmoniser les points de vue
autour d'une gestion plus rationnelle des prévisions de stocks.
Les difficultés qui découlent des ruptures de stock de médicaments,
du surstockage de ces derniers, ainsi que des produits périmés,
hantent le sommeil des pharmaciens qui sont de plus en plus confrontés
à ces trois maux qui émanent d'une gestion non efficiente de ses
produits sensibles. Cette situation n'est pas non plus méconnue
de la Pharmacie nationale d'approvisionnement (Pna) qui a décidé
d'engager la réflexion avec les pharmaciens, afin de chercher les
voies et moyens pour trouver des solutions heureuses à ces problèmes
majeurs, qui gangrènent le fonctionnement adéquat des officines
de pharmacie. " Notre objectif est d'arriver à faire disparaître
de notre langage, les trois maux dont souffrent beaucoup de pharmacies
que sont : rupture de stock, surstockage et péremption ", soutient
le lieutenant-colonel Issa Diop, directeur de la Pharmacie nationale
d'approvisionnement. En effet, explique-t-il, " si les demandes
sont mal exprimées, on peut être en rupture de stock ; ce qui est
dangereux pour les populations, dans la mesure où le malade ne peut
pas attendre. Alors, la rupture peut être fatale. Par contre, quand
la commande est surestimée, on immobilise des capitaux qui pourraient
être utilisés à d'autres fins utiles, dans les programmes de santé.
La conséquence avec le surstockage est évidemment la grande quantité
de médicaments qui risquent d'aller au delà de leur date de péremption
". D'ailleurs, c'est pour éviter ces multiples désagréments que
la Pna a initié un le séminaire de formation de 5 jours, destiné
à une trentaine de pharmaciens d'hôpitaux et de la Pna. C'est en
partenariat avec MSH/Usaid, la direction de la pharmacie et le Service
national de santé de la reproduction, toutes deux des structures
du ministère de la Santé, de l'Hygiène et de la Prévention.
Avec pour thème, " gestion des stocks de médicaments ", ce séminaire
de formation vise tous les pharmaciens des hôpitaux et des structures
sanitaires. Mais pour cette première, des raisons d'ordre pédagogique
ont fait que le nombre de participants a été limité à 30, " pour
ne pas biaiser les objectifs de la formation ", estime le lieutenant-colonel,
Issa Diop, directeur de la Pna.
Selon notre interlocuteur, " on s'est rendu compte au niveau de
la Pna que les acteurs de terrain, en l'occurrence les hôpitaux
et les centres de santé, exprimaient mal leurs besoins. Ce qui a
toujours causé des problèmes pour la centralisation au niveau national
".
FORMATION EN GESTION
C'est ainsi qu'en 2002, une réunion s'était tenue dans les locaux
de la PNA. Elle avait pour but " d'élaborer un curriculum de formation
en techniques de gestion, afin d'harmoniser les méthodes de gestion
et d'acquisition de médicaments ", déclare le directeur de la Pna.
Une situation dictée par le fait que les pharmaciens sortent gestionnaires.
C'est pour cette raison que " nous voulons ainsi harmoniser ces
techniques standardisées de gestion ", estime le lieutenant-colonel
Issa Diop.
Le séminaire de formation sur la " Gestion des stocks de médicaments
" devrait ainsi permettre " le partage des compétences avec nos
différents partenaires que sont les hôpitaux et les centres de santé
et ultérieurement les districts sanitaires ", souligne le directeur
de la Pna.
Ainsi, le lieutenant-colonel Issa Diop compte sur l'appui des participants
afin d'user d'un même langage et des mêmes techniques d'approche
pour enrayer pour de bon les trois éléments nuisibles pour une saine
gestion des stocks de médicaments. La procédure est simple. Chacun
des pharmaciens présents dressera les techniques de gestion qu'il
utilise. Leur synthèse permettra d'élaborer un outil commun qui
puisse être utilisé par tous les pharmaciens. Puisque les pharmaciens
de la Pna ont élaboré les documents de travail, donc ils sont forcément
en avance sur ceux des hôpitaux. Surtout que la Pna manie des quantités
importantes de médicaments contrairement aux hôpitaux qui ne livrent
qu'aux clients. " Il y a bien une différence dans les techniques
de gestion ", souligne le lieutenant-colonel Issa Diop, directeur
de la Pna.
RATIONALISATION DES COMMANDES
Et notre interlocuteur est optimiste quant à l'efficience de la
stratégie qu'ils veulent adopter. Et pour cause, " nous avons mis
en place des formules de calculs mathématiques associés à d'autres
paramètres qui nous permettent d'estimer les besoins correctement
et d'éviter les excès ou les ruptures " ; affirme-t-il. Même s'il
est évident qu'il y a des aléas qui ne peuvent jamais être maîtrisés,
l'évaluation de la consommation moyenne mensuelle par exemple, en
fonction du nombre de mois de stocks, du stock disponible, permettra
de déterminer les quantités à commander dans une période précise.
Mieux, la Pna pense déjà à l'informatisation du système de gestion
des stocks. Un service qui sera disponible, annonce le directeur
de la Pna, après la formation. En tout cas, " l'informatisation
du système de gestion permettra de suivre à la trace les médicaments
que nous importons sur le plan national jusqu'au niveau du consommateur
(le malade), affirme le lieutenant-colonel Issa Diop qui pense déjà
qu'une telle expérience est possible avec les hôpitaux. S'agissant
des centres de santé et des pharmacies de district qui sont des
relais entre les malades et la Pna, le lieutenant-colonel Issa Diop,
affirme qu'on va former le personnel d'abord avant de passer à l'informatisation.
Maïmouna GUEYE
Lire l'article original : http://www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=26135&index__edition=9862
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