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L'actualité de la santé en Afrique

Du danger des plantes : La toxicité du fisanier - Sidwaya - Burkina Faso - 29/04/2003

Les plantes possèdent un pouvoir immense dans la vie de l'homme. Elles ont le pouvoir de maintenir la vie ; elles ont le pouvoir de guérir. Mais, elles possèdent également le pouvoir de tuer. C'est ce dernier pouvoir que nous allons évoquer dans la présente note, en évoquant le tragique empoisonnement mortel dont ont été victimes des enfants, le 10 avril dernier, à Niangoloko.

Trois enfants, des élèves, par l'ignorance de leur père, ont perdu la vie. Mais, compte tenu du fait qu'ils sont des élèves, ne peut-on pas aussi incriminer les enseignants ? Que coûte, en effet, dans une région où prospère le "Farafin finzan" (appelé scientifiquement Blighia sapida de la famille botanique des Sapindaceae), de parler de cet arbre, de son intérêt en tant qu'arbre d'ombrage, d'ornement et d'intérêt alimentaire (par l'arille de la graine comestible à maturité mais, très toxique chez le fruit non mûr).

Les programmes d'enseignement pour ce qui est du volet "Leçon de choses" ou "Sciences naturelles" sont-ils en adéquation avec le vécu quotidien ? J'en doute fort. Dans ce vécu quotidien, l'homme est entouré de plantes à risque, de plantes dangereuses. Il existe des plantes locales dangereuses par certaines de leurs parties bien que d'intérêt alimentaire ou médicinale. Leurs parties alimentaires demandent bien souvent certaines manipulations et techniques culinaires (cuisson prolongée avec renouvellement de l'eau de cuisson pour certains tubercules) et de nombreux fruits à graines comestibles ne le sont qu'à pleine maturité comme c'est le cas du Farafin finzan.

Dans le cadre de l'éducation traditionnelle, le savoir et savoir faire les concernant se transmet par une expérience pratique en zone rurale.

Il y a des plantes exotiques introduites surtout en zone urbaine. Largement diffusées par les fleuristes et les centres de recherche (CNRST, CNSF) pour leur intérêt ornementale, elles sont souvent mal connues pour les dangers qu'elles peuvent présenter. On peut indexer quelques unes remarquables. Ce sont (mais la liste n'est pas exhaustive) :

  • Jatropha curcas (Euphorbiaceae). Le pourghère ou pignon d'Inde, plante de haie vive à fruits ressemblant au karité et contenant des graines à goût agréable mais dangereuses par une substance : la curcine dont les signes d'empoisonnement se traduisent par des vomissements, des diarrhées profuses et une xérophtalmie marquée (les yeux sortent de l'orbite). Les Moose l'appellent "wanb-n-bangma" (goûte-moi et tu sauras).
  • Ricinus communis ; le ricin de la famille des Euphorbiaceae, plante dont la culture fut encouragée à l'époque coloniale. L'huile de ricin figure en pharmacopée moderne pour ses propriétés purgatives. Mais la plante contient une substance dangereuse, la ricine.
  • Hura crepitans (Euphorbiaceae). Le bombardier dont les fruits à maturité éclatent en projetant au loin ses graines. La plante contient une toxalbumine toxique.
  • Nerium oleander (Apocymaceae). Le nerion ou laurier rose. Il existe deux variétés : une à fleurs blanches, l'autre à fleurs roses. C'est une plante dont toutes les parties sont toxiques. Il ne faut surtout pas la confondre avec le Laurus nobilis, le laurier sauce dont les feuilles aromatiques constituent un excellent condiment.
  • Dieffenbachia picta et D. seguine de la famille des Araceae. Cette plante tropicale, originaire des sous-bois de la forêt dense amazonienne, est largement répandue dans le monde entier comme plante d'appartement. On le reconnaît à son feuillage vert ponctué de blanc. Les feuilles et la tige riches en oxalate de calcium sont irritantes pour les muqueuses buccales et la langue.

Elles sont très nombreuses ces plantes introduites dangereusement. Mais, il est malheureux de constater le déficit d'information les concernant alors que dans les pays du Nord, existe une abondante documentation.
Pour revenir au cas du Blighia Sapida appelée le "fisanier" par mon ami forestier Moné de la direction provinciale de l'Environnement et du Cadre de vie de la province de la Comoé, c'est une espèce afro- américaine et asiatique.

Considérée comme d'origine africaine, elle fut diffusée dans le nouveau monde (Amériques, Antilles) où la plante est bien connue. En Amérique latine (Vénézuela), il est connu sous le nom de "Merev del Diablo", Merey étant l'appellation en espagnole de l'anacarde, Anacardium occidentale, le pommier de cajou. On l'appelle également "bien me sabe".

Les Lobi qui connaissent parfaitement bien la plante l'appellent Ti et le différencient, à la façon des Vénézuéliens, de l'Anacardium occidentale appelé Dablo ti (le Ti des Blancs). Ouvrons une parenthèse sur l'anacarde ou pomme de cajou. Le pédoncule du fruit de cette plante est comestible. Mais, il est formellement déconseillé de boire du lait après sa consommation. Sa graine, contenu dans un fruit de forme réniforme à tégument dangereux (caustique et irritant) est comestible rôti et apprécié dans les apéritifs.

Pour revenir encore au Blighia Sapida, l'arbre est bien connu dans le Sud et Sud-Ouest du Burkina et les populations locales (Lobi, Gouin, Turka, Siamu etc.) en maîtrisent bien les diverses utilisations. Longtemps confiné au palais du gouverneur colonial, il est de diffusion relativement récente à Ouagadougou.

Description de l'arbre

C'est un arbre de taille moyenne (8 à 10 m) à feuilles composées paripennées (4-5 paires de folioles). Ses feuilles sempervirens (ou se renouvelant vite lorsqu'elles tombent). L'arbre fleurit presque toute l'année mais, avec une pointe de janvier à mai/juin. L'arbre se reconnaît à ses fruits rouges de 5 à 10 cm. Ce sont des capsules qui, à maturité, éclatent en libérant 3 graines noires insérées sur la paroi du fruit par une arille de couleur blanc crème. Cette arille immature est très toxique du fait de la présence d'une substance : I'hypoglycine qui abaisse brutalement le taux de glucose dans le sang (ce taux passe de 1 g /1 à 0,3 g /1). Mais, cette arille mûre est oléagineuse et comestible bien qu'il faille la débarrasser d'une languette rouge orangée considérée comme toxique. On en fait une excellente sauce chez beaucoup d'ethnies du Sud-Ouest et du Sud-Est du Burkina.

Le tégument du fruit : il est utilisé comme détergent (savon) pour laver les habits. Quant aux feuilles, elles présentent des utilisations en médecine et pharmacopée traditionnelles.

Les accidents causés par l'arille non mûre sont assez nombreux pour qu'il faille s'inquiéter. Celui de Niangoloko en date du 10 avril n'est pas le premier et le seul et certainement pas le dernier. Il est temps de rompre avec cette indifférence et mutisme entourant les plantes dangereuses et toxiques dans notre pays. Il est vrai que les connaissances les concernant sont souvent sous le sceau du secret (ceci pour en limiter les utilisations à des fins criminelles). Et les scientifiques (ethnobotanistes, toxicologues) se contentent de mises en garde et conseils informels. Ces mises en garde concernent également certaines plantes médicinales potentiellement toxiques pour lesquelles se posent de délicats problèmes de posologie. Il est peut-être temps d'aborder de front le problème de ces plantes toxiques et notamment des fruitiers à risque. Il y a, là, un devoir urgent de protection des enfants contre ces nombreux fruits tentants mais à risque.

Ouétian BOGNOUNOU - Ethnobotaniste - INERA / DPF Chevalier de l 'Ordre National Chevalier des Palmes Académiques bognounou@yahoo.fr

Lire l'article original : http://www.sidwaya.bf/sitesidwaya/sidawaya_quotidiens/sid2003_29_04/sidwaya.htm


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