La communauté africaine a célébré le 25 avril 2003, la Journée
africaine du paludisme. Dans le cadre de cette journée, le ministre
de la Santé, Alain Bédouma Yoda a convié les hommes de médias à
un point de presse à son cabinet. Une occasion pour lui de faire
le bilan de la lutte sur cette maladie au Burkina.
En déclaration introductive, le ministre Alain Bédouma Yoda a indiqué
que le paludisme est un problème majeur de santé publique. Il constitue
la principale cause des consultations, et des hospitalisation et
des décès dans les formations sanitaires du pays. En 1999, les statistiques
des services de santé font ressortir que 43% des motifs de consultation
sont dus au paludisme. 63,5% des hospitalisations pour cause du
paludisme sont des enfants de moins de 5 ans et 29,3% des décès
parmi les enfants ont été causés par cette maladie. Une situation
préoccupante qui a amené le gouvernement à s'engager fortement dans
la lutte contre ce fléau. Cet engagement s'est manifesté par la
mise en place en 1995, d'un Programme national de lutte contre le
paludisme (PNLP). Ce programme est chargé de concevoir et de mettre
en œuvre la politique du ministère de la Santé en matière de lutte
antipaludique.
Mettre l'accent sur l'amélioration des compétences...
Des mesures ont été prises pour la prise en charge des cas dans
les formations sanitaires et la prévention de la maladie chez la
femme enceinte. Au titre des mesures préventives, il y a la promotion
de l'utilisation des moustiquaires et des rideaux imprégnés.
Mais le ministre souligne qu'il faut mettre l'accent sur l'amélioration
des compétences des prestataires et des capacités de diagnostic
des laboratoires des districts, centres hospitaliers nationaux et
régionaux et l'accès des communautés aux médicaments. Ainsi en 2001
et 2002, tous les districts sanitaires, centres hospitaliers nationaux
et régionaux, l'Office de santé des travailleurs, les cabinets privés
ont bénéficié d'une formation des formateurs à la prise en charge
du paludisme. Des médicaments d'urgence et du matériel de laboratoire
vont être mis à la disposition des centres de référence grâce à
l'appui des partenaires cette année (2003).
Dans le cadre de l'initiative "Faire reculer le paludisme, l'objectif
est de faire bénéficier à 60% des personnes à risque, d'une protection
par les matériaux imprégnés d'ici à 2005. Ces personnes à risque
sont essentiellement les femmes enceintes et les enfants de moins
de 5 ans".
Des actions menées dans le cadre de cette initiative, il faut retenir
l'élaboration d'un plan stratégique 2002 - 2005 dont le montant
est estimé à 7 milliards de francs CFA. Environ 800 millions de
francs CFA ont été mobilisés par l'OMS auprès de la coopération
italienne, de même, Le Fonds mondial pour la lutte contre le Sida,
la tuberculose, le paludisme appuie le Burkina avec 4 milliards
de nos francs.
Distribution gratuite de moustiquaires imprégnées
La prise en charge des cas, la mise au point d'un vaccin, les méthodes
de lutte préventive... ont été entre autres, les préoccupations
des journalistes.
Le ministre Alain Yoda reconnaît que la prise en charge des cas
n'est pas toujours faite comme on l'aurait souhaité dans des centres
de référence. Cela est dû au manque de formation du personnel soignant,
selon lui. Des moustiquaires imprégnées vont être distribuées gratuitement
dans trois districts sanitaires. Cette action ne pourrait-elle pas
être étendue à tout le monde ? Ce sera l'idéal,selon le ministre,
mais cela nécessite des moyens que le pays n'a pas. Le Burkina enregistre
environ 500 mille cas de paludisme par an dont 50 mille de cas sévères.
C'est pourquoi le coût des moustiquaires imprégnées sera étudié
en fonction des maigres moyens des populations.
Un vaccin d'ici à cinq ans...
Le paludisme résiste aujourd'hui aux traitements. Selon le ministre,
au Burkina, cette résistance n'a pas été démontrée. Ce que les gens
appellent résistance réside dans le fait que nombre de personnes
ne respectent pas les traitements prescrits (non respect de la posologie
et du nombre de jours de traitement...). Il y a aussi que les gens,
lorsqu'ils sentent une petite fièvre, courent tout de suite à la
pharmacie pour acheter des médicaments antipaludiques. Cette automédication
peut être la cause d'une résistance.
Le paludisme existe depuis l'ère pharaonique et jusqu'à présent,
aucun vaccin n'a été mis eu point pour le prévenir. Au Burkina,
les chercheurs travaillent depuis plusieurs années à trouver un
vaccin. "Nous travaillons à la mise au point d'un vaccin-ciblé.
Les espoirs sont réels. Il faut attendre d'ici à cinq ans avant
qu'on ne puisse être situé.", précise le docteur Thierry Ouédraogo,
coordonnateur du Centre national de la recherche et de la formation
sur le paludisme, qui a assité au point de presse en compagnie du
ministre.
Etienne NASSA
Lire l'article original : http://www.sidwaya.bf/sitesidwaya/sidawaya_quotidiens/sid2003_28_04/sidwaya.htm
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