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L'actualité de la santé en Afrique

PALUDISME : Première cause de mortalité et de morbidité au Sénégal - Le Sud - Sénégal - 25/04/2003

Dossier réalisé par Véronique JAMPY et Mariama BADJI

Chaque année, au moins 300 millions de cas aigus de paludisme sont enregistrés dans le monde dont plus d’un million de décès. Lorsque le paludisme fut éliminé des zones tempérées, il y avait tout lieu d’espérer que par la pulvérisation de produits chimiques, on parviendrait à endiguer la maladie dans les pays tropicaux et en Afrique. Mais la résistance croissante aux insecticides et les conséquences de cette méthode sur l’environnement ont progressivement ruiné les espoirs de vaincre rapidement le paludisme. La maladie est donc toujours présente et fait des ravages particulièrement en Afrique.

Le paludisme est la première cause de décès au Sénégal, et est à l’origine du taux de mortalité et de morbidité le plus élevé. Depuis 1995, le ministère de la Santé a mis en place un Programme national de lutte contre le paludisme. Il s’agit d’une stratégie qui aborde la question sous tous ses angles pour lutter contre la maladie.

"Ce sont les femmes enceintes et les enfants qui sont le plus touchés par le paludisme", explique le Dr Diack.
Lorsque l’on sait que 20 % des cas de paludisme se présentent sous des formes graves, pouvant entraîner la mort, il y a de quoi s’inquiéter. Surtout que beaucoup de cas sont traités à domicile, et ne sont pas enregistrés. Pourtant "le paludisme représente quand même 35 % des consultations médicales", selon le coordonnateur du programme national de lutte contre le paludisme.

"Notre programme tente de trouver des solutions pour réduire ces chiffres alarmants et faire en sorte que la maladie n’évolue plus", explique le Dr Diack. Plusieurs moyens permettent de freiner la propagation de la maladie. "Il faut dans un premier temps que les gens malades suivent un traitement approprié". Le programme de lutte contre le paludisme prend en compte cet aspect.

À l’heure actuelle, le médicament utilisé est la chloroquine. "C’est un médicament efficace, mais, dans certaines zones, le paludisme y est devenu résistant. Nous sommes en train de régler ce problème de la non-efficacité des médicaments", souligne le même spécialiste de la maladie. L’utilisation de la moustiquaire, notamment de la moustiquaire imprégnée, permet aussi de lutter contre le paludisme à titre préventif. "D’autres mesures d’hygiène peuvent éviter une trop forte propagation de la maladie", ajoute-t-il. Il est en effet recommandé d’éliminer au maximum les eaux stagnantes, qui sont de véritables nids à moustiques. Le programme préconise aussi la méthode de chimio–prévention pour les femmes enceintes, une méthode qui consiste à prendre des médicaments contre le paludisme avant même d’être malade.

"Une prise en charge précoce des cas de paludisme permettrait de faire diminuer sensiblement le taux de mortalité lié au paludisme", indique Dr Diack.

Parallèlement, le Programme national de lutte contre le paludisme développe un volet Recherche qui consiste surtout à contrôler l’efficacité des médicaments. L’approvisionnement des médicaments est aussi du ressort du programme mis en oeuvre. " Mais nous cherchons à développer l’implication des communautés pour une lutte plus homogène sur tout le territoire ", souligne le coordonnateur du programme. Pourtant le paludisme ne touche pas toutes les régions du Sénégal de la même manière. Cette maladie qui sévit particulièrement pendant l’hivernage, atteint plus particulièrement le nord du pays.

C’est parce que "le système d’irrigation de la partie Nord favorise la stagnation de l’eau et la présence de moustiques. On remarque que c’est la zone le plus touchée par la maladie", selon lui. La région connaît souvent des pics de la maladie pendant l’hivernage, et vers les mois de février et mars.
Environ une quinzaine de personnes travaillent à la mise en place de ce programme, en collaboration avec de nombreux partenaires tels que l’Oms, l’Usaid, l’Unicef. D’autres partenaires comme la Sonatel soutiennent le programme financièrement.

"On peut dire qu’au Sénégal la lutte contre le paludisme est financée au tiers par ces partenaires, au tiers par l’Etat, et le dernier tiers est à la charge des communautés de santé tels que les districts qui sont directement impliqués dans la lutte contre le paludisme depuis la mise en œuvre du programme national de lutte contre le paludisme " explique, a-t-il conclu.

Paludisme, " ce mal des marais "…

"Le paludisme est une maladie parasitaire potentiellement mortelle transmise par des moustiques". C’est ainsi que les Nations Unies définissent la maladie. On pensait à l’origine qu’elle provenait des zones marécageuses, d’où le nom de paludisme dérivé du mot ancien palud, marais.
En 1880, les spécialistes ont découvert la véritable cause du paludisme qu’est le parasite unicellulaire appelé plasmodium. Plus tard, on a su que ce parasite était transmis d’une personne à une autre par la piqûre de la femelle du moustique, l’anophèle, qui a besoin de sang pour nourrir ses œufs.
"Actuellement, environ 40 % de la population mondiale sont exposés au paludisme", peut-on lire dans une plaquette des Nations Unies. La maladie était jadis plus étendue mais elle a été éliminée dans de nombreux pays tempérés au milieu du XXème siècle. Le paludisme touche donc aujourd’hui surtout les zones tropicales et subtropicales.
Le parasite du paludisme pénètre dans l’organisme humain lorsque l’anophèle contaminée prend sa ration de sang. Le parasite subit alors une série de transformations au cours de son cycle de vie complexe. "Grâce à ces changements, les plasmodes échappent au système immunitaire, contaminent le foie et les globules rouges, et prennent finalement une forme capable d’infecter à nouveau un moustique lorsqu’un pique une personne contaminée", expliquent les spécialistes des Nations unies.

Les symptômes du paludisme apparaissent de 9 à 14 jours environ après la piqûre du moustique infecté. En général, le paludisme s’accompagne de fièvre, céphalées, vomissements et autres symptômes de type grippal. "En l’absence de médicaments disponibles, l’infection peut évoluer rapidement et devenir potentiellement mortelle", lit-on dans la plaquette des Nations unies. Le paludisme peut en effet tuer en contaminant et détruisant les globules rouges (anémie) et en obstruant les capillaires qui véhiculent le sang jusqu’au cerveau (paludisme cérébral) et d’autres organes vitaux. Les parasites du paludisme sont devenus résistants aux médicaments les uns après les autres et à de nombreux insecticides.

COÛT DU PALUDISME
12 milliards de pertes pour l’Afrique

Le paludisme affecte non seulement la santé mais aussi la richesse des pays et des personnes en Afrique. En effet, la croissance économique annuelle dans les pays de forte transmission palustre a toujours été inférieure à celle des pays sans paludisme.
Les économistes attribuent au paludisme un déficit de croissance annuel pouvant atteindre 1,3 % dans certains pays d’Afrique Sudsaharienne. Au fil des années, l’écart se creuse entre le Produit intérieur brut (Pib) des pays, selon qu’ils sont touchés ou non par le paludisme. Lorsque c’est le cas, c’est la croissance économique de toute la région qui est pénalisée.
Le paludisme a donc un important coût direct et indirect mesurable. Son coût direct recouvre les dépenses individuelles et publiques. Les premières incluent les moustiquaires imprégnées, les honoraires médicaux, les anti-paludiques, les transports jusqu’aux services de santé, et le soutien apporté au malade par un membre de la famille qui l’accompagne parfois pendant son hospitalisation.
Les dépenses publiques concernent l’entretien des infrastructures sanitaires, la lutte anti-vectorielle, l’éducation et la recherche relevant du secteur public. Par ailleurs, dans certains pays fortement affectés, les dépenses peuvent représenter jusqu’à 40 % en santé publique, 30 à 50 % des admissions hospitalières et jusqu’à 50 % des consultations externes.
Le paludisme fait perdre chaque année 12 milliards de dollars de Produit intérieur brut (Pib) à l’Afrique, alors qu’une petite partie de cette somme suffirait à le maîtriser.
L’effet du paludisme sur les ressources en Afrique ne se limite pas à une simple perte de revenus. Un coût indirect découle de la perte de productivité et de valeur du travail non rémunéré accompli à domicile par les hommes et les femmes. Ce coût indirect qui est une véritable entrave au développement social est difficile à chiffrer en dollars et il est impossible de l’évaluer en termes de souffrances humaines.
"Il serait temps que les entreprises locales et internationales qui opèrent dans les zones impaludées constatent qu’en soutenant la lutte antipaludique, elles réduisent les niveaux d’absentéisme et la baisse de productivité. La hausse de la productivité encouragera l’expansion du marché, stimulera les dépenses des ménages et modifiera les schémas de consommation", peut-on lire dans un document des Nations Unies.

LE DEFI D’ICI 2010
Réduire de moitié la mortalité liée au paludisme

Le ministre de la Santé nigérian a, un jour, déclaré que "le paludisme avait pris ses quartiers". L’Organisation mondiale pour la Santé (Oms) et l’Unicef ont décidé d’agir pour inverser le cours des choses. Les deux organismes ont lancé en 1998 l’initiative " Faire reculer le paludisme ", qui a rallié un ensemble de compétences, d’infrastructures et de moyens financiers. "Ensemble les partenaires de l’initiative ont élaboré les stratégies de base et commencé à s’assurer un appui financier et politique", expliquent les initiateurs. Les dirigeants de 44 pays Africains réunis à Abuja (Nigeria) en avril 2000 avaient décidé de réduire de moitié la mortalité liée au paludisme d’ici 2010. L’Oms a fait sien cet objectif. Entre autres objectifs, il avait été, décidé :

"De protéger de façon optimale par des moustiquaires imprégnées d’insecticide au moins 60 % des personnes à risque (femmes enceintes et enfants).
Qu’au moins 60 % des paludéens puissent recevoir un traitement efficace et financièrement abordable dans un délai de 24 heures.
De faire bénéficier au moins 60 % des femmes enceintes de traitement préventif.
Et enfin de détecter au moins 60 % des épidémies palustres dans les deux semaines qui suivent leur survenue".

Les signataires de la Déclaration étaient conscients qu’ "il n’y a pas de solution miracle au problème du paludisme et qu’il faut mettre en place tout un arsenal d’armes pour arriver à ces objectifs ".
Le sommet d’Abuja a contribué à faire de la lutte anti–paludique une priorité nationale et internationale. Au total, les fonds consacrés à la prévention et à la lutte sont passés de 60 millions de dollars en 1998 à quelque 200 millions de dollars en 2002.

D’après le rapport, des obstacles subsistent. La proportion d’enfants de moins de cinq ans protégés par une moustiquaire de type quelconque reste faible (15 %) dans les 28 pays pour lesquels il existe des données, malgré les progrès réalisés. Pour les moustiquaires imprégnées, le pourcentage est inférieur à 5.
Le rapport sur le paludisme en Afrique, souligne enfin que "des investissements bien plus importants sont nécessaires pour aider ceux qui luttent contre le paludisme sur le terrain".

POLYTHERAPIE
La preuve, par l’efficacité ?

Le nombre de décès d’enfants dus au paludisme ne cesse d’augmenter, en Afrique. La situation est imputable à l’absence de médicaments ou à la mauvaise qualité de ceux qui existent.
"Des études révèlent en effet qu’en raison des taux élevés de pharmacorésistance, près de la moitié des sommes investies dans les antipaludiques servent à financer des traitements inadaptés", déclarent les Nations unies. Pourtant l’accès à un traitement antipaludique efficace à proximité du domicile permettrait de réduire sensiblement la mortalité infantile et la fréquence de la maladie sous une forme grave. D’où la nécessité de traitement de qualité.
"Les antipaludiques en monothérapie (traitement fondé sur un seul médicament) perdent rapidement leur efficacité. A certains endroits, le paludisme est résistant à toutes les thérapies de première intention qui sont financièrement accessibles" peut-on lire dans un document d’information des Nations Unies. Par conséquent, il importe de suivre l’ampleur et la propagation de la pharmacorésistance (résistance aux médicaments) pour parvenir à la juguler. Ceci se fera par une localisation des zones de pharmacorésistance et, le cas échéant, des recommandations et fourniture de médicaments de substitution.
L’expérience pratique a montré que les associations de médicaments contenant des dérivés de l’artémisinine sont de la plus grande efficacité thérapeutique.

Cependant, ces nouveaux traitements préconisés ne sont pas à la portée des pays d’Afrique, où plus de trois quarts des cas de paludisme sont d’abord soignés à domicile avec des antipaludiques achetés dans la petite boutique locale ou à des marchands itinérants. Il est donc urgent de solliciter un soutien international pour financer et fixer les prix des polythérapies à base d’artémisinine. Parallèlement, il faudrait déployer de nouveaux efforts pour mettre au point de nouveaux antipaludiques à un prix abordable.

Dossier réalisé par Véronique JAMPY et Mariama BADJI

Lire l'article original : http://www.sudonline.sn/archives/25042003.htm


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