L'actualité

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L'actualité de la santé en Afrique

La mission du médecin : rétablir la santé ou retarder la mort, mais à quel prix ? - Fraternité matin - Côte d'Ivoire - 10/04/2004

Le principal objectif d'un système sanitaire est l'amélioration de la santé de la population. Les prestations de services de santé en sont la principale fonction. Le système de soins constitue dans notre pays, comme dans la majorité des pays en développement, l'essentiel de ces prestations.

Le dysfonctionnement dans l'organisation

Malheureusement, en Côte d'Ivoire, notre système de santé n'offre que rarement des soins efficaces et accessibles aux populations qui en auraient besoin. Les obstacles à la mise en place d'un système de santé efficace sont facilement identifiables : insuffisance des infrastructures sanitaires et des équipements médicaux, pénurie des médicaments, insuffisance des ressources humaines, et un dysfonctionnement dans l'organisation du système de soins.
Les infrastructures de santé sont en nombre réduit et mal réparties sur le territoire national avec une concentration dans les zones urbaines. Vétustes et détériorées, certaines d'entre elles ne permettent pas la pratique médicale dans des conditions d'hygiène acceptables. Les équipements médicaux, acquis grâce à des investissements lourds, sont souvent obsolètes en raison de son non-renouvellement, et au manque de maintenance.
La pénurie des médicaments est le fait de l'actuelle politique du médicament, de la modicité des ressources financières de notre pays mais aussi des difficultés de recouvrement.

De bas salaires et des conditions de travail difficiles

Le personnel médical est démotivé par les bas salaires et les difficiles conditions de travail dans les établissements publics. Le faible revenu explique l'absentéisme récurrent des médecins dans les hôpitaux publics et leur omniprésence dans les structures privées à la recherche d'un "complément" de rémunération pour leur permettre de vivre décemment. Le déferlement des médecins fonctionnaires dans le secteur privé a pour conséquence :

  • l'inflation du coût des soins médicaux pour le malade ; le malade qui consulte dans un établissement public réalise les 2/3 de ses examens complémentaires dans les cabinets, laboratoires ou cliniques privés. Ce qui expose le malade à un renoncement aux soins pour raisons financières.
  • La perte de ressources financières pour l'hôpital public qui n'en a que très peu ; il n'a donc pas les moyens pour assurer l'entretien des appareils et le renouvellement des produits pharmaceutiques et autres consommables.
  • Et une installation anarchique des établissements de soins dans le secteur privé, en dehors de toute planification et au mépris des normes de sécurité et de qualité de soins.

La Médecine se fait dans l'illégalité

Ainsi, plusieurs situations d'exercice illégal de la médecine sont constatées :

  • Exercice de la médecine par une personne non qualifiée,
  • Praticien qualifié non autorisé à exercer la médecine (non inscrit à l'Ordre National des Médecins),
  • Praticien qualifié et autorisé, exerçant dans un établissement non autorisé,
  • Praticien qualifié et autorisé, effectuant, dans un établissement autorisé, un acte ne relevant pas du niveau de cet établissement. C'est le cas de la réalisation d'une intervention chirurgicale dans un cabinet ou centre médical ; ces établissements ne sont pas autorisés à faire des hospitalisations.

Par ailleurs, l'installation anarchique sans respect des normes de sécurité est de nature à discréditer la profession et à favoriser sa paupérisation.

Par devoir envers les malades, les médecins ivoiriens poursuivent leurs activités dans les difficiles conditions qu'offrent les hôpitaux. Et cela malgré la sanction qu'ils encourent en violant les dispositions du code de déontologie médicale, en son article 4 : "En aucun cas le médecin ne doit exercer sa profession dans des conditions qui puissent compromettre la qualité des soins et des actes médicaux", et en article 15 : "Le médecin doit exercer sa profession dans des conditions lui permettant l'usage régulier d'une installation et des moyens techniques nécessaires à son art". Le strict respect de ces dispositions par les médecins entraînerait la fermeture régulière des hôpitaux. Cette situation serait plus préjudiciable à la population qui pourtant, se plaint de plus en plus de l'absence des médecins dans les hôpitaux publics, de leur manque d'humanisme et de dévouement.

Les médecins ne sont que des hommes

Ces plaintes sont d'autant plus graves qu'elles portent sur les principes fondateurs de la médecine d'HIPPOCRATE à laquelle appartient la nôtre. Bien heureusement, elles concernent une minorité de marginaux. Les médecins dans leur grande majorité sont respectueux des principes de moralité, de probité et de dévouement envers les malades. Ils ne sont que des hommes, mais des hommes de vocation appartenant à une profession ayant une éthique millénaire. La profession médicale n'a que faire des marginaux et ne peut les tolérer en son sein. Mais comment séparer le bon grain de l'ivraie ?

Il appartient à la corporation d'identifier ces marginaux et de les sanctionner. Il appartient exclusivement et entièrement à l'Ordre National des Médecins de Côte d'Ivoire d'y remédier. En effet, la loi n° 60-284 du 10 septembre 1960 qui crée l'ordre national des médecins de Côte d'Ivoire lui assigne en son article 2, la mission de " veille(r) au maintien des principes de moralité, de probité et de dévouement indispensables à l'exercice de la médecine, et à l'observation, par tous ses membres, des règles édictées par le code de déontologie".

L'incapacité et l'inefficacité de l'ordre des médecins

La situation actuelle de notre système de soins est en partie le fait de l'incapacité et/ou l'inefficacité du Conseil National de l'Ordre des Médecins de Côte d'Ivoire à faire respecter les règles qui régissent l'exercice de la médecine dans notre pays.

La réforme du code de déontologie médicale et des textes régissant le fonctionnement du Conseil National de l'Ordre des Médecins de Côte d'Ivoire est d'une nécessité et d'une urgence évidente. Le médecin reçoit de la société la mission de soigner : rétablir la santé ou retarder la mort. Ce n'est pas une activité libre comme le commerce, mais une charge confiée à des professionnels, officiellement diplômés pour cela. La société ivoirienne a confié à la corporation médicale, à travers la loi 60-284 du 10 septembre 1960, le soin d'édicter des règles et des devoirs indispensables à la pratique de la médecine, la charge de les adapter, de les faire respecter et de sanctionner tout manquement par ses membres. Si depuis 1960, les fondements de l'acte de soins n'ont pas varié, la démographie médicale, les conditions et les moyens d'exercice de la médecine ont considérablement été modifiés. La procréation médicalement assistée en est l'illustration. Il est également nécessaire d'adapter les règles en se référant aux lois de l'humanité. A titre d'exemple, le nouveau code de déontologie devra statuer sur le fondement éthique du sang dit "sécurisé" et du sang "ordinaire".

La réforme obligatoire du système de soins

L'urgence de la réforme du code de déontologie médicale est liée à la mise en place du financement socialisé et collectif des soins de santé de chaque résident que constitue l'assurance maladie universelle (AMU). Il faudra obligatoirement réformer le système de soins afin d'assurer l'accès de tous à des soins de qualité au meilleur coût. Et cela dans le cadre d'un budget donné. La maîtrise des dépenses de santé va nécessiter des dispositions médicales nouvelles telles que : la diffusion des bonnes pratiques médicales, la signature d'accords de bon usage des soins, la signature des conventions avec les prestataires de soins et le contrôle des pratiques et des prescriptions. Il est indispensable que le Conseil National de l'Ordre des médecins veille à la conformité de ces dispositions avec l'éthique et la déontologie médicale. En d'autres termes, il faut que la réforme du système de soins se fasse dans l'intérêt du malade tout en respectant ceux de la collectivité, et dans les limites des contraintes financières. Faire coïncider ces différents intérêts divergents, nécessite une bonne articulation entre les médecins et les personnes amenées à recourir à leurs services, et un bon fonctionnement de l'ensemble de la profession. Malheureusement, notre système de soins est si décrié que rien de satisfaisant ne pourra être obtenu si l'on oubliait les bases éthiques et déontologiques de l'exercice de la médecine.

La redynamisation de l'ordre, un préalable à l'AMU

Les médecins ivoiriens conscients de la gravité de la situation de la médecine en Côte d'Ivoire, ont introduit, depuis 1997, auprès du ministère de la santé, par l'entremise des syndicats de médecins des secteurs privé et public, un projet d'un nouveau code de déontologie médicale ainsi qu'un projet portant organisation et fonctionnement du conseil national de l'ordre des médecins. Les requêtes, déposées entre les mains des différents ministres de la santé qui se sont succédé à la tête de ce département, sont restées sans suite. En 2000, espérant une procédure d'urgence par ordonnance, une autre requête a été introduite. En 2002, un atelier réunissant les différentes organisations syndicales et le ministère de la santé représenté par son service juridique, a procédé à une ultime validation des nouveaux textes. Depuis lors, le corps médical attend, avec grande impatience, que les nouveaux textes réglementant l'exercice de la profession médicale soient adoptés par l'assemblée nationale, afin de lui permettre de réorganiser et redynamiser le Conseil National de l'Ordre des Médecins de Côte d'Ivoire. Pendant toute la durée des travaux du comité de pilotage de l'AMU, les médecins ont rappelé que la redynamisation du Conseil National de l'Ordre des Médecins est un préalable au démarrage des activités de l'AMU, car le bon fonctionnement du système soins contribuera à la pérennité du Fonds National d'Assurance Maladie Universelle (FNAMU). Hélas ! Nos différents appels sont restés vains.

Par N'go Innocent Kouadio

Lire l'article original : http://www.fratmat.co.ci/content/detail.php?cid=qE8l3z5M9R1


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