Matam dispose de son comité régional de lutte contre le sida. Installé
le 30 avril dernier, il va aider à la meilleure prise en charge
d'une épidémie dont la forte prévalence dans la région est beaucoup
liée à la forte émigration. Dans une zone où on trouve une forte
prévalence du Vih/sida, le docteur Ibra Ndoye coordonnateur du Conseil
national de lutte contre le sida fait le point.
Wal Fadjri : Au moment où vous
procédez à l'installation d'un comité régional de lutte contre le
sida à Matam, où en est l'évolution de la maladie dans la région
?
Dr Ibra Ndoye : Nous sommes dans
une région où la migration constitue un des facteurs de la propagation
du Vih. Et des études nous ont permis de constater une forte prévalence
du sida. On a même atteint les 10 % dans la cible que constitue
les familles d'immigrés. La situation devenait inquiétante, mais
avec le temps et avec surtout les interventions que nous avons effectuées
dans la région, on a enregistré une chute de cette prévalence jusqu'aux
environs de 7 %. Cela démontre une prise de conscience de la population
par rapport aux dangers que constitue le Vih. Surtout que le virus
a une période d'incubation qui peut aller de 8 à 11 ans, durant
laquelle les signes de maladie ne se manifestent pas de manière
visible. Maintenant, quant au taux de prévalence général au niveau
de la région, il sera connu bientôt. Nous avons fait une étude plus
rapprochée dans le cadre de la surveillance sentinelle qu'on a étendu
à Matam. Ses résultats vont mieux traduire la réalité des faits.
Wal Fadjri : Est-ce que le traitement
aux anti-rétroviraux va être accessible au niveau de la région ?
Dr Ibra Ndoye : Le ministère de
la Santé a déjà en charge ce dossier, et il a déployé des moyens
importants à cet effet. C'est vrai que le traitement ne se faisait
qu'au niveau de Dakar. Mais depuis un an nous avons formé les personnels
des régions de Kaolack, Saint Louis, Thiès et Ziguinchor pour commencer
à décentraliser les réactifs, les laboratoires, les médicaments.
Dans les régions de Kaolack et de Saint Louis, les malades peuvent
être traités sur place avec les antirétroviraux. Bientôt nous allons
le faire à Ziguinchor. Ensuite la priorité va porter sur les régions
de Matam et de Tambacounda. Une équipe du ministère de la Santé
et des experts vont faire l'état des lieux à partir de la semaine
prochaine.
Wal Fadjri : Où en êtes-vous avec
le centre de dépistage volontaire et anonyme qui jusque-là n'a pas
été installé ?
Dr Ibra Ndoye : Le ministère de
la Santé et le Conseil national de lutte contre le sida ont déjà
mis en place les derniers réglages pour une bonne surveillance de
la propagation de la maladie à l'intérieur du pays. Pour les onze
régions, nous ne disposons que de cinq centres de dépistage qui
sont tous concentrés dans les régions de Dakar, Thiès et Kaolack,
mais nous essayerons le plus vite possible d'en installer un à Matam.
Nous avons même acquis le financement auprès du ministère de la
Santé et de nos partenaires au développement. Maintenant il s'agira
aux autorités administratives et sanitaires de la région de Matam
d'indiquer le lieu d'implantation de ce centre que nous allons aussi
doter en équipements sanitaires et en personnels. Je puis vous assurer
que ce projet verra le jour sous peu.
Par : Propos recueillis par Amadou Issa Kane
Lire l'article original : http://www.walf.sn/societe/suite.php?rub=4&id_art=1453
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