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Le soleil - 9 juin 2001
Lutte contre la mortalité maternelle à Saint-Louis

Le taux de mortalité maternelle est très élevé dans la région de Saint-Louis.
Il est estimé en moyenne à 500 décès pour 100.000 naissances vivantes contre 510 pour 100.000 naissances au plan national.
La mortalité maternelle fait partie des fléaux qui gangrènent la société.
Elle est considérée par les autorités administratives comme une équation à plusieurs inconnues. Une équation qu’il faut toutefois résoudre. Prévenir, informer, agir…

Le taux de la mortalité maternelle observé à la maternité de l’hôpital de Saint-Louis a connu une baisse.
Cependant, le Dr Fatim Tall, gynécologue, estime que les autorités sanitaires doivent encore réfléchir sur les voies et moyens à mettre en œuvre pour assister davantage les femmes en état de grossesse, former et recycler les agents de santé, mener de vastes campagnes de sensibilisation.
Pour elle, il faudra aussi renforcer les moyens dont dispose la maternité de l'hôpital régional.

Le service dispose actuellement d'une salle d'accouchement avec 5 boxes, d’un bloc opératoire non fonctionnel, de salles d'hospitalisation (43 lits sur 52) et d'autres structures d'appui que sont le bloc opératoire central, la réanimation générale (12 lits), la pédiatrie (40 lits sans unité néo-natologie), le laboratoire, la banque de sang (situé hors de l’hôpital).
Deux gynécologues français et sénégalais, un interne des hôpitaux, 6 sages-femmes, 5 infirmières, 2 aides infirmières, deux filles de salle, mènent des activités qui tournent autour des consultations, de l'échographie, de la chirurgie, de la planification familiale.

Présentant le district sanitaire de Saint-Louis, au cours des 4e journées régionales sur la mortalité maternelle organisée la semaine dernière, Mme Diouf Oumiak Kaïnite Niant a souligné que le district sanitaire (la commune de Saint-Louis et son hinterland immédiat) couvre une superficie de 879 kilomètres carrés, pour une population totale de 223.749 habitants.
En l'an 2.000, on a dénombré 51.463 grossesses à risque dont 10.893 grossesses attendues).
Le district compte 14 postes de santé (dont 10 en zones urbaines et 4 en campagne), 3 centres de protection maternelle appelés PMI, 3 maternités rurales, 42 cases de santé, un hôpital régional, une antenne de l’association sénégalaise pour le Bien-Être familial (ASBEF) et une autre de la Croix-Rouge, 14 cliniques paramédicales, 6 cabinets médicaux, une sous-brigade d'hygiène, 3 CPRS et une banque de sang.

Pour la santé maternelle et infantile, le personnel est composé d'un médecin, de 11 sages-femmes, 14 infirmiers, 9 agents sanitaires, 52 matrones, une aide infirmière, 10 aides municipales.
En l’an 2000, les taux d'utilisation en CPN (consultation prénatale, 59 à 66 %), d'achèvement en CPN (56 à 61 %), sont satisfaisants.
Ils constituent des points forts. Cependant, le taux de couverture en CPN est bas (33 à 41 %) et les pourcentages de grossesses à risque dépistées et référées sont très faibles.

Mme Diouf a déploré le manque d'activités en IEC (information, éducation et communication).
Elle a aussi souligné l'importance du respect du calendrier des CPN et déploré la consultation tardive (lié à certains tabous) ainsi que la faible implication des hommes dans la gestion des CPN.
La pauvreté fait partie aussi des facteurs bloquants.
Le taux de couverture contraceptive (6 % dans la zone rurale du district et environ 15 % en zone urbaine) est en progression.

Il serait nécessaire, selon Mme Diouf, de doter la zone rurale en infrastructures adaptées, de renforcer les stratégies d'IEC en collaboration avec la communauté. Cela, dans le but de respecter le calendrier des CPN et d’assurer la promotion de mesures d’hygiènes diététiques chez la femme enceinte.
Il serait également nécessaire que celle-ci soit suivie par un seul centre de planning familial. Tout comme il est important d'aménager un temps de counselling sur le PF dans les structures sanitaires et d'apprendre à la communauté les techniques simples de dépistage des facteurs de risque.

Le coordonnateur régional du programme d'appui au secteur de la santé, le Dr Mahamdou Traoré, estime que le système d'information à des fins de gestion (SIG) et la couverture des activités préventives présentent des insuffisances. Même s'il se réjouit de l'augmentation de la couverture en césarienne, le Dr Traoré soutient qu'il faut une bonne politique d'IEC (information) pour la promotion de la santé, combler le déficit chronique en personnel qualifié et en équipement.

La région dispose de 3 hôpitaux, 5 centres de santé, 128 postes de santé, 71 cases de santé, 54 maternités rurales, des services régionaux, des structures privées.
Il faut renforcer ces acquis et mobiliser toutes les énergies pour réduire le taux de mortalité maternelle à un seuil socialement acceptable.

Mbagnick DIAGNE

Lire l'article original : www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=4422&index__edition=9306

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