Le
soleil - 19 juin 2001
Forum africain sur la pharmacie à
Dakar :
Plaidoirie pour les médicaments génériques
Le ministre de la Santé et de la Prévention, le Pr. Awa Marie Coll
Seck, a fait savoir, hier à l’ouverture du 4ème forum africain pharmaceutique,
que les préoccupations de tous les ministères chargés de la santé
en Afrique tournent autour de “l’accessibilité et la sécurité du
médicament, le VIH/SIDA et la disponibilité des produits antirétroviraux,
la lutte contre le paludisme, le marché illicite, l’éradication
de la poliomyélite, l’indépendance vaccinale et la pharmacovigilance”.
Pour le ministre de la Santé et de la Prévention, dans tous ces
domaines, il faut reconnaître que l’Afrique présente un tableau
sombre.
La question du médicament étant liée à la situation socio-économique
d’un pays donné, il est apparu que les maladies infectieuses et
parasitaires occupent une place prépondérante dans le processus
de paupérisation de l’Afrique.
“C’est ainsi que le VIH/SIDA, le paludisme et la tuberculose sont
les maladies les plus meurtrières".
Pour riposter contre ces fléaux quand ils ne sont pas prévenus,
la disponibilité des médicaments, leur accessibilité géographique
et financière au profit des populations démunies doivent constituer
le principal souci des intervenants dans ce domaine.
Dans ce dessein, il faut qu’en adéquation avec les recommandations
de l’OMS, “les médicaments essentiels génériques soient introduits
à la place des spécialités dans les structures de santé publique
et les officines de pharmacie”, souligne le ministre sénégalais
de la Santé et de la Prévention.
Plus que de permettre la mise en circulation des médicaments génériques,
il faut, de l’avis du Pr. Coll Seck, approvisionner les officines
privées en ces médicaments, de manière à étendre l’accessibilité
financière, surtout au sein des populations pauvres qui en ont le
plus besoin.
Abordant
la question de l’approvisionnement en médicaments, le ministre constate
que “les pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre importent près de
90 % de leur consommation, alors que les pays du Maghreb fabriquent
localement 80 à 90 % des besoins en médicaments”.
Ce constat doit, selon le ministre, pousser les pharmaciens à tout
faire pour renverser la tendance à la dépendance et promouvoir les
achats groupés à l’échelle sous-régionale ou régionale.
Pour ce qui est de la sécurité du médicament, l’Afrique est confrontée
à deux maux qui ont pour noms : la profusion des médicaments de
contrefaçon et leur vente illicite dans les marchés parallèles.
Ces faits sont rendus possibles par l’absence d’une législation
formelle, la faiblesse des sanctions pénales et la non-exigence
de visa du pays d’origine ou de certificat de l’OMS.
“La
contrefaçon est aussi vieille que le monde, mais elle peut être
fatale, l’exemple du faux sirop contre la toux qui a tué de nombreux
enfants en est une belle illustration.
Selon le bureau de l’OMS, cette contrefaçon aurait entraîné la mort
de près de 500 enfants entre 1990 et 1998 dans 4 pays : Inde, Haïti,
Bangladesh et Nigeria”, souligne le ministre de la Santé et de la
Prévention.
La sécurité du médicament passe par l’assurance-qualité au moyen
des laboratoires nationaux de contrôle.
Quant
à M. Mamadou Ndiabé, le président de l’ordre national des pharmaciens
du Sénégal, tout en réitérant l’invite du ministre à rendre le médicament
plus accessible aux populations, il a tenu à signifier que “les
pharmaciens ont renoncé aux marges bénéficiaires pour les médicaments
antirétroviraux concernant le VIH/SIDA, comme ils l’avaient fait
pour l’insuline, qui est utilisée pour le traitement du diabète”.
Enfin,
rompant avec une tradition de sobriété et de solennité, les travaux
ont débuté avec la prestation d’un Ismaïla Lô très en forme, qui
a eu à faire bouger une docte assistance par le biais de ses chansons
symboliques : “Africa” et “dibi-dibi rek”. ABDOULAYE SEYE
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