Implanté en plein cœur des départements de Pikine et de Guédiawaye
(région de Dakar), le Centre de conseil de dépistage volontaire
anonyme et d'accompagnement (CDVAA) a ouvert ses portes le 8 avril
2003. D'emblée, le docteur Ngagne Mbaye, directeur dudit centre,
tient à remarquer que toutes les composantes du CDVAA sont importantes,
qu'il s'agisse du conseil, du dépistage volontaire anonyme et de
l'accompagnement. Ainsi, les populations peuvent-elles solliciter,
pour des besoins différents, ce centre unique en son genre. Et cette
spécificité tient au fait que le CDVAA de Pikine-Guédiawaye n'est
pas implanté en milieu hospitalier, contrairement aux autres centres
de dépistage du même type qui ont pignon sur rue à l'intérieur des
structures sanitaires.
Pour le directeur du CDVAA, un tel choix se justifie par plusieurs
raisons. D'abord, "le centre de dépistage n'est pas un hôpital",
révèle-t-il avant de revenir sur un constat qui n'est pas des moindres.
En effet, le Dr Ngagne Mbaye a soutenu comme deuxième argument ayant
guidé l'implantation du CDVAA en milieu extra-médical le fait que
"les jeunes ne vont pas à l'hôpital". Donc, "avec cette stratégie
avancée pour les jeunes qui font partie des cibles que nous voulons
atteindre, il nous fallait explorer les milieux où ces derniers
sont susceptibles de se rendre", indique le directeur du CDVAA.
Puisque les jeunes bénéficiaient déjà d'un programme, cette initiative
prise dans le cadre du dépistage volontaire anonyme du VIH n'est
qu'une disposition permettant d'avoir une continuité dans la prévention
par l'IEC, dans l'accès au dépistage volontaire ainsi que dans la
prise en charge multidimensionnelle des familles. A cet effet, le
Dr Ngagne Mbaye souligne que le dépistage constitue l'un des volets
des services offerts aux populations, les jeunes, en l'occurrence.
A côté, existe l'offre de services en santé de la reproduction,
en ce sens qu'au CEDEPS de Guédiawaye où est logé le CDVAA, il y
a aussi un centre-conseils ados. 5 séropositifs sur 186 volontaires
Après juste trois mois de fonctionnement, la fréquentation du CDVAA
de Pikine-Guédiawaye dont le financement provient de Family Health
International (FHI) est jugée "satisfaisante". En effet, au cours
de cette période, ce sont 186 personnes qui ont sollicité le centre
pour un test de dépistage volontaire anonyme. Soit une moyenne de
62 volontaires par mois. Alors que l'objectif fixé au départ, selon
la conseillère au test de dépistage volontaire, était de parvenir
à 50 bénéficiaires. Mais, il faut noter que durant le mois de mars,
il y a eu un rush avec un effectif de 87 volontaires. "C'est un
bon chiffre !", s'exclame Ngagne Mbaye. Une raison suffisante pour
pousser le directeur du CDVAA et son staff à vouloir atteindre,
à partir de juin, le nombre de 125 volontaires par mois pour le
test sérologique. Le CDVAA de Pikine-Guédiawaye ne reçoit que les
jeunes à partir de 16 ans. Mais, "une jeune fille de 14 ans nous
a une fois rendu visite pour un test de dépistage. Et on l'a renvoyée,
lui exigeant la présence de ses parents. C'est quand sa mère est
venue que nous avons décidé de procéder au test". Parmi les 186
personnes, en majorité composées de jeunes de 16 à 30 ans, qui ont
déjà effectué le test de dépistage volontaire anonyme, on dénombre
5 séropositifs dont l'âge varie entre 20 et 40 ans. Il s'agit de
trois femmes et de deux hommes.
Selon la conseillère, il n'y a pas eu de difficulté à leur révéler
leur statut sérologique négatif. "Sauf pour une seule personne,
qui a menacé de se suicider. Mais, avec l'aide du psychologue, son
cas a été maîtrisé", souligne la conseillère qui s'est beaucoup
appesantie sur la bonne conduite du counselling pré-test et post-test.
Selon elle, lors de la première phase dite de préparation du volontaire
au test de dépistage, on lui explique l'objectif poursuivi par le
CDVAA dans la mise en œuvre d'un tel programme. Ensuite, un guide
d'entretien contenant diverses informations sur les facteurs de
risque liés au VIH-Sida, la connaissance de la maladie du Sida,
lui est soumis. Avec comme principal objectif de "déterminer l'implication
du test, son importance et, en outre, de préparer le volontaire
à recevoir le résultat du test, quel qu'il soit", indique la conseillère.
Confidentialité garantie
D'après les informations recueillies chez la conseillère, tous ceux
qui ont sollicité le centre pour un test de dépistage volontaire
sont passés à l'acte une fois le counselling pré-test effectué.
S'agissant des réactions des uns et des autres par rapport au résultat,
"dès fois, vous rendez un résultat négatif et la personne pleure
de joie", constate la conseillère".
Sentiment de soulagement, prières, rires, pleurs. Telles sont,
entre autres, les réactions notées par la conseillère en cas de
séronégativité. Cependant, elle soutient qu'il
est difficile d'annoncer à quelqu'un sa sérologie rétrovirale positive.
Mais, "on s'y prépare en conséquence, on ménage le volontaire. Quand
des dérapages risquent de survenir, on fait appel au psychologue".
Durant toute la procédure du test, l'anonymat est garanti. En lieu
et place des nom et prénom, on utilise des numéros qui permettent
d'identifier les volontaires au test de dépistage. Ces numéros figurent
aussi bien sur la fiche de prélèvement que sur la carte de rendez-vous.
"Et l'on demande aux gens de garder soigneusement ces cartes afin
que l'identification puisse se faire aussi facilement avec la simple
présentation du numéro lors de la phase post-test".
Toutefois, si le volontaire perd sa carte, il est procédé à un
autre prélèvement afin d'éviter les erreurs et le respect de l'anonymat,
de la confidentialité et de la fiabilité des résultats. Par ailleurs,
quand le test sérologique est positif, "on demande à la personne
concernée si elle veut lever l'anonymat", indique la conseillère.
Tous ceux qui ont eu un résultat positif ont, d'ailleurs, consenti
à lever l'anonymat. Pour la prise en charge des séropositifs, "ils
sont référés à l'unité de prise en charge basée au centre de santé
Roi Baudouin de Guédiawaye", précise Dr Ngagne Mbaye, directeur
du CDVAA.
M. GUEYE
Lire l'article original : http://www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=27543&index__edition=9900
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