A travers le monde, les statistiques de l'Organisation mondiale
de la santé (OMS) de 1983 estiment que 83% de la population mondiale
a recours aux plantes médicinales pour les soins. Plus particulièrement
en Afrique, l'usage des plantes médicinales demeure la source de
santé primaire pour environ 800 millions de personnes. C'est au
regard de cette donne que la Banque mondiale s'est engagée à promouvoir
le développement de la médecine traditionnelle en finançant des
études en la matière.
Aussi un atelier de restitution d'une enquête sur le thème " Collecte
approvisionnement et commercialisation des plantes médicinales au
Burkina Faso et dans les pays voisins ", s'est tenu du 23 au 25
juin à la Caisse générale de péréquation (CGP) de Ouagadougou sous
le patronage du ministre de la Santé, M. Alain Yoda. La salle de
conférences de la CGP était archicomble de tradipraticiens de diverses
compétences et d'horizons divers cette semaine, venus du Benin,
du Burkina, du Ghana, du Mali, du Niger et du Togo, L'atelier de
Ouagadougou a visé plus spécifiquement des intérêts stratégiques
pour une meilleure valorisation de la médecine et de la pharmacopée
traditionnelle à savoir :
- identifier les défis clés, les expériences, les perspectives
dans le cadre de la promotion et de la gestion des plantes médicinales
et de la médecine traditionnelle dans notre pays et en Afrique
de l'Ouest;
- identifier les rôles que doivent jouer les acteurs (vendeurs,
collecteurs, tradipraticiens) dans la conservation et la gestion
des plantes médicinales ;
- faire un examen du volet commercial des plantes médicinales
à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso et les implications socio-économiques
au Burkina en matière de santé et de conservation de la biodiversité;
- identifier les actions qui permettent de réduire les pertes
ou la disparition des plantes médicinales et leur habitat;
- élaborer un plan d'action pour informer les décideurs politiques
et la société civile à s'impliquer davantage pour une meilleure
gestion des plantes médicinales etc.
Voilà autant d'ambitions dont leur réalisation, à coup sûr donnera
à la médecine et à la pharmacopée traditionnelle leurs lettres de
noblesses.
Pour le président du PROMETRA-Burkina, M. Kamanga Théopile Ouédraogo,
il est temps de s'engager avec ardeur à la conservation du couvert
végétal car dit-il " De grosses quantités de matériel végétal commercialisées
proviennent encore de récoltes sauvages dans les forêts naturelles
alors que très peu d'espèces de plantes médicinales sont cultivées
". Pour cette inquiétude, le ministre de la Santé M. Alain Yoda
a rassuré en ces termes: " l'étude réalisée grâce à l'appui financier
de la Banque mondiale sur la commercialisation et la vente de plantes
médicinales cadre parfaitement avec l'un des objectifs de nos politiques
nationales en matière de médecine et de pharmacopée traditionnelles,
à savoir, réglementer et promouvoir la culture des plantes médicinales
".
Les résultats de l'étude sans doute feront prendre conscience aux
populations des enjeux liés à la destruction de la biodiversité.
En ce sens qu'elle a révélé non seulement l'importance économique
des plantes médicinales, mais surtout a tiré la sonnette d'alarme
sur les dangers d'une gestion anarchique de nos ressources naturelles.
Ce qu'a révélé l'enquête
Les éléments majeurs mis en évidence par l'enquête réalisée à Ouagadougou
et à Bobo-Dioulaso sont entre autres :
- la médecine traditionnelle est un bien de consommation essentiel,
sans aucune alternative pour une bonne partie de la population
pauvre du Burkina;
- les sources d'approvisionnement sont de plus en plus menacées
de disparition;
- le développement de la culture des plantes médicinales réduira
la pression actuelle forte qui s'exerce sur les ressources naturelles;
- il existe une demande internationale en plantes médicinales
qui s'accroît et contribue à aggraver la pression sur la ressource
dans les pays du Sud.
Et comme données chiffrées, l'enquête a livré les estimations suivantes
:
- pour la seule ville de Ouagadougou,891 000 tonnes de plantes
médicinales sont vendues chaque année et à Bobo le constat est
de 305 000 tonnes de plantes médicinales vendues annuellement.
- la consommation moyenne par an et par personne s'élève à 480
g, soit en valeur environ 2 200 CFA,
- en valeur la consommation annuelle en plantes médicinales de
Ouagadougou et Bobo-Diouasso, s'estime par an à 7,5 millions $
US soit 4,5 milliards de FCA.
Le représentant de la Banque mondiale au Burkina, M. Jean Mazurelle,
citant un responsable de l'OMS dira que " la santé ce n'est pas
tout, mais tout sans la santé n'est rien ". C'est dans cette vision
que la Banque mondiale finance les recherches en matière de santé
comme une priorité dans la lutte contre la pauvreté.
Théodore ZOUNGRANA
Lire l'article original : http://www.fasonet.bf/hebdo/actualite2/hebdo222/societebanquemondiale222.htm
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