Face au taux élevé d'échec thérapeutique, les autorités médicales,
en collaboration avec les partenaires institutionnels techniques
et scientifiques envisagent d'introduire de nouvelles molécules
thérapeutiques plus efficaces pour le traitement antipaludique.
Ce qui suppose un consensus national des acteurs qui se réunissent
depuis hier pour un atelier de deux jours. Des responsables du ministère
de la Santé, de l'Hygiène et de la Prévention, des chercheurs, des
scientifiques des partenaires au développement, des associations
et ONG et autres experts se réunissent depuis hier à l'hôtel Méridien-Président
pour les besoins d'un atelier dit de consensus national sur la politique
de traitement antipaludique.
Il s'agit, au cours de cette rencontre dont les travaux ont été
ouverts par le ministre de la Santé, de l'Hygiène et de la Prévention,
le Pr. Awa Marie Coll Seck, en présence du représentant résident
de l'OMS à Dakar, le Dr Yankalbé, de passer en revue la situation
de la lutte contre le paludisme au Sénégal, d'informer les participants
sur les données des études d'efficacité thérapeutique et de résistance
des antipaludiques utilisés et faire le point sur la politique des
médicaments antipaludiques. Au Sénégal, le paludisme sévit de manière
endémique avec une recrudescence saisonnière. Il représente 35 %
des motifs de consultations et constitue la première cause de morbidité
et de mortalité avec 8.000 décès par an, selon le coordonnateur
national du Programme national de lutte contre le paludisme, le
Dr Pape Amadou Diack. Les femmes enceintes et les enfants payent
le plus lourd tribut. L'initiative africaine pour la lutte contre
le paludisme, introduite en 1997 par l'OMS, et la stratégie mondiale
"Faire reculer le paludisme", lancés en 1998 par le Directeur général
de cette organisation onusienne, ont pour objectif de réduire la
morbidité et la mortalité attribuées à cette pandémie en vue de
soulager les populations.
Dans le cadre de l'application des recommandations de la conférence
d'Abuja, a poursuivi Dr Diack, les structures de recherche, en collaboration
avec les équipes régionales et de districts ont mené des études
qui ont permis de constater des taux d'échec thérapeutique assez
élevé avec l'usage de la chloroquine préconisé pour le traitement
des formes simples et pour la prévention du paludisme pendant la
grossesse.
Résistance à la chloroquine préoccupante
L'augmentation de cette résistance à la chloroquine est apparue
en 1984 et son évolution est aujourd'hui préoccupante. En effet,
a souligné le Dr Pape Amadou Diack, de nombreux prestataires sont
convaincus que la plupart des patients qui reçoivent la chloroquine
ne l'utilisent pas correctement. Ils signalent, par ailleurs, la
nécessité de prescrire d'autres molécules devant la suspicion d'échec
cliniques avec l'infection placentaire et l'anémie maternelle, malgré
la prescription d'une chimioprévention à la chloroquine.
L'efficacité de l'amodiaquine, de la sulfadoxine-pyrimthamine
et des associations antipaludiques a été démontrée, de même que
le fait que le traitement préventif intermittent pourrait constituer
une approche pour la prévention du paludisme pendant la grossesse.
C'est cela qui justifie la tenue d'un atelier pour le consensus
national des acteurs. Plusieurs communications y ont été présentées.
Il s'agit de celles du Coordonnateur national du programme de lutte
contre le paludisme, le Dr Pape Amadou Diack, sur l'utilisation
des antipaludiques. Le Pr. Omar Gaye, chef de service de Parasitologie
médicale à l'UCAD a présenté les résultats des études d'efficacité
des antipaludiques utilisés au Sénégal. La politique des antipaludiques
a été le thème développé par le Dr Abdoulahat Mangane de la Direction
de la Pharmacie et du Médicament. Au cours de la discussion générale
suivant les communications, les intervenants se sont préoccupés
des voies et moyens à mettre en œuvre pour assurer la phase transitoire
entre l'utilisation de la chloroquine et l'introduction de nouvelles
molécules thérapeutiques pour le traitement du paludisme. Les travaux
prennent fin aujourd'hui.
SAËR GUEYE
Lire l'article original : http://www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=28428&index__edition=9918
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