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L'actualité de la santé en Afrique

Société de cardiologie du Burkina : Demain, la première rencontre - L'observateur Paalga - Burkina Faso - 25/06/2003

Les maladies cardiovasculaires, vous connaissez ? Pas grand chose peut-être. Pour vous, nous avons évoqué le sujet avec le Dr Jean-Paul Kaboré, cardiologue en service au centre hospitalier national Yalgado Ouédraogo (CHN-YO) et vice-président de la Société de cardiologie du Burkina (SOCAR-B), qui tiendra ses premières journées du 25 au 27 juin 2003 dans notre capitale. Le sujet étant très technique et le travail ayant été réalisé sur la base d'une retranscription, nous nous excusons par avance auprès de notre interlocuteur, ses collègues et nos lecteurs pour les éventuelles erreurs qu'ils viendraient à relever.

Dr Kaboré, qu'est-ce qu'une maladie cardiovasculaire ?

Par définition, c'est une maladie qui intéresse le cœur et les vaisseaux.

Existe-t-il plusieurs types de maladies cardiovasculaires ?

Nous avons d'innombrables maladies cardiovasculaires. Il y a des maladies qui touchent le muscle cardiaque, d'autres qui touchent les valves, les artères, les veines...

Quelles en sont les causes ?

Il faut faire la différence entre les maladies cardiovasculaires acquises et les maladies cardio-vasculaires congénitales. Par maladies congénitales on entend les malformations avec lesquelles un être humain naît au niveau du cœur, qui entraîne une communication entre les deux cavités cardiaques. Par exemple au niveau des oreillettes ou au niveau des ventricules. On peut aussi avoir des communications entre les artères pulmonaires et l'aorte. Il y a des enfants qui naissent avec un seul ventricule.

Parmi les maladies acquises, il faut préciser tout de suite qu'il y a des maladies liées à notre environnement. C'est par exemple le cas avec les angines que les enfants entre 7 et 15 ans ont fréquemment et qui peuvent avoir des répercussions au niveau des valves du cœur si elles sont liées à une infection streptocoque. Cela se traduit par une destruction des valves qui sont en fait les portes par lesquelles passe le sang, à travers les différentes cavités du cœur. Il y a aussi les crises cardiaques que nous appelons insuffisance coronarienne de façon générale et qui peut aller jusqu'à l'infarctus du myocarde, c'est-à-dire la mort d'une partie importante du muscle cardiaque liée à une interruption de son irrigation du fait de l'obstruction de l'artère nourricière de cette partie du ventricule.

L'hyper et l'hypotention font-elles aussi partie de ces anomalies ?

L'hypotension n'est pas une maladie. C'est l'hypertension qui peut être une maladie comme elle peut aussi être un signe. Chez quelqu'un qui a un rétrécissement au niveau de son aorte, ses chiffres tensionnaires au niveau de ses membres supérieurs sont élévés, mais ce n'est pas une hypertension-maladie. A partir du moment où on enlève cet obstacle, l'hypertension disparaît. C'est la même chose quand quelqu'un présente certaines infections rénales. Cela peut se traduire par une hypertension, laquelle n'est pas une maladie, mais la conséquence d'une maladie.

Notre mode de vie et nos habitudes alimentaires ne sont-ils pas pour quelque chose dans la survenance des maladies cardiovasculaires ?

Absolument ! Absolument parce que depuis un certain temps, nous avons beaucoup modifié notre mode de vie. Dans le temps, tout le monde était à vélo ou à pied. Aujourd'hui, c'est le plus pauvre qui est à mobylette, laquelle mobylette se démarre à distance avec le progrès, sinon on est en voiture, donc c'est la sédentarité la plus totale. Il y a la consommation de certains produits comme les sels aromatisés. Nous consommons un peu trop de sel actuellement, ce qui n'était pas le cas dans le temps. Le sel était rare et ce n'est pas tout le monde qui pouvait l'avoir.
On utilisait beaucoup plus notre potasse, notre "kolgo", notre "bikalga" et cela résolvait beaucoup de nos problèmes. Maintenant qu'on s'est lancé dans la surconsommation du sel, on se retrouve avec des problèmes de plus en plus aigus d'atteintes cardiovasculaires. Nous consommons aussi de plus en plus des matières grasses, mais quelles matières grasses ? Nous n'en contrôlons pas la provenance. Dans le passé, nous étions aussi limités dans la consommation des matières grasses. En dehors du beurre de karité, qu'est-ce qu'on pouvait consommer d'autre ? C'est l'huile d'arachide qu'on extrayait de façon artisanale. Du point de vue propreté, ce n'était pas l'idéal, mais ce n'était pas tellement un problème à partir du moment où on ne prenait pas ces huiles directement. On les préparait. Par la cuisson, on détruisait pas mal de microbes. Ce qui faisait qu'on n'avait pas trop de problèmes.
La surconsommation des matières grasses entraîne un vieillissement prématuré de nos veines et de nos artères, d'où des artérites, des coronarites...

Une idée reçue veut que ce soit ceux qui sont obèses qui soient les plus exposés aux maladies cardiovasculaires.

Il est vrai que l'obésité est un facteur de risque. L'obésité se traduit par une surcharge de graisse. Cette surcharge de graisse entraîne un encrassement des artères. D'où la naissance des maladies cardiovasculaires. Cette matière grasse est de la matière vivante et il faut bien que le cœur irrigue cette partie et cela lui demande un surplus de travail. D'où son usage prématuré.

Quels sont les symptômes d'une maladie cardiovasculaires ?

Tout dépend de la maladie. Par exemple quelqu'un qui a une insuffisance coronarienne se plaindra de douleurs au niveau du milieu de la poitrine, dues à un enserrement de la poitrine, qui surviennent pendant l'effort et qui s'arrêtent dès que l'effort cesse. Par exemple encore, quelqu'un qui a de l'hypertension peut avoir des vertiges, des maux de tête, des bourdonnements d'oreilles, des sensations de mouches volantes quand il regarde ou d'étoiles. Tout cela fait partie des symptômes qui font penser à une hypertension artérielle. Les autres maladies, c'est par les examens qu'on arrive à les découvrir.

Y a-t-il une tranche d'âge qui est la plus touchée par ce genre de maladies ?

Les maladies cardiovasculaires congénitales intéressent surtout les enfants et les adolescents. Il y a certains adultes chez qui on va découvrir tardivement la maladie congénitale. Mais dans la majorité des cas, la maladie congénitale se découvre pendant la petite enfance, voire même à la naissance. Pour les cardiopathies acquises, c'est à partir de la quarantaine (45-50 ans) généralement. Tout dépend du mode de vie qu'on a mené. Celui qui a commencé à fumer très tôt, c'est sûr, va développer des maladies cardiovasculaires beaucoup plus précocement. Nous avons par exemple des malades qui font des infarctus à moins de 30 ans. C'est surprenant.

A quelle thérapie soumettez-vous vos patients ?

Tout dépend de la pathologie. Pour celui qui a une insuffisance coronarienne, on fera appel aux anti-coronariens dont le rôle est de faire travailler le moins possible le cœur et de le dilater, pour augmenter le débit du sang. L'hypertendu prendra des anti-hypertenseurs, qui sont le résultat d'une grande évolution. D'une façon générale, nous avons la spécialité la plus chère. Ce n'est pas rare qu'un de nos malades se retrouve avec 20 000 FCFA au moins par mois à dépenser pour traiter son affection cardiovasculaire. C'est quand même cher quand on sait que nous n'avons pas de couverture sanitaire dans nos milieux. C'est le malade tout seul qui doit faire face à ses dépenses.

Quels conseils avez-vous pour les malades et aussi les non-malades ?

Le premier conseil s'adressera d'abord aux non-malades. Il faut qu'ils évitent d'en arriver là. Comment ? En bougeant un peu. Même la simple marche est très importante. Une marche de 30 mn par jour, c'est très bien. Il faut éviter la surconsommation salée, de prendre les matières grasses tout le temps, de fumer. Cela nous préservera des maladies cardiovasculaires. Ceux qui en sont atteints doivent savoir qu'ils sont cardiaques pour le restant de leur vie. Il n'y a pas quelqu'un qui peut dire : "J'étais cardiaque". Il y a très peu de maladies cardiovasculaires qui se guérissent, sauf celles congénitales. S'il y a correction, il y a guérison pour le restant de la vie. Pour les autres, les hypertendus, leur traitement est à vie.
C'est comme le diabétique, dont le traitement est à vie. Si on dit à un hypertendu que son état est normal, c'est parce qu'il est sous traitement.
Quand quelqu'un qui a un infarctus du myocarde, sa partie mortifiée est comme une cicatrice. Il ne pourra jamais s'en défaire. Il faudra absolument que le traitement soit le plus régulier et long possible. Celui qui est régulièrement suivi avec un traitement continu a la même espérance de vie que celui qui n'a rien de tel comme maladie.

Le Burkina est-il bien outillé pour la prise en charge des malades ?

Bien outillé, non. Déjà du point de vue du personnel, nous ne sommes que dix cardiologues pour tout le Burkina. Pour douze millions de Burkinabè, c'est insignifiant. Il y a un déficit de spécialistes. En matière d'infrastructures, nous n'avons pas grand-chose. Je vous le disais tantôt, la cardiologie, c'est la spécialité la plus chère. Pour payer un bon tensiomètre, vous n'avez pas moins de 100 000 FCFA à débourser. N'en parlons pas des hôpitaux nationaux qui n'ont même pas des électrocardiogrammes ni d'échocardiogrammes. Ici à Yalgado, nous avons bénéficié d'un compatriote résidant en France, d'un électrocardiogramme de seconde main avec lequel nous nous débrouillons parce qu'il ne permet pas de faire des examens très pointus.
Pour la prise en charge chirurgicale, nous n'avons aucune infrastructure. La cardiologie est la spécialité au Burkina qui évacue le plus de malades.
Sur 100 malades, les 60 sont victimes de maladies cardiovasculaires. Je précise cependant que les autorités, de plus en plus sensibilisées, commencent à nous outiller pour pouvoir faire face à certaines choses.
Par exemple, la pose de certains appareils. Pour le moment, c'est dans le privé qu'on le fait, mais malgré tout, cela revient moins cher. La pose avant qu'on le fasse ici, à Abidjan à côté, nous coûtait à peu près 5 millions de FCFA sans les frais de transport et de séjour. Maintenant que nous le faisons ici, cela revient à 1 million 700 000 FCFA.
En dehors peut-être de la Côte d'Ivoire et du Sénégal, dans la sous-région, nous sommes le pays qui a le plus de cardiologues.

Quel est l'état de la recherche, aujourd'hui sur les maladies liées au cœur ?

La cardiologie est le domaine qui bénéficie de plus de moyens pour la recherche. Tant sur des explications à donner sur des questions jusque-là ignorées que sur les questions thérapeutiques. Tous les jours, la recherche évolue.

D. Evariste Ouédraogo

Lire l'article original : http://www.lobservateur.bf/quotidiens/select.asp?Numero=3430


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