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Docteur Norbert Coulibaly, Dr de la santé du centre-est : "Nous sommes parvenus à une augmentation notable des couvertures vaccinales" - Le pays - Burkina Faso - 15/09/2005
Le Docteur Norbert Coulibaly est médecin épidémiologiste. Il occupe les fonctions de Directeur régional de la santé du Centre-Est à Tenkodogo, depuis un an et demi. Pourtant nous l'avons croisé très loin de la province du Boulgou où il exerce habituellement.

C'est à Kumamoto au Japon que nous l'avons rencontré dans la soirée du 29 juin 2005. Il revenait d'un cours entrant dans le cadre du séminaire sur l'éradication des maladies évitables par la vaccination. La formation, organisée par l'ACIH (Agency for cooperation national health), a été offerte aux participants venus de plusieurs pays du Sud par l'Agence japonaise de coopération internationale (JICA).
Le Docteur Norbert Coulibaly et trois de ses collègues nous ont dit tout le bonheur de prendre part à cette session de formation. Entretien au Pays du soleil levant avec le premier responsable de la santé de la Région du Centre-Est du Burkina.

"Votre Santé" : De Tenkodogo à Kumamoto. Qu'est-ce qui vous a amené à effectuer ce trajet si long ?

Docteur Norbert Coulibaly : Je voudrais déjà profiter de vos colonnes pour exprimer sincèrement ma gratitude à l'endroit des gouvernements du Japon et du Burkina et aussi de la JICA. Ce sont ces institutions qui m'ont donné l'opportunité de pouvoir prendre part à ce séminaire de formation qui s'intègre à la coopération technique entre les gouvernements japonais et burkinabè. Il s'inscrit surtout dans le cadre de la lutte pour l'éradication des maladies évitables par la vaccination. Les principaux objectifs visés par le séminaire sont de taille. Dans un premier temps, il s'agit de donner aux participants les connaissances et techniques nécessaires pour améliorer leur habileté à trouver des solutions aux problèmes en rapport avec l'éradication des maladies évitables par la vaccination. Dans cette optique, trois à quatre objectifs spécifiques se dégagent. Le premier, c'est de permettre aux participants d'analyser et de développer les méthodologies qui sont pratiques pour l'éradication et aussi de gérer les programmes de cette éradication. Le deuxième objectif spécifique est focalisé sur les discussions devant déboucher sur les modalités d'élaboration d'une stratégie novatrice permettant d'accélérer l'arrêt de la transmission de maladies comme la rougeole au niveau des différents pays. Le troisième objectif est axé sur une revue des programmes de contrôle ou d'élimination de la rougeole au niveau des pays or ce n'est pas encore le cas. Le quatrième objectif spécifique quant à lui correspond à des discussions sur les perspectives épidémiologiques en rapport avec l'éradication de ces maladies.

Quel est l'intérêt de ce genre de séminaire pour un pays comme le Burkina, et particulièrement une région comme celle de Tenkodogo ?

Je préfère qu'on observe la question de façon plus globale. La prévention de façon générale et plus particulièrement par la vaccination constitue une des stratégies les plus efficaces, d'un point de vue coût et efficacité. Cela est important pour nos pays qui sont des pays en développement. Ce cours est du reste organisé uniquement à l'intention des pays en développement et on pense que ceux-ci, en développant de bonnes stratégies, peuvent parvenir à l'éradication des maladies. Il s'agit donc de soutenir les efforts des pays qui sont déjà engagés dans ce processus.
Au niveau du Burkina, nous avons déjà des programmes qui sont axés sur la vaccination et l'immunisation des populations. Je voudrais rappeler ici que la lutte contre les maladies transmissibles et non transmissibles constitue un des axes prioritaires de notre Plan national de développement sanitaire. C'est ainsi qu'à travers la direction de la prévention par la vaccination, un certain nombre de programmes sont mis en oeuvre afin de renforcer le Programme élargi de vaccination qui lutte contre 7 maladies. En plus de cela, il y a la mise en oeuvre de ces programmes d'éradication, notamment, l'éradication de la poliomyélite depuis 1996, et aussi le contrôle de la rougeole.

Aujourd'hui, quel est l'état du Programme élargi de vaccination au Burkina ?

Selon les résultats obtenus, nous avons beaucoup évolué ces dernières années. Le PEV est un programme qui lutte contre 7 principales maladies. Avec le renforcement du système de santé ces dernières années, nous sommes parvenus à une augmentation assez notable des couvertures vaccinales au niveau des différentes régions sanitaires, surtout en ce qui concerne les enfants de 0 à 11 mois. Prenons l'exemple de la rougeole. En 2001 la couverture vaccinale était à 65% et en 2004 nous sommes à 71,31%. Si je prends ensuite l'un des indicateurs les plus suivis dans le cadre de notre programme, c'est-à-dire la couverture vaccinale en diphtérie - tétanos - coqueluche 3e dose, nous étions à 64% en 2001 et en 2004 nous avons atteint 81, 54%. Pour le BCG, c'est-à-dire la vaccination contre la tuberculose, nous étions à 84% en 2001 et en 2004, les chiffres indiquent une couverture au-delà de 100%. On ne saurait occulter la lutte contre la fièvre jaune. Là, la couverture vaccinale était de 52% en 2001 et en 2004, nous sommes à 70,43%. Tous ces chiffres sont la preuve palpable que d'énormes efforts sont faits, et se traduisent par une augmentation conséquente des couvertures vaccinales en direction des enfants de moins d'un an.

Des efforts sont faits mais il y a aussi des réalités persistantes comme la cherté des vaccins, leur difficile et délicate conservation et la réticence de certaines couches à se faire vacciner !

C'est là tout l'intérêt de ce cours auquel nous participons parce qu'il s'agit de rassembler les expériences des différents pays. Nous sommes 10 participants venant de pays en développement de différents continents. Les expériences dans ce sens sont très variées, ce qui permet de pouvoir se donner et de recevoir de nouvelles idées sur les stratégies les plus porteuses, dans le but d'augmenter les couvertures vaccinales. L'objectif, c'est d'atteindre au moins 80% de couverture vaccinale au sein des enfants de moins d'un an. Nous sommes en train d'atteindre ces objectifs. Nous pensons qu'avec la synergie d'actions que nous créons, nous sommes en mesure de parvenir à cette finalité. C'est important de relever qu'au niveau du Burkina, les indicateurs observés pour la couverture vaccinale sont particulièrement suivis dans le cadre de la mise en oeuvre de nos plans d'action annuels et du Plan national de développement sanitaire. Ce sont des indicateurs qui nous permettent de suivre la qualité de nos prestations. C'est évident que sur le terrain, nous rencontrons des difficultés liées à l'insuffisance des ressources et à celles d'informations à l'endroit des populations pour leur permettre d'adhérer pleinement à nos stratégies de vaccination. Nous avons également des difficultés d'ordre logistique, etc. Je pense tout de même que ces obstacles sont surmontables de sorte qu'on pourra offrir aux populations, surtout aux enfants de 0 à 11 mois, des couvertures vaccinales suffisantes pour les prémunir contre les maladies qui les guettent.

Avez-vous un appel particulier à lancer au gouvernement burkinabè et à la JICA ?

Je voudrais surtout dire que cette formation est très importante pour nos pays. Elle permet aux différents cadres des pays en question de partager des expériences par rapport aux mêmes difficultés et au même engagement dans la lutte pour non seulement le contrôle mais aussi l'éradication de certaines maladies. Ici au Japon, au cours de la formation, j'ai pu avoir une vision globale de la chose, ce qui n'est pas évident quand on reste dans son pays. La notion d'éradication de ces maladies est beaucoup plus perceptible quand on discute entre des gens venant de plusieurs pays, de différents continents. Cela permet de constater les efforts accomplis ailleurs comme en Amérique par exemple où ces objectifs ont déjà été atteints alors que dans d'autres continents comme chez nous en Afrique, le sous-continent indien et l'Asie du Sud-est, nous avons encore du chemin à faire. Je souhaite que d'autres cadres du pays puissent participer à ce genre de formation pour renforcer les capacités du Burkina dans le cadre de la lutte contre ces maladies. Je voudrais aussi remercier la JICA qui offre ces formations et émettre le voeu qu'elle puisse continuer à nous encourager dans ce sens.

Dans le cadre du suivi de ces formations, l'ACIH aimerait qu'en réseau, les échanges continuent entre les participants, notamment par internet. Cela est-il possible dans des pays comme le Burkina où l'outil informatique et internet restent peu accessibles au plus grand nombre ?

L'idée est très bonne. A mon avis, les échanges lors de ces formations ne devraient pas se limiter au seul moment où les gens se rencontrent ici au Japon. C'est important qu'il y ait un suivi. Du reste, à la fin du séminaire, chaque participant élabore un plan d'action qu'il devrait mettre à exécution une fois de retour chez lui. Il est prévu un suivi de la mise en oeuvre de ces plans d'action. Je pense déjà que les échanges entre les différents participants dans le cadre de la mise en oeuvre de ces plans d'action, et ceux beaucoup plus larges dans le domaine de la lutte contre les maladies évitables par la vaccination, devraient se poursuivre. Nos contraintes sont les mêmes que celles d'autres pays. Aussi, en gardant le lien on pourra savoir à quel niveau se trouve tel ou tel pays dans la lutte contre ces maladies.

Y a-t-il un aspect que nous avons occulté au cours de cet entretien ?

C'est un aspect positif lié dans un certain sens à notre participation à ce séminaire. Dès les premiers instants de notre arrivée au Japon, nous avons bénéficié d'une formation accélérée en vue de nous permettre de mieux comprendre la société japonaise. Nous avons tiré beaucoup de leçons de cette formation surtout en matière d'organisation pour atteindre des résultats optimaux. Nous avons eu des cours sur l'éducation, l'économie, la culture au Japon.

Lire l'article original : http://www.lepays.bf/mensuel/invite2.asp?Numero=103

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