A Ngomène, dans le département de Thiès, donner la vie était pour
les femmes une aventure humaine à haut risque. A la demande des
populations, deux associations ont construit une case de santé et
formé des agents de santé communautaire pour aider à lutter plus
efficacement contre la mortalité maternelle.
Ngomène est un village de l'arrondissement de Keur Moussa, dans
le département de Thiès. Il est distant de Pout d'environ 13 kilomètres,
sur la route de Fouloum, dans le Twin tanghor (Mont-Rolland). Depuis
plusieurs années, beaucoup de femmes n'arrivent pas à faire correctement
leurs consultations prénatales du fait de l'enclavement de la zone.
Souvent, des femmes en travail accouchent en pleine brousse sur
une charrette. Pour aller du village à la commune de Pout où se
trouve le centre de santé, elles devaient se rendre au poste de
santé ; pour cela, il faut traverser un bas-fonds. Ce passage obligé,
appelé "khouloup" par les populations, isole Ngomène et tous autres
villages voisins du terroir. En hivernage, la situation est encore
pire. Selon Mor Kébé, le collaborateur principal du chef de village,
beaucoup de bébés et souvent avec leurs mères, y sont passés de
vie à trépas. "S'il arrivait aux femmes de passer ce no man's land
et d'arriver au poste de santé de Pout, on constatait qu'elles n'avaient
pas effectué une visite prénatale ou n'avaient pas bouclé la série
des trois visites conseillées", a-t-il ajouté. Ainsi, le taux d'achèvement
était très faible. Cela, évidemment, augmentait les risques de mortalité
maternelle et de morbidité chez les femmes de Ngomène.
Confrontées à une situation aussi dramatique, les populations de
ladite localité ont exposé à toutes les personnes censées pouvoir
les aider leurs difficultés à accéder aux soins de santé de base.
Aujourd'hui, on peut dire que leur vœu est exaucé grâce à la coopération
décentralisée. En effet, la rencontre de deux structures, l'Association
sénégalaise d'appui à la formation pour le développement à la base
(Asafodeb) et l'Association générale des intervenants retraités
(Agir) a permis la construction d'une case de santé à Ngomène. L'érection
de cette structure de santé contribuera à améliorer la santé des
3.000 personnes qui vivent à Ngomène et dans les autres villages
environnants.
Promotion de l'accès aux services de base
La case de santé est composée d'une salle de soins et d'une autre
d'accouchement ainsi que de sanitaires entièrement équipés en matériels.
La case a été également dotée en médicaments. La construction du
bâtiment et la formation des agents de santé communautaire ont coûté
plus de 10 millions de francs CFA.
Selon Mme Diédhiou Nafissatou Seck, présidente de l'Asafodeb, l'intervention
des deux associations entre dans le cadre du programme national
de développement (1998-2007) visant à promouvoir l'accès aux services
socio-sanitaires de base des populations pauvres, le développement
des services de santé primaires et de santé à base communautaire,
l'amélioration des conditions d'hygiène et d'assainissement. "Sous
ce rapport, l'implantation d'une case de santé fonctionnelle et
bien gérée constitue une bonne stratégie afin d'aider à soulager
les souffrances des populations rurales marquées par la pauvreté",
a-t-elle indiqué. Une vision entièrement partagée par Mme Fatou
Pène Sène, sage-femme au poste de santé de Pout : "la base de la
santé des communautés est la case de santé. Si elle fonctionne comme
il faut, les autres maillons de la chaîne du plateau technique ne
seront jamais débordés", fait-elle remarquer. C'est pourquoi l'accent
a été mis sur la formation des agents communautaires et de la matrone
chargés du fonctionnement de la case, en relation avec le comité
de santé.
Les populations, surtout les femmes, qui ont vu un problème aussi
crucial pour elles résolu, ont réservé un accueil chaleureux à leurs
hôtes français. Selon l'un d'entre-eux, Robert Duquenne, il est
heureux de constater que le concours de deux associations aux moyens
modestes a pu donner un résultat concret en peu de temps. "Le secret,
c'est que nous avons eu affaire avec des gens réellement animés
par la volonté de bien réussir. Et cela est magnifique", a-t-il
lancé. Beaucoup d'autorités politiques et administratives locales
étaient venues magnifier ce fruit d'un partenariat fécond.
MBAYE BA
Lire l'article original : http://www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=32392&index__edition=10043
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