Actualités de la santé
en Afrique
Septembre 2005
Au sommaire de cette semaine :
Cameroun :
© Vaccination : la phase de l’évaluation
© Les problèmes du cœur préoccupent.
Selon des études, le surpoids serait l’un des facteurs aggravants
Côte d'ivoire :
© Trois ans après le déclenchement
de la guerre : 30 % du taux des IST dans les zones F.N
© Lutte contre le paludisme : la chloroquine retirée
du marché
© La médecine du travail reprend sa place
Madagascar :
© Les enfants de moins de cinq ans principales victimes
du paludisme
© Paludisme : 31% des enfants dorment sous une
moustiquaire
Maurice :
© Questions au Dr Jean-Marie Haegy : “L’éthique
donne du sens à un acte médical”
Sénégal :
© Dernier bilan de l’épidémie
du cholera : 176 nouveaux dont 2 décès
© Pr Cheikh Sadibou Boye sur la réforme
a la faculté de médecine : Une réorganisation
pédagogique qui porte sur ses fruits
© Mortalité maternelle à Tamba :
Pousser personnel médical et populations à identifier les
signes de dangers
© Faculté de Médecine, de Pharmacie
et D’odontostomatologie : De bons résultats des étudiants
surgissent des réformes
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Santé Tropicale
Jeudi, vous animerez une conférence publique sur l’éthique
médicale. Le fait d’en parler signifie-t-il qu’elle
souffre de manquements ?
L’éthique médicale est un sujet sur lequel j’ai
énormément travaillé. Depuis deux ans, je dirige
le groupe de réflexion éthique de la Société
des médecins d’urgences de France qui répond aux questions
et aux problèmes que pose la médecine d’urgence face
à des situations, à des décisions médicales
à prendre aux urgences. Quatre-vingt pour cent des personnes mourant
aux urgences meurent à la suite d’une décision médicale,
soit de limitation, d’abstention ou d’arrêt thérapeutique.
Par exemple, une personne âgée dans le coma, à qui
l’on découvre une hémorragie cérébrale
au-delà de toute ressource thérapeutique. Faut-il la maintenir
sous respiration artificielle ?
L’éthique médicale ne serait alors qu’un
justificatif pour l’action des médecins ?
Pas du tout. L’éthique médicale n’est pas de
dire ce qui est bien ou mal. Ça c’est la morale. Elle n’est
pas non plus de choisir entre le moindre mal et le mal. L’éthique,
ce n’est pas la loi mais des principes de l’ordre de l’être
mais elle peut déboucher sur des lois. Pour le médecin,
c’est répondre à des questions précises. L’éthique
médicale doit tenir compte des connaissances scientifiques actuelles
pour évaluer les chances de guérison du malade, tenir compte
de ce qu’il veut à travers ses confidences directes ou indirectes
à sa famille. Pour le médecin, l’éthique c’est
ce qui donne du sens à son acte médical. Finalement, c’est
une question de justice distributive. Le médecin qui a placé
un patient sans aucune chance de guérison dans un service de réanimation
doit se demander s’il ne l’a pas fait au détriment
d’un autre patient. Finalement, la dernière question est
celle de se demander s’il est digne humainement de maintenir un
malade en coma irréversible sous respirateur ?
Les médecins du Service d’aide médicale d’urgence
ont-ils le temps de se poser toutes ces questions ?
C’est vrai que les médecins du SAMU n’ont pas le temps
de s’interroger ainsi. Leur priorité est de tout mettre en
œuvre pour sauver le malade. En cas de doute, ils doivent pratiquer
ce qu’on appelle la réanimation d’attente. Ce n’est
qu’une fois le malade intubé, qu’on a le temps de recueillir
des informations sur lui, de les analyser, de discuter avec sa famille
et de prendre en considération la démarche éthique
au terme de laquelle on décide soit de la poursuite du traitement,
soit de la limitation ou de son arrêt. Une fois la décision
médicale prise, on commence la phase de réanimation compassionnelle.
Quand il n’y a plus rien à faire sur le plan médical,
tout reste à faire sur le plan humain. Il faut entourer le malade
et ses parents.
Quelles sont les recommandations du groupe de réflexion
que vous présidez et qu’en avez-vous fait ?
D’autres professionnels comme les sociétés de réanimation
et les pédiatres se sont posé ces questions avant nous.
Les principes éthiques sont les mêmes pour tous, à
savoir le droit au patient d’être informé des conséquences
et des possibilités, que toute action du médecin réponde
aux principes généraux et universels et apporte un plus
d’humanité à sa pratique, le principe d’être
l’avocat du malade et de tout mettre en œuvre pour lui en évitant
l’exclusion, la discrimination, et sous lequel on classe aussi l’acharnement
thérapeutique. Il y a également le principe du double effet,
c’est-à-dire considérer qu’une intervention
positive peut entraîner une réaction négative et finalement
le principe de justice distributive que j’ai déjà
évoqué. Nos recommandations ont été envoyées
au comité national de la bioéthique et le gouvernement français
s’inspire des recommandations finales de ce comité pour légiférer.
Dans quelle mesure est-il important pour un pays d’avoir
un comité national de bioéthique ?
Je connais la situation dans divers pays et je sais qu’il existe
un comité d’éthique au ministère de la Santé.
Mais le public n’a pas le droit à la parole. Ce qui m’intéresse
aujourd’hui, c’est de lancer la réflexion autour de
la nécessité d’un comité national d’éthique
et pas que pour le médical mais pour toutes les professions. Un
comité d’éthique national valide les façons
de faire et crédibilise tout ce qu’un pays peut envisager
en termes de réflexion et de recherche.
Vous présidez aussi une association de prévention
du suicide. Peut-on vraiment prévenir ce mal ?
On le peut. Pour cela, il faut d’abord se battre et supprimer les
tabous tels que “parler du suicide le provoque”, “ceux
qui en parlent ne passent pas à l’acte”, “il
est courageux de se suicider” ou encore ‘il est lâche
de le faire”. Tout cela est fausseté. On ne se suicide pas
pour mourir mais pour arrêter la souffrance psychique qui est plus
pernicieuse et douloureuse que n’importe quelle douleur physique.
Les sujets vulnérables sont les dépressifs, les jeunes,
les personnes âgées, les détenus. Ceux-là envoient
toutefois des messages verbaux ou comportementaux à leur entourage
mais celui-ci ne les entend pas car il n’a pas le temps. Prévenir
le suicide, c’est mettre des personnes de ressources, formées
à l’écoute là où il faut, c’est-à-dire
des infirmières sociales dans les écoles, des travailleurs
sociaux dans les maisons de retraite et recourir aux médecins de
famille. Le suicide est une maladie de société qu’on
ne retrouve pas chez certaines sociétés préservées
comme les Touaregs, en Afrique, par exemple. A force de nous remplir le
ventre, la tête, les poches, les zones érogènes, nous
oublions de vivre. Et le fait de vivre, c’est tout simplement communiquer.
Propos recueillis par Marie-Annick SAVRIPÈNE
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l'article original : http://www.lexpress.mu/display_search_result.php?news_id=50563
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