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La 4ème édition du parcours "Fouta-Santé" a été
véritablement une réussite. Grâce à l'association des émigrés ressortissants
de la nouvelle région de Matam, plus d'une vingtaine de médecins
spécialistes ont séjourné à l'hôpital de Ourossogui et au centre
de Santé de Matam. Pendant sept jours, trois mille six cent trente-sept
consultations et quatre centre quarante interventions chirurgicales
ont été faites par cette équipe médicale.
Ils étaient très attendus, comme on le constate
chaque année, le nombre de médecins Français a été renforcé. A l'occasion
de cette quatrième édition du parcours "Fouta-Santé"-Matam, ils
étaient 29 spécialistes de grande renommée en France composés d'ophtalmologues,
de gynécologues, d'ORL, de dentistes, de généralistes, etc.
Comme l'avaient souhaité les responsables de l'association
des émigrés de Matam en France, ce parcours a été une très grande
réussite. Quelques jours avant l'arrivée de l'équipe, l'hôpital
de Ourossogui était fortement envahi par les malades. Une image
particulière cette année, il y avait plus de sujets Mauritaniens
et Maliens que de Sénégalais. Fatoumata Ould Seydi, que nous avons
rencontrée à la veille du démarrage de l'opération nous certifiait
: "nous avons appris la nouvelle tardivement l'année dernière, que
des médecins "toubabs" aussi spécialisés quittent l'Europe pour
venir à Ourossogui pour soigner gratuitement ; c'était incroyable,
cause pour laquelle, j'ai quitté Nouakchott où j'avais conduit mon
fils qui souffre des yeux pour venir ici. Mais je peux vous assurer
que vous ne pouvez pas imaginer combien de mes compatriotes ont
quitté notre pays pour traverser le fleuve".
Du fait de la surcharge des centres d'accueil au
niveau de l'hôpital, ce sont les arbres aux alentours qui étaient
devenus des abris provisoires. Dans le décor, les sept cents Mauritaniens
se distinguaient grâce à leurs tentes. Dans cet engouement, certaines
ménagères ont alors improvisé des petits restaurants pendant que
d'autres chômeurs se ruaient vers des "tanganas".
A l'entame des opérations, les médecins Français,
dont le transport a été assuré par le ministère de la Santé sénégalais
de Dakar à Ourossogui, ont été chaleureusement accueillis en début
de cette matinée du lundi dès leur apparition dans les locaux de
l'hôpital régional de Ourossogui. Pour la circonstance, la rencontre
de préparation avait permis au directeur de l'hôpital de prendre
toutes les dispositions nécessaires au bon déroulement de l'opération.
Comme c'est le cas à chaque parcours, le seul chirurgien et généraliste
de cet hôpital s'est transformé en agent d'appui et assistant des
médecins Français. Ainsi, quatre blocs opératoires ont été ouverts
sur place gratuitement, les sujets étaient admis dans les différents
services ; en majorité, les médecins sont composés de chef de service
au niveau de l'hôpital de Poissy en France. Comme pour donner une
idée sur la qualité des spécialistes, le président de l'association
"Fouta-Santé", Mamadou Diaw, nous donne l'exemple de l'ophtalmologue
qui était obligé de recruter son remplaçant de l'hôpital de Poissy,
à raison de quatre cent mille francs CFA par jour. Pour mieux se
faire comprendre, M. Diaw explique que le comité directeur de l'association
a procédé à une sélection sévère basée sur la qualification des
uns et des autres avant de retenir les plus en vue dans leurs différentes
spécialisations. Des informations qui auront permis de se faire
une religion sur le niveau de ces médecins venus d'Europe.
Cette 4ème édition aura coûté aux Sénégalais vivant
en France plus de vingt-trois millions de nos francs. Un budget
mobilisé à travers des cotisations des membres, tous originaires
des villages de la nouvelle région de Matam. Les retombées des soirées
dansantes et autres actions de nos compatriotes ont été également
une contribution dans la campagne de recherche de fonds.
Un bilan positif
Au terme de ce 4ème parcours, le bilan est satisfaisant.
Revenant sur la situation sanitaire des sujets reçus durant ces
sept jours dans l'hôpital de Ourossogui, le coordinateur de l'opération
relève de nombreux cas de cataracte chez les personnes du troisième
âge. Sur la même lancée, M. Diaw insiste sur l'ophtalmologie qui
a battu le record des consultations et des interventions. En somme,
ce sont près de quatre mille patients qui ont été consultés et quatre
cents autres qui ont bénéficié d'une intervention chirurgicale,
en plus de cette action qui a permis de restaurer une bonne santé
à ceux-là qui sont pour la plupart vaincus par la pauvreté accrue.
Tous les médicaments nécessaires ont été gracieusement offerts aux
malades. Le tout pour susciter une grande satisfaction des bénéficiaires
qui ne cessent de prier pour les initiateurs du parcours. Selon
Malé Fall, président de l'ORCAM : "voilà une action importante.
En plus des actions des pouvoirs publics, ce geste de nos compatriotes
vivant en France est venu nous soulager. Je suis sûr que nombreux
parmi les malades examinés n'ont pas les moyens de se faire consulter
par un spécialiste à Dakar et veulent que cette opération perdure".
Ainsi, le directeur de l'hôpital de Ourossogui, Mame Alassane Seck,
rappelle que l'association "Fouta-Santé" doit être un exemple pour
les autres ressortissants Sénégalais et cela, pour d'autres secteurs
comme l'Education ou encore la Sécurité alimentaire.
S'exprimant à la fin de son séjour, le Dr Badji,
gynécologue, semble fier de son œuvre : "nous sommes toujours fiers
de faire profiter de notre savoir-faire, sans aucune retombée financière,
nous sommes toujours prêts à venir au Fouta soigner les malades.
En prenant en compte l'accueil dont on a fait l'objet, j'arrive
à mesurer combien nous sommes attendus au Sénégal". Seule fausse
note cette année, Mamadou Diaw regrette : "avec cette initiative,
nous méritons quand même une meilleure prise en charge dans notre
pays. Cette année, les chauffeurs qui nous ont été affectés par
le ministère de la Santé sont repartis sur Dakar juste après notre
arrivée à l'hôtel de Ourossogui. Durant tout le parcours, nous avons
eu d'énormes difficultés pour le déplacement ; ça nous a fait mal".
Comme l'a martelé M. Diaw, il n'existait que le véhicule déployé
par l'Union pour la Solidarité et l'Entre aide (l'USE) tout au long
de leur séjour pour acheminer les équipes de l'hôtel à l'hôpital
ou encore au centre de Santé de Matam. Autre retombée après ce parcours
et financière celle-là, l'hôpital, qui avait dépensé 842.000 francs,
a récolté au terme de l'opération, la rondelette somme de 5,1 millions
de francs CFA. Le départ des médecins Français a été fêté par un
dîner offert par l'hôpital au camp militaire de Ourossogui et un
"tangerine" dans une boîte de nuit de Matam. Le rendez-vous est
alors pris pour l'année prochaine.
ALY BANDEL NIANG
Lire l'article original : http://www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=35456&index__edition=10128
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