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Mutations : Quels étaient les axes de la formation
que vous avez donnée aux médecins camerounais ?
Docteur David Rey :
C'était une formation basée essentiellement sur la prise en charge
thérapeutique des malades du Sida. Elle s'adressait aussi, aux biologistes
et aux pharmaciens. Nous avons commencé par des rappels historiques
de la maladie parce qu'il faut toujours se recycler et parfois on
oublie les préliminaires, nous avons également abordé l'histoire
clinique, que nous avons centrée sur le traitement du Vih/Sida.
Nous avons mis un accent particulier sur comment utiliser les anti-rétroviraux,
leurs inconvénients parce qu'il faut savoir qu'ils ne guérissent
pas ; donc, il ne faut pas avoir de faux espoirs. Ce qu'il faut
éviter au-dessus de tout ici, ce sont les échecs. Quand un patient
a commencé son traitement, il faut le suivre et l'aider dans les
moments difficiles parce qu'ils sont faibles et toujours proche
de l'abandon.
Mutations : Une semaine peut-elle suffire à
inculquer toutes ces données ?
Docteur David Rey :
Certainement pas. Nous savons qu'au Cameroun, comme dans beaucoup
de pays africains touchés par la pandémie, l'accès aux Arv n'est
pas facile, ni aisé, car les produits ne sont pas toujours disponibles
dans les officines. Le plus important pour nous, c'est que lorsque
ces produits seront disponibles, les prescripteurs les utilisent
correctement. Il faut éviter de développer des résistances chez
les patients, car, après, le traitement devient plus difficile.
Les connaissances de base des molécules en fonction de l'état de
chaque malade, de son sexe et de son age sont des informations importantes
qui guident vers un choix adéquat du traitement à prescrire.
Mutations : Dans vos différentes interventions,
vous êtes revenu plusieurs fois sur le sarcome de Kaposi. Qu'est-ce
c'est ?
Docteur David Rey :
Beaucoup de personnes ne reconnaîtront pas cette appellation ; on
la connaît mieux sous le nom de maladie de Kaposi. En fait, c'est
un cancer qui complique l'évolution de la maladie. Il est plus fréquent
chez les personnes infectées par le Vih/Sida. La maladie de Kaposi
touche essentiellement la peau. Elle peut avoir des formes sévères
qui attaquent les poumons et le tube digestif. Visiblement lorsque
ce cancer se développe sur la peau, il laisse des petites plaques
sur la peau ou des nodules qui sont violacées. Parfois, on trouve
aussi ces plaques sur les muqueuses génitales. Elles ne sont pas
douloureuses et ne démangent pas. Mais, le cancer ronge. Ces atteintes
de peau sont les plus fréquentes et les plus significatives chez
les Ppvs en Afrique, aujourd'hui moins en Europe.
Mutations : Pourquoi sont-elles moindres en
Europe ?
Docteur David Rey :
On voit de moins en moins la maladie de Kaposi en Europe grâce aux
traitements aux Arv. C'est une maladie qui se soigne entre 60 à
80% par les Arv et non par le traitement de la maladie de Kaposi.
Dans les pays développés l'accès aux traitements est plus facile
qu'en Afrique, c'est pourquoi nous rencontrons aujourd'hui moins
de cas. Mais, le pourcentage resté élevé parce que 20 à 30% des
Ppvs du monde entier développe la maladie de Kaposi, avec une forte
marge chez les homosexuels. Si la maladie n'est pas étendue, seuls
les Arv suffisent, mais si elle est bien installée, le dernier recours
c'est la chimiothérapie.
Propos recueillis par M.O.
Lire l'article original : http://www.quotidienmutations.net/cgi-bin/alpha/j/25/2.cgi?category=10&id=1078478215
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