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Admis avec mention très honorable et félicitations
du jury. M. Mohamed Lamine Cissoko a ainsi été déclaré docteur es-médecine,
le jeudi 26 février dernier, après prestation du serment d'Hippocrate,
et à l'issue d'un travail de thèse jugé "extrêmement important sur
une pathologie très dangereuse" : Les péritonites par perforation
non traumatique du grêle chez l'enfant. Etude prospective au Centre
hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo.
Péritonites ; perforation non traumatique, grêle...
Quelle réalité cachent ces termes scientifiques d'une extrême difficulté
pour le lecteur non spécialiste ? En termes simples, de quoi s'agit-il
? M. Cissoko a travaillé sur les inflammations (lésions, brèches...)
de la cavité péritonéale, sorte de poche qui renferme des organes
vitaux tels que l'intestin ou l'estomac. Les perforations non traumatiques
(spontanées) s'opposent aux perforations traumatiques (agressions
mécaniques comme les coups de poignard par exemple). Très fréquentes
dans nos régions et principalement chez les moins de 25 ans, ce
type de péritonite constituerait une urgence médicale absolue. Le
docteur Cissoko précise que l'opération doit intervenir dans les
six (6) heures suivant d'admission du malade à l'hôpital. La thèse
du docteur Cissoko a porté sur la tranche d'âge de zéro (0) à quinze
(15) ans, parmi les cas recensés à Yalgado du 1er janvier 2001 au
31 décembre 2002. Ainsi, sur 164 opérés pendant cette période pour
le même mal (péritonites), 65 cas présentaient une perforation du
grêle, soit 39,6% de la totalité des péritonites généralisées. Sur
ces 65 cas, 40 concernaient des garçons et 25, des filles, soit
un ratio de 1,6 pour une moyenne d'âge de 9,75 ans. Fait révélateur,
43% de ces enfants étaient non scolarisés, dont 66% issus du milieu
rural.
Dans les pays en développement comme le Burkina Faso, la cause principale
des péritonites étudiées par le docteur Cissoko, est la fièvre typhoïde.
D'où la nécessité de vacciner les enfants contre cette maladie.
L'origine rurale de la majorité des patients (66%) indique la nécessité
d'un respect plus prononcé des mesures d'hygiène individuelles entre
autres précautions, car il s'agit avant tout d'une maladie des mains
sales, liée au manque d'hygiène. Un des intérêts du travail sur
cette pathologie chirurgicale porte sur les méthodes d'intervention
chirurgicale. Plusieurs méthodes y sont utilisées, dont aucune ne
fait l'unanimité, précise le docteur Cissoko qui a cependant retenu
la résection-iléastomie temporaire comme la plus appropriée des
méthodes. Cette forme d'intervention chirurgicale serait la plus
efficace et la moins dangereuse.
Grosso-modo, la méthode consiste à mettre temporairement
l'intestin hors d'usage jusqu'à ce qu'il guérisse de son inflammation.
Elle a prouvé son efficacité en ce sens que sur 18 cas d'opération
par cette méthode, on n'a enregistré "qu'un seul" décès, ce qui
est relativement moins dangereux que d'autres formes d'interventions
chirurgicales.
C'est pendant la période pluvieuse (juillet à novembre) que les
populations sont exposées à cette maladie dont le caractère dangereux
est révélé par les statistiques établies par le Dr Cissoko. Taux
de morbidité (incapacité liée à la maladie) de 76,92%, décès de
treize (13) patients, dont neuf (9) après traitement par excision-suture,
trois (3) par résection-anastomose immédiate et un (1) par résection-iléostomie
temporaire. Ce qui laisse penser que cette dernière technique est
effectivement la moins risquée.
Sibiri SANOU
Les suggestions du docteur Cissoko
- Aux autorités politiques et administratives
- Former davantage de chirurgiens, d'anesthésistes et de réanimateurs
pédiatres.
- Améliorer les conditions d'évacuation des malades ne pouvant
pas être pris en charge en milieu rural (subventionner les
évacuations, médicaliser les ambulances).
- Améliorer le plateau technique des formations sanitaires
(blocs opératoires, réanimation, imagerie médicale, laboratoires).
- Aux personnels de la santé
- Faire un diagnostic et une prise en charge précoces de la
fièvre typhoïde.
- Eviter les sutures en milieu septique.
- Respecter les mesures d'asepsie per opératoires et au cours
des pansements.
- Aux populations
- Respecter les mesures d'hygiène collective et individuelle.
- Eviter l'automédication.
- Consulter tôt dans les formations sanitaires.
Lire l'article original : http://www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=35334&index__edition=10125
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