Qu’est-ce qu’on entend par médecine
traditionnelle ?
L’expression médecine traditionnelle se rapporte aux pratiques,
méthodes, savoirs et croyances en matière de santé
et impliquant l’usage, à des fins médicales, de plantes,
de parties d’animaux et de minéraux, de thérapies spirituelles,
de techniques et d’exercices manuels pour soigner, diagnostiquer et
prévenir les maladies ou préserver la santé.
En Afrique, en Asie et en Amérique latine, différents
pays font appel à la médecine traditionnelle pour répondre
à certains des besoins au niveau des soins de santé primaires.
Quelle est la différence entre les médecines traditionnelle
et moderne ?
La médecine naturelle est un savoir détenu par les tradipraticiens,
à savoir les tradithérapeutes, les accoucheuses traditionnelles,
les herboristes et les médico-droguistes. Tandis que la médecine
moderne est contrôlée par les personnes ayant fait des études
médicales et titulaires d’un diplôme d’un doctorat
en médecine.
Ainsi par exemple, dans la recherche des causes de la maladie, le tradipraticien
utilise uniquement l’inspection, la palpation, la sensibilité
à travers le goût et l’odorat pour faire des examens
biologiques. Par contre, le médecin utilise une démarche scientifique,
rigoureuse et universelle aboutissant à des hypothèses sur
un diagnostic exact et, enfin, un traitement précis et prescrit.
Toutefois, ces deux entités médicales ont le même objectif
: soulager et guérir les malades.
En parlant du savoir des tradipraticiens, comment s’acquiert-il
?
Il se transmet de génération en génération.
Il s’agit en quelque sorte d’un don ou encore d’une culture
léguée par les ancêtres. Contrairement aux docteurs
d’Etat en médecine qui acquièrent leurs connaissances
à la faculté, les tradipraticiens se forment et se perfectionnent
à travers les connaissances tirées du milieu écologique
et en vertu du don que leurs ascendants leur ont laissé.
La médecine traditionnelle est souvent assimilée à
la sorcellerie, que pensez-vous de ce préjugé ?
En effet, contrairement à la plupart des tradipraticiens qui tiennent
leur savoir de leurs aïeux, certains sont possédés par
un esprit. Dans ce cadre, leurs actions sont guidées par la "force
du mal". C’est dans ce second cas que la médecine traditionnelle
s’apparente à la sorcellerie.
Quels types de maladies cette pratique peut-elle soigner ?
Différentes sortes de maladies sont guérissables par la médecine
traditionnelle, de la toux au cancer, en passant par la diarrhée,
les maladies ostéo-articulaires comme les rhumatismes, les maladies
d'origine métabolique telles que la diabète, la goutte, sans
oublier les maladies fébriles et paludiques…
Le tradipraticien préconise à la fois des traitements
préventifs et curatifs. Qu’en est-il des chances de guérison
?
Elles varient de 70 à 80%. Prenons le cas d’un cancer. Si la
maladie est décelée dès le premier ou le second stade,
le tradipraticien est capable de la soigner par son savoir et l’utilisation
de plantes médicinales. Par contre, si elle est en phase métastatique,
la guérison est impossible.
Quelles sont les catégories de personnes consultant le tradipraticien
?
Toutes les catégories de personnes, du plus haut au plus bas de l’échelle.
D’ailleurs, en Afrique comme à Madagascar, plus 80% de la population
a recours à la médecine traditionnelle pour se soigner. Ceci
s’explique par le fait qu’elle a un coût avantageux, et
partant, accessible au grand public.
D’après vous, y a-t-il une complémentarité
entre les deux types de médecine ?
Les deux pratiques ont chacune leurs propres spécificités,
mais je peux dire qu’elles sont complémentaires. Pour preuve,
certaines maladies ne peuvent être guéries qu’à
travers la médecine traditionnelle et vice-versa. Ainsi par exemple,
les opérations à cœur ouvert relèvent du seul
domaine des docteurs d’Etat en médecine pour la sécurité
des patients.
En tout cas, l'entente entre la médecine naturelle et celle moderne
ne peut qu'être bénéfique pour l'homme.
Qu’en est-il des relations de l’Association nationale
des tradipraticiens de Madagascar avec l’Ordre des médecins
?
Nous sommes en étroite collaboration avec les Ordres des médecins,
des sages-femmes et des pharmaciens. Certains membres de ces groupements
font partie du comité de rédaction du statut des tradipraticiens,
actuellement en élaboration. Par ailleurs, les accoucheuses traditionnelles,
ou "reninjaza", sont conseillées par l’Ordre des
sages-femmes sur le respect de l’hygiène lors des accouchements.
Il en est de même pour les "rainjaza" pour les circoncisions.
L’objectif consiste à éviter les infections par certains
agents pathogènes, dont le Vih/sida. Toujours dans ce cadre, les
herboristes ont reçu aussi une formation sur la conservation des
plantes médicinales pour qu’elles ne se détériorent
pas. Propos recueillis par Henintsoa Andriamiarisoa
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l'article original : http://www.lexpressmada.com/article.php?id=35573&r=13&d=2005-09-06