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Sidwaya | Burkina Faso | 29/01/2010 | Lire l'article original
Sidwaya (S.) Que représente la Journée mondiale des lépreux dans la lutte contre cette maladie ?
Jacques Ouandaogo (J.O.) : La Journée mondiale des lépreux a été célébrée un 31 janvier pour la première fois par Raoul Follereau à Madagascar. Il a voulu montrer que la lèpre est une maladie comme toute autre. Et que les lépreux ne doivent pas être exclus de la société. Raoul Follereau disait : "Nul n’a le droit d’être heureux tout seul". La communauté internationale va célébrer la 57e journée, le dimanche 31 janvier 2010.
S. : Qu’est-ce qui marquera cette journée au Burkina ?
J. O. : Au Burkina, la Journée mondiale des lépreux sera officiellement commémorée en différé le 28 février 2010 à Bobo-Dioulasso. Notre choix s’est porté sur la ville de Bobo-Dioulasso, car l’Association burkinabè Raoul Follereau a acquis un terrain de 5 ha à Kiri en banlieue bobolaise. Grâce au soutien de l’Union des Associations Raoul Follereau, nous y avions construit déjà deux bâtiments de quatre logements chacun et réalisé un forage. La célébration de la journée sera l’occasion pour inaugurer le centre et octroyer des micro-crédits aux anciens lépreux.
S. : Quelle est l’ampleur de la lèpre au Burkina ?
J. O. : Au Burkina Faso, un des pays où la maladie est endémique, on dépiste par an près de 500 nouveaux cas. Une étude du ministère de la Santé et de ses partenaires a montré qu’en 2008, on a détecté 450 nouveaux cas. Il y a toujours des foyers contagieux. Tous les ans, on découvre des nouveaux cas. Et tant qu’on n’arrive pas à les contrôler, la lèpre va continuer à se développer.
S. : Comment se fait la contagion ?
J. O. : La lèpre est une maladie peu contagieuse. Elle se contracte par voie aérienne. En toussant ou éternuant, le patient émet des bacilles de Koch responsables de la maladie. La contagion est possible entre un malade contagieux et un bien portant réceptif. Tous les lépreux ne sont pas contagieux. Il y a aussi des organismes qui ne font jamais la lèpre. Le problème est que dans nos pays, le dépistage est tardif. Le patient se demande d’abord, si on ne lui a pas jeté un sort. Ensuite, il va fréquenter les guérisseurs, charlatans et diseurs de bonnes nouvelles. Et c’est quand il commence à avoir des doigts crochus qu’il vient dans une formation sanitaire.
S. : Quelles sont les activités-phares de l’ABRF ?
J. O. : Notre travail essentiel est la sensibilisation et l’information du grand public. Aussi, nous organisons les anciens malades en leur octroyant des micro-crédits afin qu’ils puissent se prendre en charge. Avec le soutien de l’Union des associations Raoul Follereau, nous essayons de les accompagner.
S. : Peut-on un jour éradiquer la lèpre ?
J. O. : Oui et non. Nous travaillons à amener cette maladie à sa plus simple expression dans notre pays. Mais pour éradiquer la lèpre dans le monde, il n’y a qu’un vaccin qui puisse le faire. Et les recherches pour un vaccin piétinent. Au sens épidémiologique du terme, on peut parler d’élimination, c’est-à-dire de contrôle de la maladie jusqu’à sa petite simple expression.
S. : Des conseils à l’endroit des populations ?
J. O. : Le traitement de la lèpre est gratuit. Quand vous voyez des tâches sur la peau, allez-y dans une formation sanitaire. Dépistée tôt, la lèpre se guérit sans mutilations ni séquelles.
Interview réalisée
par Boureima SANGA
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