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Revue de presse de Santé tropicale

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Guy-Gilbert Mavoungou-Makosso : « Le Centre national de traitement de l'ulcère de Buruli à Madingo-Kayes est confronté à de sérieuses difficultés »

Les dépêches de Brazzaville | Congo-Brazzaville | 17/11/2011 | Lire l'article original

Ce cri du cœur est celui du chef du Centre de santé intégré (CSI) et du Centre national du traitement de l'ulcère de Buruli à Madingo-Kayes dans le Kouilou, localité située à une cinquantaine de kilomètres de Pointe-Noire. Guy-Gilbert Mavoungou-Makosso a confié aux Dépêches de Brazzaville les sérieuses difficultés qu'il rencontre dans la gestion quotidienne des deux centres.

Les Dépêches de Brazzaville : Depuis quand êtes-vous à la tête de ces structures ? Comment est apparue la maladie dans la localité ?

Guy-Gilbert Mavoungou-Makosso : Je suis arrivé ici en juillet 2010. La maladie existait depuis 2006 bien avant ma présence ici. Il était question que le docteur Mabiala lors d'une recherche dans la sous-préfecture de Kakamoeka fasse les premiers prélèvements pour les envoyer en Europe. Et c'est à l'issue des examens des laboratoires français, de renommée internationale, que la confirmation fut faite qu'il s'agissait de la maladie nommée ulcère de Buruli.

LDB : Est-ce que Madingo-Kayes est la seule localité du pays à être touchée par cette pathologie ? Et comment se manifeste-t-elle ?

G-G.M-M : Il y a bien d'autres localités dans le pays où les gens en souffrent sans savoir qu'il s'agit d'ulcère de Buruli. Ici dans le Kouilou, ce sont presque la totalité des localités qui sont concernées, la plus touchée étant la sous-préfecture de Kakamoeka. Nous recevons aussi d'autres malades qui viennent du Niari, de Pointe-Noire et de Brazzaville.

La maladie peut se manifester soit sous forme d'un nodule sur la peau provoquant des gonflements non douloureux d'environ 3 cm de diamètre. À ce stade, si le malade arrive vite au centre, il est guéri. Il y a aussi la plaque, qui au toucher, rend la peau très dure comme du carton. Cette forme peut être difficile à traiter. Et si la personne n'arrive pas assez vite au centre, cela peut entraîner des déformations physiques du malade. L'autre forme, c'est l'œdème, un gonflement étendu et indolore souvent sur les bras et les jambes. Cette forme est difficile à traiter, et dès ses premiers symptômes, il faut vite arriver au centre. Enfin, il y a l'ulcère, le stade où se creuse la plaie étendue et blanchâtre présentant des poches qui contiennent le microbe responsable de la maladie. Si le malade est traité à la tradition, il court le risque de voir cette plaie se transformer en cancer et la seule issue est l'amputation de la jambe ou du bras.

LDB : La population parlerait, semble-t-il, d'un mauvais sort. Acceptez-vous cette opinion ?

G.G-M.M : Non bien sûr. Dès l'apparition de la maladie, les communautés ont eu des interprétations de toute sorte allant jusqu'à s'accuser mutuellement de sorcières. Et les gens se sont entretués. C'est pourquoi depuis lors, nous organisons des campagnes de sensibilisation dans des campagnes pour leur dire que la maladie d'ulcère de Buruli n'est pas due à un mauvais sort, ni à la sorcellerie. Elle est plutôt causée par un microbe bien connu appelé le « micro-Bacterium-ulceros », un microbe se trouvant souvent à proximité des nappes d'eau, des marais, des lacs et autres eaux stagnantes. Le problème est que l'agent vecteur qui transmet la maladie n'est pas connu avec certitude. Certains parleraient des insectes d'eau. La première mesure à prendre est de conseiller la population de ne pas être en contact direct avec les eaux de cette nature.

LDB : Par rapport à vos interventions curatives et vos campagnes de sensibilisation, les gens ont-ils bien compris que la maladie était due à un microbe ?

G.G-M.M : Cette question est un véritable casse-tête pour nous. Malgré des campagnes de sensibilisation par série que nous organisons dans les localités même les plus reculées, certaines gens continuent d'éviter de venir au centre et orientent les malades vers les féticheurs. Et ce sont ces mêmes personnes qui nous amènent des malades arrivés à un stade très avancé de la maladie avec un organe irrécupérable. Et dans ce cas, nous sommes obligés de conduire les malades à Pointe-Noire chez le docteur Bissila Moukala pour des interventions chirurgicales. Heureusement certains ont compris notre message et arrivent au centre qui, rappelons-le, les traite gratuitement.

LDB : Avez-vous des aides pour faire face aux malades qui vous arrivent de presque partout ?

G.G.M.M : La seule à nous aider est la fondation française Raoul Follereau appuyée par l'association Maine-Congo de Delphine Mbaya, basée en France.

LDB : Quelles sont les statistiques depuis que la maladie a été déclarée dans la zone ? Quel est son traitement ?

G.G.M.M : Les statistiques dites officielles, sont des cas que nous avons dépistés et d'autres qui viennent volontairement se faire soigner. On a enregistré 20 cas en 2006, 30 en 2007, 14 en 2008, 28 en 2009 et 2010, 25 en 2011. En revanche, de nombreux cas nous échappent. À peine hier, on m'a appris que dans le village Touba à Kakamoeka, il y avait quelques personnes qui présenteraient des symptômes. Il faut que je m'y rende rapidement pour ne pas qu'elles aillent chez les féticheurs. Même chose pour les villages environnants des lacs Ndinga, Nanga et Koufauli tels que Tchisséka et Louaka.

L'hospitalisation va de deux mois à une année. Les malades sont mis sous traitement d'un produit spécifique appelé « streptomycine et rifampicine » pendant cinquante-six jours. Et au-delà, des pansements réguliers sont nécessaires pour cicatriser la plaie dont la durée est lente. Mais il faut souligner une certitude : la maladie n'est pas contagieuse.

LDB : Parlez-nous des difficultés que vous rencontrez dans la gestion de ces deux centres ?

G.G.M.M : Elles sont financières, matérielles et en ressources humaines. Les malades arrivent des villages lointains avec leurs familles et ils sont hospitalisés. Il faut les soigner et les nourrir. Mais les médicaments manquent parfois. Autre souci : les centres ne sont pas électrifiés. Quand le groupe électrogène est tombé en panne, il a fallu près de 300 000 FCFA pour le réparer.

Bien d'autres problèmes nous empêchent d'être plus opérationnels. Ainsi : il n'y a ni laboratoire ni laborantin pour des diagnostics appropriés pouvant conduire aux traitements appropriés de certaines autres pathologies ; les centres manquent de moyens roulants et d'ambulances pour des cas d'urgence qu'il faudrait soit évacuer sur Pointe-Noire soit aller chercher à la campagne ; les bâtiments sont vétustes et d'autres sont même cassés ; nous n'avons qu'une seule sage-femme et neuf agents titulaires qui sont obligés d'être à la fois dans les deux centres et aller dans les campagnes pour différentes activités soit de vaccination, soit de traitement de paludisme.

Nous sommes le seul centre au pays qui traite l'ulcère de Buruli, mais nous sommes asphyxiés par les trop nombreuses difficultés auxquelles nous devons faire face.

LDB : Quel appel pouvez-vous lancer à la population et aux pouvoirs publics ?

G.G.M.M : L'ulcère de Buruli n'est pas une malédiction, la maladie n'est pas non plus de la sorcellerie. C'est une maladie causée par un microbe bien connu. Que les familles amènent leurs parents souffrants à temps au centre, ils seront traités et guéris gratuitement. Qu'ils arrêtent de se rendre chez des féticheurs.

L'ulcère de Buruli devient une préoccupation nationale, que les pouvoirs publics aident le centre sur le plan financier, en médicaments, en moyens roulants, en ambulances, en équipement biotechnique tout en renforçant la capacité des centres en ressources humaines.

Entretien réalisé par notre envoyé spécial à Madingo-Kayes, Faustin Akono

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