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Revue de presse de Santé tropicale

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Fistule obstétricale : ce « trou » qui continue de faire des victimes

Fraternité matin | Côte d'Ivoire | 19/07/2015 | Lire l'article original

Faute de suivi des grossesses et des mariages précoces, nombre de femmes en milieu rural et même dans certains quartiers précaires d’Abidjan continuent de souffrir de la fistule obstétricale, une maladie invalidante et dégradante. Et ce, dans une situation de marginalisation des proches. Mme Cissé Maïmouna, vient d’assister à une cérémonie de baptême d’un enfant de son quartier à Abobo Pk18. Ce fait qui paraît banal pour les autres membres de la communauté à laquelle elle appartient, n’a pas la même signification pour cette mère de famille. Elle qui, pendant plusieurs années, a vécu à l'écart de la vie sociale parce qu’elle souffrait d’une fistule obstétricale. « J’étais toujours mouillée et je dégageais en permanence une odeur d'urine ou de matières fécales. Je vivais un drame, moi qui aimais tant la vie communautaire », se souvient dame Cissé.

La quarantaine révolue, cette mère de famille revient de loin. Grâce à une Organisation Non Gouvernementale (ONG) internationale qui organisait une opération de lutte contre les fistules obstétricales à l’intention des femmes vulnérables des différents quartiers précaires d’Abidjan, elle a bénéficié gracieusement d’une intervention chirurgicale.

Totalement guérie, rayonnante et épanouie, elle a repris son activité de vente de poisson fumé au marché d’Abidjan-Attécoubé.

Son mari, qui l’avait répudiée-pourtant ils étaient légalement mariés et avaient en commun six enfants-mène depuis des jours des démarches pour faire revenir sa femme à la maison.

Après plusieurs tentatives de réconciliation qui ont duré plus de deux mois, Mme Cissé a accepté de rejoindre son foyer. « Je l’ai fait pour mes enfants », insiste-t-elle.

Angèle Konan, ex-étudiante en sociologie à l’Université d’Abidjan-Cocody a dû abandonner les études alors qu’elle était très brillante. « Après mon accouchement, j’ai découvert que je n’arrivais plus à retenir mon urine », indique la jeune femme, les yeux embués de larmes. Sa mère, Mme Ahou Juliette, qui est à ses côtés pense que c’est un mauvais sort qui a été jeté à sa fille parce qu’elle travaille bien à l’école. « Ce qui est curieux, quand elle est à la maison, elle n’urine pas. Mais c’est quand elle va au cours parmi ses camarades qu’elle fait pipi sur elle », soutient la mère de l’ex-étudiante.

Persuadés que des gens en veulent à leur fille, les parents de Mlle Konan ont fait le tour de tous les guérisseurs, marabouts et lieux de prières de la capitale économique ivoirienne et ses environs pour retrouver l’auteur ou les auteurs.

Un ami de la famille a fini par les convaincre de consulter un médecin. C’est là qu’ils apprennent qu’il s’agit en fait d’une fistule obstétricale à la suite d’un accouchement très compliqué. Les parents ont pu réunir la somme demandée par les médecins traitants pour les soins de leur progéniture. Angèle Konan, elle, n’a désormais plus qu’une idée en tête, être opérée et reprendre les études. Même si elle a des années universitaires en retard.

Si Mme Cissé Maïmouna et Angèle Konan ont pu trouver une solution à cette maladie, ce n’est pas le cas pour nombre de femmes vulnérables vivant dans les quartiers précaires d’Abidjan et aussi en milieu rural.

Qu’est-ce qui provoque la fistule obstétricale ?

Selon le dictionnaire médical, la fistule obstétricale est la constitution d'une communication anormale (une fistule) entre la vessie et le vagin (fistule vésico-vaginale) ou entre la vessie et le rectum (fistule vésico-rectale).

Une étude socio-anthropologique sur les fistules obstétricales en Côte d’Ivoire de UNFPA-Côte d'Ivoire de 2008 révèle qu’en Côte d’Ivoire dans plus de 95% des cas, les fistules sont d’origine obstétricale, c’est-à-dire qu’elles surviennent lors d’un accouchement difficile appelé dystocie.

« La tête du fœtus qui est solide va comprimer la vessie ou le rectum et occasionner une plaie. Six jours plus tard, cette partie va se détacher. Il va rester un orifice qui va communiquer avec le vagin ou avec le rectum. Il y a la fistule urogénitale, c’est lui qui fait communiquer les voies urinaires avec les voies génitales, mais, il peut avoir des fistules recto-vaginales qui font communiquer le vagin avec les voies digestives. Les fistules urogénitales font passer les urines par le vagin et celles appelées recto-vaginales font passer les selles. On peut avoir les deux en même temps », explique le Pr. Gnagne, spécialiste en urologie, responsable des urgences de chirurgie au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Cocody.

La crise militaro-politique que le pays traverse depuis septembre 2002, a entraîné un dysfonctionnement des structures sanitaires en Côte d’Ivoire. Le manque de maternité et l’absence de personnel qualifié ont eu un impact sur la fréquentation des maternités dans certains quartiers précaires et certains milieux ruraux comme les ex-zones assiégées (Centre, Nord et Ouest).

Conséquence, « nombre d’accouchements se pratiquent loin des centres sanitaires. Des accouchements difficiles après un travail difficile prolongé et en dehors de toute assistance médicale. Ce qui fait apparaître des lésions », commente Dr. Kouadio Ernest, médecin gynécologue.

Stigmatisation

En plus de souffrir de cette maladie déshonorante, l’ignorance et la méconnaissance des fistules font que les malades sont obligés de faire également face aux attitudes de rejet et de stigmatisation.

Voisine d’une malade dans le quartier précaire de « Bori Banan » dans la commune d’Abidjan-Attécoubé, dame Sita Sidibé soutient que sa colocataire a eu ce mal à cause de ses activités sexuelles. « Elle a eu cette maladie parce qu’elle ne faisait que changer de partenaires sexuels », soutient-elle.

La voisine dont il est question est une jeune fille d’à peine 16 ans. Forcée à se marier à 14 ans dans son pays, le Burkina Faso, Bintou Sanogo a dû fuir le foyer pour rejoindre sa cousine à Abidjan.

Bintou va par la suite tomber enceinte d’un jeune du quartier. Elle cache son état à sa cousine. Ce n’est qu’au 7ème mois de sa grossesse que la cousine se rend compte que Bintou attend un enfant. Elle ne fréquentera aucune structure avant son accouchement.

Pis, elle passa trois jours avant de mettre au monde un enfant mort-né. C’est suite à l’accouchement difficile qu’elle a eu la maladie.

La jeune dame est tenue à l’écart de la famille. Bien que la maison soit petite, un petit espace a été aménagé pour elle. Elle ne sort presque pas de « cette chambre ». Elle prend ses repas sur place. Il lui est interdit d’utiliser les mêmes couverts que les autres membres de la famille.

Certaines personnes pensent que la maladie est contagieuse. Mme Korotoum Sylla, une jeune femme qui vient à peine de sortir de l’adolescence. Elle a 17 ans et a eu la maladie à la suite de l’accouchement de son deuxième enfant. Vivant dans la cour familiale de son mari avec sa coépouse, elle a été chassée de la maison par sa belle-famille. « Il m’a été signifié que si je restais toujours dans mon foyer, j’allais contaminer la deuxième femme de mon mari qui, elle aussi attendait un enfant ».

Cette ignorance n’est pas seulement le fait de personnes analphabètes. Certains Ivoiriens, bien que scolarisés, continuent d’expliquer la maladie par des croyances populaires. Ange Dogba, institutrice dans une école primaire publique d’Abidjan-Cocody, pense que c’est un sort qui est jeté aux femmes victimes de cette maladie honteuse. « C’est un mauvais sort que certains garçons leur jettent. Il s’agit des femmes qui passent leur temps à tromper les garçons qui les draguent alors qu’elles n’hésitent pas à prendre leur argent », soutient-elle. Avant d’ajouter qu’elles sont possédées.

Théodore Kouadio

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