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Revue de presse de Santé tropicale

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Drépanocytose : le think tank AGORAH plaide pour la poursuite des recherches sur le phyto-médicament FACA

Le Faso | Burkina Faso | 25/07/2017 | Lire l'article original

La journée internationale de la drépanocytose a été célébrée le 19 juin 2017. Elle a permis de marquer un arrêt sur cette maladie héréditaire qui touche 5 à 7 % de la population africaine. A cette occasion, le débat sur la prise en charge a été relancé, et notamment sur l’accès aux médicaments pour les patients drépanocytaires.

Du fait de sa prédominance africaine, les grandes firmes pharmaceutiques ont jusque-là fait preuve d’un certain manque d’intérêt dans la quête d’innovations thérapeutiques pour le traitement de la drépanocytose. Et c’est là tout le mérite du FACA, un phyto-médicament (médicament à base de plante médicinale) issu de la pharmacopée burkinabè. Le FACA a été mis au point par les chercheurs de l’Institut de Recherche en Sciences de la Santé (IRSS) et homologué au Burkina Faso par le Ministère de la Santé en 2010. Depuis lors, le produit est aussi exporté par des circuits informels vers d’autres pays africains et même au-delà du continent.

Malgré l’espoir suscité et entretenu par le FACA, il ne cesse de faire l’objet de critiques allant crescendo de la part de l’establishment médico-scientifique suscitant de plus en plus de la méfiance et des réserves à son égard. Fort de son intérêt dans la lutte contre la drépanocytose, et convaincus de son potentiel médical et économique, nous faisons un plaidoyer pour la poursuite des recherches sur le FACA afin de l’élever au rang de médicament moderne commercialisable partout dans le monde.

1. Origines et processus de développement du FACA

Le FACA est un médicament traditionnel amélioré (MTA) issu des écorces des racines de deux plantes médicinales de la flore Burkinabè, à savoir Fagara xanthoxyloides (FA) et Calotropis procera (CA). A l’origine, c’était une recette de la pharmacopée traditionnelle. En 1990, un doctorant en Médecine qui enquêtait sur des recettes tradi-thérapeutiques au Nord du Burkina Faso fît la connaissance d’un tradipraticien qui lui dévoila la composition de sa recette contre la drépanocytose. Par la suite, une forme de partenariat fut consentie entre le dépositaire traditionnel et l’équipe de recherche de l’Université de Ouagadougou conduite par le Professeur Innocent Pierre Guissou.

Ainsi, commença deux passionnantes décennies de recherche et de développement sur les deux plantes médicinales ayant abouti au FACA. Entre autres études, on peut retenir une enquête ethnopharmacologique (thèse en 1991) ; une évaluation de l’évidence ethno-médicale sur 30 enfants drépanocytaires SS et SC ; des études précliniques évaluant les activités biologiques antifalciformante, anti-inflammatoire, antipyrétique et myorelaxante ; des études toxicologiques conduites en 1998 ; une étude pharmaco-clinique menée sur des enfants au CHU Yalgado Ouédraogo en 1995. L’identification des principes actifs intervient en 2004 et 2009 et sont baptisés « burkinabines » A, B et C. En 2006, les premières gélules du FACA sont produites par U-Pharma, société d’Etat alors sous la responsabilité technique du Dr Badioré Ouattara. Le développement du FACA a été financé par le gouvernement burkinabè appuyé par des partenaires financiers et techniques dont l’Organisation mondiale de la santé, l’Université de Liège et l’UEMOA.

Le FACA a reçu plusieurs distinctions dont la « coupe de la meilleure invention dans le domaine de la santé » au Forum International des Inventions et Innovations Technologiques (FNIIT) au Niger le 12 novembre 2011, et le premier Prix du Forum National de la Recherche Scientifique et des Innovations Technologiques (FRSIT) en 2012 au Burkina Faso.

2. Autorisation de mise sur le marché du FACA

Le 28 mai 2010, le FACA a obtenu une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) au Burkina Faso. Cette AMM concerne les formes gélules (80 mg et 160 mg) qui ont été enregistrées sur la base d’un dossier introduit dans la catégorie « Médicaments issus de la pharmacopée traditionnelle ». En effet, la réglementation pharmaceutique au Burkina Faso prévoit et encadre la mise sur le marché de médicaments traditionnels, avec des procédures et un niveau d’exigence différents de ceux des médicaments modernes.

Il est donc inexact de dire que le FACA a été mis sur le marché par la seule volonté politique, comme il nous a été donné de lire dans un article récemment paru dans le journal Le Monde. En effet, les preuves requises pour les phytomédicaments comme le FACA reposent aussi sur l’évidence ethno-médicale, c’est-à-dire que l’efficacité et l’innocuité proviennent empiriquement de longues expériences d’utilisation par les populations locales. Une forme sirop du FACA a récemment été mise au point mais celle-ci n’a pas encore d’AMM.

Depuis 2011, le FACA fait partie de la Liste Nationale des Médicaments Essentiels au Burkina Faso. Malheureusement, à ce jour il n’a pas encore d’AMM en dehors du Burkina Faso alors qu’il fait l’objet d’une forte demande dans d’autres pays, notamment en Afrique centrale.

3. Commercialisation du FACA

La commercialisation du FACA est pour l’instant limitée au Burkina Faso où elle a obtenu son AMM. Toutefois, on observe une exportation vers d’autres pays à travers des canaux informels. Le prix public est de 4500 francs CFA pour les 100 gélules de 160 mg, et de 3850 francs CFA pour les 100 gélules de 80 mg. Pour l’instant, U-Pharma, l’unité de production du FACA, joue à la fois le rôle de fabricant et de distributeur vers les officines pharmaceutiques. L’enregistrement du FACA dans d’autres pays faciliterait son exportation, mais il faudrait au préalable travailler à améliorer le dossier technique avec des données fondamentales et cliniques plus probantes.

L’une des menaces à la production du FACA sur le long terme réside dans la disponibilité limitée des matières premières. Le Fagara xanthoxyloides est retrouvé uniquement dans la partie Ouest du Burkina Faso, si bien qu’un passage à l’échelle de la production nécessiterait une intensification de la culture de cette plante, déjà initiée à juste titre par les promoteurs du FACA. Une nouvelle filière pourrait ainsi naître pour les paysans et autres agro-businessmen.

Il y a lieu à terme d’envisager la synthèse chimique afin de diminuer la dépendance aux matières premières végétales. Toutefois, cela demande de connaître avec précision le mécanisme moléculaire par lequel les Burkinabines A, B et C produisent leurs effets thérapeutiques. Il sera tout aussi nécessaire de renforcer les capacités de production et de passer à un modèle de gestion et d’exploitation plus réaliste et donc plus viable. Présentement, U-Pharma dépend essentiellement du budget alloué au Ministère en charge de la recherche et de l’innovation ; ceci constitue un frein à la production industrielle du FACA.

4. Des griefs faits au FACA

Depuis sa mise sur le marché, le FACA fait l’objet de nombreuses récriminations. Si certaines paraissent purement spéculatives, d’autres plus objectives handicapent l’homologation du médicament hors du Burkina Faso, et méritent être rappelées ici.

1) L’inachèvement des recherches fondamentales

Les recherches fondamentales sur le FACA ont certes permis d’identifier les Burkinabines A, B et C comme les principes actifs, mais le mécanisme précis par lequel le FACA produit ses effets antifalciformiants reste à élucider.

2) L’inachèvement des recherches cliniques sur le FACA

Dans la Médecine moderne contemporaine, la méthode classique pour prouver qu’un médicament est efficace et sûr, et par conséquent commercialisable, est le passage par les essais cliniques randomisés en double aveugle, précisément de phase III. Cela consiste à comparer les effets du médicament à ceux d’un placebo (substance inactive) ou d’un autre médicament sur un nombre conséquent de patients qui reçoivent soit le médicament expérimental, soit l’autre produit sur la base d’un simple tirage au sort. La qualification « double aveugle » signifie que ni le patient ni le médecin investigateur ne peut distinguer le placebo du médicament expérimental. Tout ceci a pour but de déterminer avec la plus grande rigueur l’effet réel du médicament expérimental en dehors de tout effet psychologique et d’un quelconque penchant du chercheur. L’essai est souvent qualifié de « multicentrique », c’est-à-dire qu’il se fait dans plusieurs sites d’investigation, souvent indépendants les uns des autres.

Dans le cas du FACA, les recherches cliniques ont concerné une quarantaine d’enfants de 5 à 15 ans au CHU Yalgado Ouedraogo de Ouagadougou, suivis pendant des crises aigues drépanocytaires. Malgré l’intérêt d’une telle étude, toute demande d’AMM dans d’autres pays, notamment en dehors de la zone UEMOA, nécessiterait des études multicentriques enrôlant un nombre plus important de patients (au moins quelques centaines).

3) L’absence de brevet sur le FACA

Les résultats des travaux sur le FACA n’ont pas été protégés par un quelconque brevet. De ce fait, le procédé n’est pas à l’abri d’éventuelles imitations. Seule l’appellation « FACA » constitue une marque déposée auprès de l’Organisation Africaine de la Propriété intellectuelle. D’autres équipes dotées de moyens plus poussés pourraient partir du FACA et aller jusqu’à l’identification et la purification du composé chimique à la base des effets du FACA, avec possibilité de brevet. Cela pourrait de facto entraîner une dévalorisation du FACA dont le principe actif reste vaguement identifié comme « Ecorces de racines de Fagara xanthoxyloides + Ecorces de racines de Calotropis procera ».

5. De la nécessite de poursuivre les recherches sur le FACA

On peut percevoir le FACA comme étant le fleuron de la recherche pharmaceutique au Burkina Faso, mais aussi comme un espoir pour les drépanocytaires. Les recherches sur ce produit doivent être davantage poussées afin de le voir homologué et commercialisé dans d’autres pays. Les raisons en sont les suivantes.

Premièrement, le FACA contribue sans doute au rayonnement international du Burkina Faso en matière de recherche scientifique. Ce rayonnement serait plus éclatant si le produit parvenait à obtenir des AMM dans d’autres pays africains, mais aussi occidentaux.

Deuxièmement, le potentiel économique du FACA est indéniable. En effet, selon l’OMS, les hémoglobinopathies sont endémiques dans plus de 60% des pays du monde et environ 5% de la population mondiale serait atteinte d’hémoglobinopathies majeures dont la drépanocytose. D’après la firme Grand View Research (www.grandviewresearch.com), le marché mondial des hémoglobinopathies se chiffre en milliards de dollars avec des projections optimistes sur les années à venir. Le FACA pourrait aller à la conquête d’un segment de ce marché, à commencer par l’Afrique subsaharienne où les médicaments conventionnels s’avèrent trop coûteux mais pas toujours efficaces.

Troisièmement, au-delà de son opportunité, un essai clinique de phase III aux standards internationaux avec le FACA est faisable au Burkina Faso. En effet, le pays dispose de capacités humaines et infrastructurelles pour conduire un tel essai. Sans être exhaustif, on peut citer les plateformes de recherche ayant des expériences avérées en la matière comme le Centre MURAZ de Bobo Dioulasso, l’Unité de Recherche Clinique de Nanoro et le Centre National de Recherche et de Formation sur le Paludisme de Ouagadougou. Avec les hôpitaux universitaires et les cliniques privées qui constituent de potentiels sites de recrutement et de suivi de patients, l’essai a la possibilité d’être multicentrique. On pourrait même envisager une collaboration sud-sud avec d’autres centres de recherche en Afrique.

Enfin, un projet de poursuite des recherches sur le FACA est financièrement faisable. Le Plan National de Développement Economique et Social (PNDES) constitue une opportunité pour conduire de tels travaux sur le FACA en ce sens qu’il offre un cadre institutionnel mais aussi de financement. En effet, une telle entreprise cadrerait parfaitement avec les objectifs spécifiques 2.1. « Promouvoir la santé des populations et accélérer la transition démographique » et 2.3. « Promouvoir la recherche et l’innovation au service de la transformation structurelle de l’économie ». La société d’Etat U-Pharma pourrait s’ouvrir aux capitaux privés ; elle pourrait aussi rechercher des fonds philanthropes tant au plan national qu’international.

Conclusion

Le FACA est une réponse intéressante au problème de santé publique que pose la drépanocytose, notamment dans les pays d’Afrique subsaharienne. Il illustre le potentiel scientifique des pays Africains malgré les moyens technologiques et financiers limités. Pour conquérir le juteux marché international du traitement de la drépanocytose, il est essentiel de renforcer la production du FACA à travers une sécurisation durable de l’approvisionnement en matières premières, de développer le circuit de commercialisation, et de surtout poursuivre les recherches. Les moyens humains et les infrastructures disponibles au Burkina Faso permettent de conduire des essais cliniques de phase III conformes aux standards internationaux sur le FACA. Quant aux financements, ils pourraient provenir de plusieurs canaux, dont le partenariat public privé et le mécénat. L’Etat au plus haut niveau devrait accompagner un tel projet qui, s’il aboutit, matérialiserait une voie exemplaire à suivre.

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