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Internet Gabon | Gabon | 07/04/2007 | Lire l'article original
Ce communiqué, tel que formulé, peut faire croire aux hommes circoncis, et à ceux qui iraient se faire circoncire, qu'ils sont ou qu'ils seront protégés d'une contamination parle VIH. Ce qui est faux. Mais il peut surtout détruire tous les efforts accomplis depuis plus de vingt ans par les Etats et les ONG en vue de faire adopter le port du préservatif et induire un changement de comportements.
Il faut donc tempérer l'espoir trompeur que suscite cette nouvelle par quelques remarques.
Première remarque :
Selon les études à l'origine du communiqué, l'effet protecteur résulterait d'une part de la réduction de la surface de la peau (celle du prépuce qui est enlevée lors de la circoncision) et d'autre part d'une transformation des cellules de la surface du gland qui se recouvrirait de cellules semblables à celles de la peau, limitant ainsi l'entrée du VIH. Cette protection ne concerne donc que la surface du gland et n'est valable que dans la mesure où cette surface n'est pas lésée. Or, tout comme sur la peau de la verge, des écorchures ou des micro-lésions (invisibles à l'oeil nu) dues aux frottements ont souvent lieu lors des rapports sexuels ... Et dans ce cas, circoncision ou pas, elles sont source de contamination pour tous les hommes lorsque la partenaire est infectée.
Deuxième remarque :
Il ne faut surtout pas perdre de vue que plus de 80 % des hommes au sud du Sahara sont circoncis, dans le respect de coutumes ancestrales qui ont précédé les religions chrétienne et musulmane et perdurent. Très rares, et représentant des populations peu nombreuses, sont les ethnies qui ne la pratiquent pas. Ce fort taux de circoncision n'a pas empêché l'extension fulgurante de la pandémie depuis 25 ans dans 4 des sous-régions de l'Afrique où l'on estime à plus de 40 Millions le nombre de personnes vivant avec le VIH, dont presque la moitié sont des hommes...et qu'ils sont presque tous circoncis !
Troisième remarque :
L'étude faite en Guinée Bissau (revue de presse du Crips le 08/03/2006) a montré que le taux de séroprévalence des hommes circoncis était de 6% contre 10 % pour les non circoncis (qui représentent moins de 15% de la population bissau-guinéenne). Ceci montre à l'évidence que la circoncision, si elle protège un peu plus l'homme circoncis, n'est pas la solution miracle ni une protection à 100%, loin de là, et ne doit surtout pas faire négliger le recours aux préservatifs.
Quatrième remarque :
Les études plus récentes faites en Afrique de l'Est et du Sud (Revue de presse du Crips le 29/03/07) font calculer à l'OMS que la circoncision réduirait de 60% le risque de transmission hétérosexuelle du virus à l'homme et, selon des projections à 20 ans, pourrait éviter 5,7 millions de nouvelles contaminations. Mais cela ne peut concerner que les éventuels nouveaux circoncis.
Dans le même temps, ces mêmes autorités et organismes onusiens
alertent les Etats africains et en appellent à leur vigilance (Le Figaro
du 29/03/07) face à l'expansion de la pandémie sur le continent,
faisant plus de 3 millions de nouvelles infections et causant plus de 2 millions
de décès par an, malgré la circoncision existante.
En février dernier, le président ougandais s'est élevé
publiquement contre ces messages d'information relatifs à la protection
par la circoncision, estimant qu'ils semaient une grande confusion parmi les
populations, apportant un espoir trompeur pouvant provoquer l'abandon du port
du préservatif et induire un relâchement dangereux de la lutte
contre le SIDA.
Pour coller plus à la réalité, il faut renverser l'information et raisonner ainsi puisque les études scientifiques montrent une certaine protection de l'homme circoncis par rapport au non-circoncis, on doit seulement en conclure que, si la grande majorité des hommes n'étaient pas circoncis au sud du Sahara, on aurait aujourd'hui 60 % d'hommes contaminés en plus, soit environ 14 millions. Et on peut dire merci à la circoncision de nous avoir évité cette catastrophe supplémentaire ! Mais de là à y voir une technique de protection valable, non. Surtout pas.
En conclusion, circoncis ou non circoncis, tout homme qui ne se protège pas est un "contaminé en puissance" et un " potentiel contaminant" pour sa ou ses partenaires. Tant qu'on n'a pas trouvé un médicament CURATIF pour ceux qui sont contaminés, et un vaccin PREVENTIF pour les autres, la meilleure sécurité est d'avoir TOUJOURS des rapports protégés par un préservatif, avec tout partenaire dont on ne connaît pas le récent statut sérologique.
* Secrétaire général Opdas-Gabon
Source : Journal L'Union Plus du 07 au 09 Avril 2007
Par Maïté MAPANGOU*
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