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GUINEE MADAGASCAR MALI R.D. CONGO SENEGAL TOGO
Le Monde | France | 02/03/2021 | Lire l'article original
La capitale économique ivoirienne, qui concentre 95 % des cas de contamination du pays, immunise d'abord les travailleurs de la santé, de l'enseignement et des forces de l'ordre.
Sous la tente du premier centre de vaccination d'Abidjan, « L'Américain » et « La Masse » filment fièrement l'évènement. Les deux sergents aux surnoms brodés sur leur uniforme sont « heureux et soulagés » d'être parmi les premiers Ivoiriens vaccinés contre le coronavirus. Christian Kouamé Koffi et Anicet Goba de leurs vrais noms partagent chaque moment avec leur entourage sur les réseaux sociaux...
« Je filme pour montrer à ma famille et aux amis que la maladie existe vraiment et qu'il y a une solution », développe Christian Kouamé Koffi. Selon lui, si les politiques, les médecins et ses supérieurs se vaccinent, « c'est qu'on peut avoir confiance ». De par son statut, il estime avoir « la responsabilité » d'en parler au plus grand nombre. Quelques heures plus tôt, lundi 1er mars, la campagne de vaccination avait officiellement été lancée en Côte d'ivoire par des ministres et des hauts gradés. Patrick Achi (65 ans), secrétaire général de la présidence ivoirienne, fut le premier Ivoirien à recevoir l'une des 504 000 doses du vaccin AstraZeneca, livrées le 26 février dans le pays.
Se faire vacciner est « un devoir patriotique », a affirmé M. Achi, ajoutant que la vaccination offre « l'espoir d'un retour à la normale dans les mois à venir ». Le ministre ivoirien de la santé, Eugène Aka Aouélé, a indiqué que la première phase de la campagne ne concernait qu'Abidjan et son district qui sont « l'épicentre de l'épidémie au niveau du pays avec 95 % des cas positifs ».
Pour autant, depuis le début officiel de la crise sanitaire sur le territoire ivoirien en mars 2020, les chiffres n'ont jamais explosé : environ 33 000 cas de contamination au coronavirus et moins de 200 décès dus au Covid-19 au 1er mars. A tel point que le premier centre de vaccination du pays, grande tente installée dans la cour du Palais des sports de Treichville, à Abidjan, abritait auparavant un centre de détection et de prise en charge des cas. « Mais heureusement pour nous, les chiffres n'ont jamais trop grimpé. On a donc pu le transformer en centre de vaccination », souligne le docteur Amidou Koné, responsable de la sécurité des vaccins.
En Côte d'Ivoire, la vaccination se fera en plusieurs étapes. Tout d'abord, le personnel en première ligne : des volontaires de plus de 18 ans faisant partie du corps médical, de l'enseignement et des forces de l'ordre ivoiriennes, publics considérés par l'Etat comme « les plus exposés dans le cadre de leur profession ». Viendront ensuite les plus de 50 ans, les malades chroniques et les voyageurs internationaux.
Après le Ghana, la Côte d'Ivoire est le deuxième pays à recevoir des vaccins gratuits contre le coronavirus grâce au dispositif Covax. Appuyé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Unicef, codirigé par plusieurs grands organismes médicaux internationaux, le système Covax vise à fournir des vaccins à 20 % de la population de près de 200 pays, mais il comporte surtout un mécanisme de financement qui permet à 92 économies à revenus faibles et intermédiaires d'avoir accès aux doses. L'idée : éviter que les pays riches n'accaparent l'ensemble des stocks de vaccins produits en quantité encore trop insuffisante pour répondre à la demande mondiale.
L'Unicef aide également le gouvernement ivoirien à la lutte contre la désinformation. Car, depuis son arrivée, le Covid-19 suscite de nombreux doutes au sein de la population. Et, selon l'organisation onusienne, seuls 45 % des Ivoiriens seraient aujourd'hui favorables à la vaccination. « Il y a encore tout un travail de communication à faire, souligne le professeur Isaac Tiembré, membre de la coordination pour le déploiement du vaccin en Côte d'Ivoire. Ça passera par les relais communautaires, religieux et les réseaux sociaux. »
Pour rassurer, une salle de repos est réservée aux nouveaux vaccinés afin de vérifier de potentiels effets secondaires. « Mais, pour le moment, seul un patient sur les 300 vaccinés a ressenti de petites douleurs passagères aux cervicales, tient à préciser le docteur Koné. Nous avons une totale confiance en AstraZeneca. » Critiqué à ses débuts pour avoir obtenu des résultats moins concluants que ses concurrents, le vaccin suédo-britannique est en voie de réhabilitation après la publication d'une étude britannique menée en conditions réelles et selon laquelle il serait très efficace pour prévenir les hospitalisations chez les patients les plus âgés.
Des dizaines de centres de vaccination devraient bientôt ouvrir à Abidjan. Car le pays attend encore 1,5 million de doses gratuites dans les prochaines semaines. La Côte d'Ivoire devrait également en acheter une partie pour vacciner 70% de sa population soit plus de 19 millions de personnes. « Ça fait un an que je suis bloquée, souffle Alphonsine Sylla, enseignante et entrepreneuse qui voyage beaucoup. Il est temps que tout le monde puisse retrouver son travail et continuer à avancer. »
Youenn Gourlay(Abidjan, correspondance)
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