Résumé

Le cancer du sein constitue un des cancers les plus fréquents au monde. Le tamoxifène est un anti-oestrogène synthétique développé en 1969 comme un contraceptif potentiel. Il s’est révélé par la suite comme une hormonothérapie adjuvante efficace, permettant de réduire le risque récidive de 25 % et la probabilité de décès de 17 % quand il est administré pendant au moins deux ans à la dose journalière de 20 à 40 mg. le traitement au long cours s’accompagne de modifications endométriales pouvant aller jusqu’au cancer. Les cas de cancers rencontrés étaient représentés surtout par des adénocarcinomes.
Récemment il a été décrit des cas isolés de tumeurs mullériennes mixtes (TMM) après administration de tamoxifène (TAM). La découverte d’un cas supplémentaire dans notre institution nous offre l’opportunité d’attirer l’attention des praticiens sur la nécessité de la surveillance de l’endomètre au cours du traitement des cancers du sein par TAM, de faire une revue de la littérature et de discuter le rôle étiologique de cette exposition.
Quatre arguments permettent de suspecter le rôle étiologique du tamoxifène dans la survenue des TMM :

1. la latence suffisamment longue précédant l’affection,
2. la survenue fréquente de lésions pré-cancéreuses (polypes et hyperplasie atypique de l’endomètre) précédant la maladie,
3. la coexistence fréquente de la maladie avec ces lésions,
4. l’agrégation de cas de cette forme histologique inusuelle après exposition au TAM.

Mais seules de larges enquêtes étiologiques permettront de trancher définitivement la question de l’imputabilité de cette affection à l’exposition.

Summary
Mullerian mixed tumours following tamoxifen therapy in breast cancer (Report of a case and review)

Breast cancer remains one of the major cause of mortality and morbidity world-wide. Tamoxifen is a synthetic anti-oestrogen developed in 1969 as a potential contraceptive. When given orally, at a daily dose of 20 to 40 mg, it was found to be very effective in breast cancer hormonotherapy and reduces the risk of recurrence by 25 % and the probability of dying from this cancer by 17 %.
Long term use of the drug exposes to endometrial chan-ges including, mainly, adenocarcinoma of the endometrium. Recently some cases of Mullerian mixed tumours of the endometrium following tamoxifen use was described. The finding of one case give us the opportunity to draw the attention of physicians on the need of exploring the endometrium of all the patient treated by tamoxifen. We then reviewed the literature to discuss the possible carcinogenic effect of exposure to tamoxifen.
Arguments in favour of a potential role of tamoxifen are as follows :

1. The latency is of sufficient duration,
2. In some cases, the cancer appeared on preexisting endometrial lesions (polyps and atypical endometrial hyperplasia),
3. The cancer has been preceded by frequent preexisting endometrial lesions (polyps and atypical endometrial hyperplasia),
4. The histologic type of this tumour is unusual in the general population and seems to be increased among those exposed to tamoxifen.

The etiologic hypothesis obtained by these cases reports needs to be confirmed by large-scale epidemiological investigation.