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Médecine d'Afrique noire

Publié dans Médecine d'Afrique Noire 6503 - Mars 2018 - pages 169-175

Docteur Aboubakar Assidick Taoussi Impacts de l’anosmie sur la vie socio-professionnelle. A propos de 180 cas dans une population tchadienne   Article Open access   note

Auteurs : A.A. Taoussi, D. Ouangbi - Tchad


Résumé

Introduction : L’anosmie observée dans la population Hadjaraï au Tchad est congénitale et serait d’origine génétique. Le but de cette étude était de déterminer si l’anosmie affectait la qualité de vie et les activités quotidiennes des personnes atteintes.
Patients et méthodes : Il s’agit d’une étude prospective, descriptive et comparative concernant 684 personnes, toutes des Hadjaraï, âgées de plus de 15 ans. Elles ont été réparties selon leur état olfactif en deux groupes : un groupe des anosmiques composé de 180 personnes et un groupe des normosmiques comportant 504 personnes. Un questionnaire a été adressé à chaque sujet. Nous avons utilisé le test de Khi-deux de Pearson pour comparer les fréquences de réponse de deux groupes (anosmiques et normosmiques) et le test de corrélation pour rechercher un lien entre l’odorat et la qualité de vie ou les activités quotidiennes ; le seuil de signification étant égal à une valeur p inférieure à 0,05.
Résultats : Pour les fréquences de réponse aux questions liées à la qualité de vie et aux activités quotidiennes, une différence significative était notée entre les patients anosmiques et les sujets normosmiques (p < 0,001). Parmi les sujets ayant indiqué des handicaps, 33,3% des patients anosmiques n’éprouvaient pas de plaisir pour s’alimenter contre 6,5% chez les normosmiques ; 31,1% des anosmiques étaient incapables de contrôler leurs propres odeurs contre 4% chez les normosmiques ; 32,2% des anosmiques n’utilisaient pas du parfum contre 5% chez les normosmiques ; 28,8% des anosmiques étaient confrontés à des conflits familiaux contre 10,2% chez les normosmiques ; 83% des anosmiques étaient incapables de détecter des aliments avariés contre 0% chez les normosmiques ; 80% des anosmiques étaient incapables de détecter la fumée contre 0% chez les normosmiques ; 52, 2% des anosmiques n’utilisaient pas de l’encens contre 12,5% chez les normosmiques et 41,7% des anosmiques étaient victimes d’accidents domestiques contre 17% chez les normosmiques.
Conclusion : Les conséquences socio-professionnelles de l’anosmie sont multiples et potentiellement dangereuses. Les personnes anosmiques sont plus susceptibles d’avoir des accidents domestiques que les normosmiques.

Summary
Impacts of anosmia on socioprofessional life: about 180 cases in a Chadian population

Introduction: The anosmia observed in the Hadjarai population in Chad is congenital and is thought to be of genetic origin. The purpose of this study was to determine whether anosmia affected the quality of life and daily activities of those affected.
Patients and methods: It is a prospective, descriptive and comparative study of 684 people all Hadjarai, aged over 15 years. They have been divided according to their olfactory state into two groups: an anosmic group of 180 people and a normosmic group of 504 people. A questionnaire was sent to each subject. We used the Pearson Chi-square test to compare the response frequencies of two groups (anosmic and normosmic) and the correlation test to find a link between smell and quality of life or daily activities; the significance threshold being equal to a p value less than 0,05.
Results: For the frequency of answering questions related to quality of life and daily activities, a significant difference was noted between anosmic patients and normosmic subjects (p < 0,001). Among the subjects who indicated disabilities 33,3% of anosmic patients had no pleasure to eat compared to 6,5% in normosmics; 31,1% of anosmics were unable to control their own odors against 4% in normosmics; 32,2% of anosmics did not use perfume compared to 5% in normosmics; 28,8% of anosmics were confronted with family conflicts compared to 10,2% among normosmics; 83% of anosmics were unable to detect spoiled foods compared to 0% in normosmics; 80% of anosmics were unable to detect smoke compared to 0% in normosmics; 52,2% of anosmics did not use incense compared to 12,5% in normosmics and 41,7% of anosmics were victims of domestic accidents compared to 17% in
normosmics.
Conclusion: The socioprofessional consequences of anosmia are multiple and potentially dangerous. Anosmic individuals are more likely to have domestic accidents than normosmic patients.

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