Résumé

Introduction : Les affections mammaires posent de sérieux problèmes de prise en charge dans les pays en voie de développement. En République centrafricaine, la situation est encore plus difficile et préoccupante car les malades consultent à un stade avancé de la maladie où l'on ne dispose pas de ressources nécessaires pour assurer la prise en charge. En présence d'une tumeur du sein tout praticien doit avoir la hantise du cancer du sein en raison de son pronostic souvent sombre.
Le but de ce travail est de rapporter les aspects épidémiologiques et cliniques des affections mammaires ainsi que les difficultés diagnostiques et thérapeutiques.
Patients et méthode : L'étude a été réalisée au niveau des services de gynécologie obstétrique de l'hôpital communautaire et de chirurgie générale de l'hôpital de l'amitié. Elle est prospective sur une période de 42 mois (20 juin 1999 au 31 décembre 2002). L'échantillon est constitué des femmes suivies et traitées pour toute tumeur mammaire diagnostiquée, disposant d'un résultat de cytologie ou d'histologie. Au total 202 patientes présentaient une affection du sein. 175 dossiers éligibles ont été analysés au cours de cette étude.
Résultats : La fréquence des tumeurs du sein est de 2,7 % (202 patientes/7394 consultantes). L'âge des patientes variait de 14 à 80 ans avec une moyenne de 47 ans. La classe d'âge modale est de 30 à 39 ans (26,8 %). Les tumeurs bénignes représentent 60 % des cas. Il s'agissait des mastites(25,7 %), des adénofibromes (18,3 %), des mastoses fibrokystiques (8,6 %), puis des granulomes inflammatoires et kystes divers (7,4 %). Les tumeurs malignes représentent 40 % et sont dominées par l'adénocarcinome (24,6 %) suivi du carcinome canalaire infiltrant (6 %).
Les patientes consultent souvent à une phase avancée de la maladie surtout pour les affections malignes. Les cancers du sein étaient au stade III dans 48,6 % des cas et au stade IV dans 27,1% des cas. La chirurgie est le principal traitement des affections du sein. Elle a été utilisée dans 66,3 % des cas.
Conclusion : Les affections du sein occupent 2,7% des activités des services spécialisés à Bangui. Le pronostic des cancers est redoutable car souvent diagnostiqué aux stades ultimes. La mise en oeuvre d'un programme national de lutte contre les cancers permettra de prévenir, diagnostiquer et traiter correctement les cancers du sein.