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Guinée Conakry Info | Guinée | 08/09/2014 | Lire l'article original
En l’espace d’une semaine, Barack Obama, le président américain vient de faire deux communications autour de l’épidémie d’Ebola. En effet, il y a quelques jours, dans une vidéo exclusivement consacrée à la maladie, il réitérait les mesures d’hygiène à adopter à l’intention des populations des pays victimes. Hier encore sur NBC, mettant en avant la faiblesse des systèmes sanitaires des pays affectés, le numéro un américain a indiqué que son pays allait envoyer des ‘’éléments militaires’’ devant notamment aider à la mise en quarantaine. Une offre que le président Barack Obama justifie par la nécessité de stopper l’épidémie avant qu’elle ne soit en phase de menacer le monde entier.
Dans la même optique, l’Union européenne, pour sa part, a annoncé le vendredi dernier, le déblocage d’une enveloppe financière de 140 millions d’euros en vue d’aider au renforcement de l'offre de services publics, et de soutenir directement les systèmes de soins dans les pays les plus affectés. Une partie de l’argent devrait également être investi pour l’amélioration des systèmes d’eau et d’assainissement ainsi que pour l’installation de laboratoires mobiles en vue des tests plus prompts.
Malheureusement, si de la part de tous ces pays éloignés du continent, on manifeste de la solidarité à l’endroit des pays victimes, il n’en est pas de même entre les pays africains eux-mêmes. Pour certains comme dans le cas de la Sierra Léone, on cède à la paranoïa en décrétant « 72 heures de confinement de la population ». Selon les autorités à Freetown, les habitants de ce pays voisin seront contraints à demeurer dans leurs domiciles respectifs les 19, 20 et 21 septembre prochains. En quelque sorte, pendant ces trois jours, la quarantaine sera appliquée à la dimension de chaque foyer. L’objectif serait de débusquer les malades qui sont réticents à se déclarer de leur plein gré. Un argument qui ne passe pas au niveau des instances internationales comme l’OMS, mais aussi auprès des organismes de défense des droits humains.
Outre cette décision manifestement dictée par la panique qui n’épargne même pas les autorités au plus haut niveau, d’autres comportements stigmatisants et dégradants pour la dignité humaine sont également enregistrés de la part de certains Etats. C’est en particulier le cas du Sénégal qui, non content d’avoir fermé ses frontières, se livre littéralement à une traque des Guinéens indistinctement perçus comme porteurs du virus. Une attitude radicale et généralisée qui tient sa source dans la colère que le président Macky Sall a lui-même publiquement exprimée à l’égard du jeune étudiant guinéen, premier porteur de la maladie au Sénégal. Depuis cette sortie particulièrement inopportune du président sénégalais, ce sont les populations des zones frontalières qui arrêtent et reconduisent les Guinéens cherchant à franchir la limite entre les deux pays.
Dans la même veine, les autorités ougandaises viennent de faire subir à une délégation sportive guinéenne une humiliation sans précédent. Devant accueillir le Syli national de Guinée dans le cadre des matches éliminatoires pour la Coupe d’Afrique des Nations (CAN/Maroc 2015), les dirigeants ougandais exigent de la Guinée une délégation rigoureusement limitée à 25 membres, joueurs, encadreurs, médecins sportifs, officiels et journalistes réunis. En dépit de tous les plaidoyers, Kampala resterait intransigeante. En conséquence, la ministre des sports, Domani Doré, le président de la Fédération guinéenne de football (féguifoot), Salifou Camara Super V, et bien d’autres responsables guinéens qui étaient déjà arrivés à Paris, sont obligés de regagner Conakry.
Comme tous les autres Guinéens, ils devront se contenter de suivre la rencontre de mercredi prochain via les médias internationaux. En outre, les autorités ougandaises imposeraient à la délégation sportive guinéenne un programme aussi austère qu’exclusif. Les Guinéens n’auraient pas le droit de sortir du schéma qui va de l’hôtel au stade. Par ailleurs, aussitôt le match de mercredi terminé, on attend des Guinéens qu’ils prennent leur vol de retour.
Au-delà de la violation des principes de solidarité réciproque que requièrent tous les textes fondateurs notamment de l’Union Africaine, ce comportement est d’autant plus contreproductif que les Ougandais, eux-mêmes, seront appelés à livrer leur match retour à Conakry. Si, comme on peut l’espérer, d’ici-là, la situation s’est améliorée.
Au-delà d'Ebola, la diplomatie guinéenne est face à ses défis humains et politiques qui viennent tous confirmer un terrible déficit de solidarité africaine de la part de plusieurs Etats. Au delà de la stigmatisation, c'est désormais la diabolisation! Le Maroc et le Mali apparaissent dans ce « goulag de psychose », comme les exceptions à saluer franchement.
Boubacar Sanso BARRY
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