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Obésité : Témoignages sur un mal-vivre et poids de souffrances - Le Soleil - Sénégal - 23/07/2005
Ce qui était considéré, à l’époque, comme un signe d’aisance ou d’élégance est devenu un mal qu’il faut combattre à tout prix. Tous les âges sont confrontés, aujourd’hui, aux problèmes de débordement de poids ou de surcharge pondérale.
L’excès de poids n’épargne plus personne, aussi bien les couches aisées que défavorisées, le mal semble se propager à une vitesse foudroyante, n’épargnant ni les enfants, ni les adolescents, ni les adultes
.

Une scène qui est devenue banale s’est déroulée sous nos yeux au terrain de football de Khar-Yalla. Un jeune d’une quinzaine d’années, qui ne pouvait pas être dans la partie de football organisée par ses amis, était obligé de suivre le match le long de la touche. Son envie d’être de la partie avec ses camarades était perceptible. « J’éprouve des difficultés pour faire des courses rapides, c’est pourquoi, mes amis refusent de me prendre dans l’équipe », s’est lamenté Pape. « Quand nous jouons entre nous, nous le prenons parce que ce sont des matchs sans enjeu, mais lorsque nous rencontrons une autre équipe, nous sommes obligés de faire une sélection rigoureuse pour ne pas perdre », explique Bouna, un de ses camarades. Et vous n’imaginez pas, dit-il, que nous allons prendre Pape parmi les onze, parce que le poste qu’il va occuper serait considéré comme une place vide , du fait qu’il ne peut pas courir à cause de son poids.
Dans un établissement scolaire du centre ville, nous avons assisté à un spectacle d’un autre genre. Une adolescente, qui monte les escaliers pour rejoindre sa classe, traîne les pieds et respire comme un phoque tellement elle a de la peine à suivre le rythme de ses camarades. Insouciants des frustrations que peut ressentir leur camarade, certains parmi les élèves se sont mis à la chambrer et c’est presque les larmes aux yeux qu’elle a accueilli ces boutades. « Vous ne pourrez jamais comprendre ma peine », lance Marie d’un air dépité.

Un excès souvent difficile à gérer
On croirait, suivant ces récits, que seuls les enfants sont concernés par ce mal, mais les adultes sont aussi touchés par ce fléau qui n’a pas de frontières. C’est le cas de Anta, âgée d’une cinquantaine d’années, qui habite à Grand-Dakar. Elle se déplace avec peine, à cause de sa masse. « Je n’en peux plus, parce que mon poids me fatigue », déclare Anta. Albert, quarante ans, de taille moyenne, bouge difficilement à cause de son ventre prédominant. « Au début, je ne me faisais pas de soucis, mais actuellement cela dépasse les limites du tolérable », s’inquiète Albert, sur un ton qui ne cache pas son désarroi.
« Le poids est non seulement gênant parce qu’on se fatigue vite, mais il me cause souvent des ennuis », se lamente Anta. Lorsque je suis avec mes amies, révèle-t-elle, le regard des gens est rivé sur moi. C’est pourquoi, dit-elle, quand je suis dans un milieu où il y a beaucoup de monde, je n’ose pas me déplacer, ce qui fait que je peux rester assise sur une même place des heures durant. C’est la raison pour laquelle, soutient-elle, « je suis obligée de me déplacer en taxi, alors que je n’en ai pas toujours les moyens, ce qui fait que beaucoup de mes activités sont au ralenti ».

Une surveillance stricte de l’alimentation
Cette situation est vécue par Mamadou, un jeune d’une vingtaine d’années. « Je souffre à cause de mon excédent de poids, car tout le monde se moque de moi. Même quand on ne me le dit pas ouvertement, je le ressens dans les regards des autres », confie Mamadou.
Selon Ousmane Kâ, diététicien à l’hôpital général de Grand-Yoff (Hoggy), « L’obésité correspond à un excès de masse de graisses de l’organisme. Suivant la répartition régionale de l’excès de cette masse grasse, on distingue l’obésité androïde (abdominale ou centrale), à prédominance sus-ombilicale et l’obésité gynoïde à prédominance sous-ombilicale ». Les causes de ce mal, dit-il, sont liées soit à l’alimentation, soit à des facteurs relatifs à l’âge d’apparition, aux médicaments, à l’arrêt de tabac, soit des facteurs psychologiques ou génétiques. Mais, fait-il remarquer, « les gens mangent trop gras et sucré et les activités ne suivent pas, surtout, le sport ».
Pour la prise en charge de l’obésité, souligne-t-il, elle nécessite un ensemble de mesures et un suivi à long terme. « On ne peut obtenir de résultats satisfaisants que lorsque le patient est suffisamment motivé et est capable de maintenir son effort, pendant de longs mois ou années », estime M. Kâ. La seule mesure vraiment efficace, ajoute-t-il, c’est l’obtention d’un bilan génétique négatif, d’une part et d’autre part l’augmentation de l’exercice physique.
« Le régime nécessitera une bonne sélection des aliments satiétogènes peu caloriques et ceux qui sont riches en fibres alimentaires. Ce choix permettra au sujet de s’alimenter, afin d’éviter la faim tout en étant conforme à son régime de perte pondérale », reconnaît M. Kâ.
Donc, prévient M. Kâ, les personnes qui suppriment les déjeuners ou les dîners, pour éviter le sel dans leur alimentation pensant que cela peut leur faire du poids, doivent, avant toute prise de décision, se faire consulter pour être à même de suivre un régime après prescription médicale. « C’est lors de la consultation que le médecin va déterminer le poids que la personne doit perdre, mais cela va, surtout, permettre au médecin traitant de connaître le rythme et la durée du régime car, c’est à partir de ce moment qu’il calcule ce dont l’organisme du patient a besoin pour le répartir en petit déjeuner, déjeuner et dîner », renseigne-t-il.
Parlant du cholestérol, M. Kâ affirme qu’il est étroitement lié aux graisses animales, donc aux graisses saturées. Mais si l’organisme a besoin du cholestérol, rappelle M. Kâ, c’est en quantité dosée.

Les conséquences sur le plan sanitaire
« La mesure du tour de taille divise les individus en deux catégories : les personnes avec une distribution androïde de la graisse (souvent appelés pommes), ce qui signifie que la majorité de leur tissu adipeux est située dans l’abdomen, autour de l’estomac et près de la poitrine, et les expose à un plus grand risque de maladies. Les personnes avec une distribution gynoïde de la graisse (les poires), avec un tissu adipeux généralisé sur les hanches, les cuisses, et les fesses, sont plus exposées aux problèmes mécaniques », déclare-t-il. Le docteur kâne soutient que « les hommes obèses sont plus souvent « pommes » que les femmes, d’ordinaire « poires ».
Pour ce qui est des risques, le docteur Moussa Kâne déclare que « les conséquences sanitaires de l’obésité et de la surcharge pondérale sont multiples et variées, allant d’une augmentation de la mortalité précoce à des troubles non fatals, mais débilitants, avec des effets pervers sur la qualité de vie ».

Les principaux problèmes de santé, associés à l’obésité et la surcharge pondérale, concernent le diabète de type 2 ou diabète non insulino-dépendant (Dnid). Cette maladie a les liens les plus étroits avec l’obésité et la surcharge pondérale, dit-il. « En effet, le risque de contracter un diabète de type 2 s’élève avec l’Imc, déjà bien en dessous des valeurs correspondant à l’obésité (Imc 30). Les femmes obèses sont ainsi douze fois plus à risque de développer la maladie que les femmes en équilibre de poids. Le risque augmente avec l’Imc, surtout chez les personnes ayant des antécédents familiaux de diabète, et diminue avec la perte de poids », reconnaît le docteur.
S’agissant des maladies cardiovasculaires (Mcv), le docteur Kâne fait savoir qu’elles « comprennent les maladies coronariennes, l’infarctus et les maladies vasculaires périphériques. Ces maladies sont cause, pour une grande proportion (jusqu’à un tiers), de décès chez les hommes et les femmes dans le pays les plus industrialisés et leur incidence augmente dans les pays en voie de développement ».

C’est ainsi, dit-il, que « l’obésité prédispose l’individu à plusieurs facteurs de risque cardiovasculaires, notamment l’hypertension et un taux de cholestérol sanguin élevé. Le risque de crise cardiaque, pour une femme obèse, est environ trois fois celui d’une femme maigre, de corpulence normale, du même âge ». De l’avis du docteur Kâne, « bien que le lien entre l’obésité et le cancer soit moins bien défini, plusieurs études ont trouvé une association positive entre la surcharge pondérale et l’incidence de certains cancers, en particulier les cancers hormono-dépendants et gastro-intestinaux ». « Chez les femmes obèses, le risque est plus grand de contracter un cancer du sein, de l’endomètre, des ovaires et des cervicales. Chez l’homme, on suspecte l’influence de l’obésité dans le cancer de la prostate et du rectum. L’association la mieux définie est celle qui lie le cancer du côlon à l’obésité : presque trois fois plus de risque chez l’homme et la femme ».

Parlant de l’ostéo-arthrite, à savoir les maladies dégénératives des articulations, comme le genou, le docteur fait comprendre que « ce sont des complications très fréquentes de l’obésité et de la surcharge pondérale. Les dommages mécaniques causés aux articulations résultent, généralement, d’un poids excessif. Une douleur dans le bas du dos est aussi un signe commun chez les personnes obèses ».
Quant aux problèmes psychologiques, le docteur note que « l’obésité est sévèrement critiquée dans la plupart des pays européens, étant perçue comme une image indésirable du corps humain et comme un manque de caractère. Même les enfants de moins de six ans perçoivent leurs congénères obèses comme des paresseux, sales, stupides, laids, menteurs et fraudeurs ». Dans certains pays, surtout en Occident par exemple, confie-t-il, les personnes obèses doivent vivre au quotidien avec la discrimination.

Source de développement des maladies
La surcharge pondérale sévère ou l’obésité constituent un facteur de risque pour le développement de plusieurs maladies chroniques, comme les maladies cardiovasculaires et respiratoires, le diabète de type 2, l’hypertension et certaines formes de cancer, ainsi que la mortalité précoce.
Le docteur Moussa Kâne, cardiologue à l’hôpital Aristide Le Dantec, indique qu’une « simple mesure permet de définir si le poids est « idéal », en utilisant l’indice de masse corporelle (Imc), qui relie le poids à la taille de l’individu ». « L’Imc est un outil communément utilisé par le corps médical et les autres professionnels de la santé, en vue d’estimer la prévalence de la dénutrition, de la surcharge pondérale et de l’obésité chez l’adulte. Il se calcule par une division du poids corporel (en Kg) par la taille (en mètre) au carré (Kg/m2). À titre d’exemple, un homme de 70 kg mesurant 1,75 m aura un Imc de 22,9 », renseigne le docteur Kâne.
« La surcharge pondérale et l’obésité, souligne le docteur Kâne, sont caractérisées respectivement par un Imc supérieur à 25 et à 30. Entre 18,5 et 25, l’Imc est considéré comme « sain », les individus avec un Imc entre 25 et 29 sont considérés, « à risque plus élevé » de développer des maladies associées et ceux qui sont avec un Imc de 30 ou plus, à « risque modéré ou haut risque ».
Mais l’Imc, précise le docteur, ne donne pas d’information sur la graisse totale ou sur sa distribution dans l’organisme, ce qui constitue un facteur important, compte tenu du fait que l’excès de graisse, au niveau abdominal, a des conséquences néfastes sur la santé.
« La technique de mesure appropriée est la circonférence du tour de taille. Celle-ci est indépendante de la taille et constitue une méthode, simple et pratique, pour identifier les personnes corpulentes à risque de pathologies liées à l’obésité. Si la circonférence du tour de taille dépasse 94-102 cm chez l’homme et 80-88 cm chez la femme, c’est le signe d’un excès de graisse au niveau abdominal, ce qui augmente la morbidité, même si l’Imc est relativement correct », signale le docteur Moussa Kâne.

Reportage de Félix NANKASSE

Lire l'article original : http://216.40.244.194/article.php3?id_article=1224

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