Actualités de la santé
en Afrique
Juillet 2005
Au sommaire de cette semaine :
Cameroun :
© Hepasor pour soigner les hépatites
virales
© Nord : Tuberculose : des chiffres
qui font tousser
© Baisse des chiffres sur le cancer
© Hôpitaux : Ces blouses qui blousent.
Manches longues, manches courtes, bleu, blanc, on ne sait plus qui est
qui
Madagascar :
© Dans la province de Toamasina,
l’accouchement assisté par un personnel de santé qualifié
ne semble pas encore être entré dans les mœurs
Mali :
© Santé : la pyramide à trois
étages. Les structures sanitaires de notre pays sont désormais
organisées par paliers. Les patients l'ignorent souvent
© Hépatite B : de nouvelles
approches thérapeutiques ?
Sénégal :
© La sciatique iatrogène : Ces
injections qui paralysent
© Obésité : Témoignages sur un mal-vivre
et poids de souffrances
© Politiques de santé et du
médicament : Industrie pharmaceutique et pays francophones
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Santé Tropicale
Une scène qui est devenue banale s’est déroulée
sous nos yeux au terrain de football de Khar-Yalla. Un jeune d’une
quinzaine d’années, qui ne pouvait pas être dans
la partie de football organisée par ses amis, était obligé
de suivre le match le long de la touche. Son envie d’être
de la partie avec ses camarades était perceptible. « J’éprouve
des difficultés pour faire des courses rapides, c’est pourquoi,
mes amis refusent de me prendre dans l’équipe »,
s’est lamenté Pape. « Quand nous jouons entre
nous, nous le prenons parce que ce sont des matchs sans enjeu, mais
lorsque nous rencontrons une autre équipe, nous sommes obligés
de faire une sélection rigoureuse pour ne pas perdre »,
explique Bouna, un de ses camarades. Et vous n’imaginez pas, dit-il,
que nous allons prendre Pape parmi les onze, parce que le poste qu’il
va occuper serait considéré comme une place vide , du
fait qu’il ne peut pas courir à cause de son poids.
Dans un établissement scolaire du centre ville, nous avons assisté
à un spectacle d’un autre genre. Une adolescente, qui monte
les escaliers pour rejoindre sa classe, traîne les pieds et respire
comme un phoque tellement elle a de la peine à suivre le rythme
de ses camarades. Insouciants des frustrations que peut ressentir leur
camarade, certains parmi les élèves se sont mis à
la chambrer et c’est presque les larmes aux yeux qu’elle
a accueilli ces boutades. « Vous ne pourrez jamais comprendre
ma peine », lance Marie d’un air dépité.
Un excès souvent difficile à gérer
On croirait, suivant ces récits, que seuls les enfants sont concernés
par ce mal, mais les adultes sont aussi touchés par ce fléau
qui n’a pas de frontières. C’est le cas de Anta,
âgée d’une cinquantaine d’années, qui
habite à Grand-Dakar. Elle se déplace avec peine, à
cause de sa masse. « Je n’en peux plus, parce que mon
poids me fatigue », déclare Anta. Albert, quarante
ans, de taille moyenne, bouge difficilement à cause de son ventre
prédominant. « Au début, je ne me faisais pas
de soucis, mais actuellement cela dépasse les limites du tolérable »,
s’inquiète Albert, sur un ton qui ne cache pas son désarroi.
« Le poids est non seulement gênant parce qu’on
se fatigue vite, mais il me cause souvent des ennuis », se
lamente Anta. Lorsque je suis avec mes amies, révèle-t-elle,
le regard des gens est rivé sur moi. C’est pourquoi, dit-elle,
quand je suis dans un milieu où il y a beaucoup de monde, je
n’ose pas me déplacer, ce qui fait que je peux rester assise
sur une même place des heures durant. C’est la raison pour
laquelle, soutient-elle, « je suis obligée de me déplacer
en taxi, alors que je n’en ai pas toujours les moyens, ce qui
fait que beaucoup de mes activités sont au ralenti ».
Une surveillance stricte de l’alimentation
Cette situation est vécue par Mamadou, un jeune d’une vingtaine
d’années. « Je souffre à cause de mon
excédent de poids, car tout le monde se moque de moi. Même
quand on ne me le dit pas ouvertement, je le ressens dans les regards
des autres », confie Mamadou.
Selon Ousmane Kâ, diététicien à l’hôpital
général de Grand-Yoff (Hoggy), « L’obésité
correspond à un excès de masse de graisses de l’organisme.
Suivant la répartition régionale de l’excès
de cette masse grasse, on distingue l’obésité androïde
(abdominale ou centrale), à prédominance sus-ombilicale
et l’obésité gynoïde à prédominance
sous-ombilicale ». Les causes de ce mal, dit-il, sont liées
soit à l’alimentation, soit à des facteurs relatifs
à l’âge d’apparition, aux médicaments,
à l’arrêt de tabac, soit des facteurs psychologiques
ou génétiques. Mais, fait-il remarquer, « les
gens mangent trop gras et sucré et les activités ne suivent
pas, surtout, le sport ».
Pour la prise en charge de l’obésité, souligne-t-il,
elle nécessite un ensemble de mesures et un suivi à long
terme. « On ne peut obtenir de résultats satisfaisants
que lorsque le patient est suffisamment motivé et est capable
de maintenir son effort, pendant de longs mois ou années »,
estime M. Kâ. La seule mesure vraiment efficace, ajoute-t-il,
c’est l’obtention d’un bilan génétique
négatif, d’une part et d’autre part l’augmentation
de l’exercice physique.
« Le régime nécessitera une bonne sélection
des aliments satiétogènes peu caloriques et ceux qui sont
riches en fibres alimentaires. Ce choix permettra au sujet de s’alimenter,
afin d’éviter la faim tout en étant conforme à
son régime de perte pondérale », reconnaît
M. Kâ.
Donc, prévient M. Kâ, les personnes qui suppriment
les déjeuners ou les dîners, pour éviter le sel
dans leur alimentation pensant que cela peut leur faire du poids, doivent,
avant toute prise de décision, se faire consulter pour être
à même de suivre un régime après prescription
médicale. « C’est lors de la consultation que
le médecin va déterminer le poids que la personne doit
perdre, mais cela va, surtout, permettre au médecin traitant
de connaître le rythme et la durée du régime car,
c’est à partir de ce moment qu’il calcule ce dont
l’organisme du patient a besoin pour le répartir en petit
déjeuner, déjeuner et dîner », renseigne-t-il.
Parlant du cholestérol, M. Kâ affirme qu’il
est étroitement lié aux graisses animales, donc aux graisses
saturées. Mais si l’organisme a besoin du cholestérol,
rappelle M. Kâ, c’est en quantité dosée.
Les conséquences sur le plan sanitaire
« La mesure du tour de taille divise les individus en deux
catégories : les personnes avec une distribution androïde
de la graisse (souvent appelés pommes), ce qui signifie que la
majorité de leur tissu adipeux est située dans l’abdomen,
autour de l’estomac et près de la poitrine, et les expose
à un plus grand risque de maladies. Les personnes avec une distribution
gynoïde de la graisse (les poires), avec un tissu adipeux généralisé
sur les hanches, les cuisses, et les fesses, sont plus exposées
aux problèmes mécaniques », déclare-t-il.
Le docteur kâne soutient que « les hommes obèses
sont plus souvent « pommes » que les femmes, d’ordinaire
« poires ».
Pour ce qui est des risques, le docteur Moussa Kâne déclare
que « les conséquences sanitaires de l’obésité
et de la surcharge pondérale sont multiples et variées,
allant d’une augmentation de la mortalité précoce
à des troubles non fatals, mais débilitants, avec des
effets pervers sur la qualité de vie ».
Les principaux problèmes de santé, associés à
l’obésité et la surcharge pondérale, concernent
le diabète de type 2 ou diabète non insulino-dépendant
(Dnid). Cette maladie a les liens les plus étroits avec l’obésité
et la surcharge pondérale, dit-il. « En effet, le
risque de contracter un diabète de type 2 s’élève
avec l’Imc, déjà bien en dessous des valeurs correspondant
à l’obésité (Imc 30). Les femmes obèses
sont ainsi douze fois plus à risque de développer la maladie
que les femmes en équilibre de poids. Le risque augmente avec
l’Imc, surtout chez les personnes ayant des antécédents
familiaux de diabète, et diminue avec la perte de poids »,
reconnaît le docteur.
S’agissant des maladies cardiovasculaires (Mcv), le docteur Kâne
fait savoir qu’elles « comprennent les maladies coronariennes,
l’infarctus et les maladies vasculaires périphériques.
Ces maladies sont cause, pour une grande proportion (jusqu’à
un tiers), de décès chez les hommes et les femmes dans
le pays les plus industrialisés et leur incidence augmente dans
les pays en voie de développement ».
C’est ainsi, dit-il, que « l’obésité prédispose l’individu à plusieurs facteurs de risque cardiovasculaires, notamment l’hypertension et un taux de cholestérol sanguin élevé. Le risque de crise cardiaque, pour une femme obèse, est environ trois fois celui d’une femme maigre, de corpulence normale, du même âge ». De l’avis du docteur Kâne, « bien que le lien entre l’obésité et le cancer soit moins bien défini, plusieurs études ont trouvé une association positive entre la surcharge pondérale et l’incidence de certains cancers, en particulier les cancers hormono-dépendants et gastro-intestinaux ». « Chez les femmes obèses, le risque est plus grand de contracter un cancer du sein, de l’endomètre, des ovaires et des cervicales. Chez l’homme, on suspecte l’influence de l’obésité dans le cancer de la prostate et du rectum. L’association la mieux définie est celle qui lie le cancer du côlon à l’obésité : presque trois fois plus de risque chez l’homme et la femme ».
Parlant de l’ostéo-arthrite, à savoir les maladies
dégénératives des articulations, comme le genou,
le docteur fait comprendre que « ce sont des complications
très fréquentes de l’obésité et de
la surcharge pondérale. Les dommages mécaniques causés
aux articulations résultent, généralement, d’un
poids excessif. Une douleur dans le bas du dos est aussi un signe commun
chez les personnes obèses ».
Quant aux problèmes psychologiques, le docteur note que « l’obésité
est sévèrement critiquée dans la plupart des pays
européens, étant perçue comme une image indésirable
du corps humain et comme un manque de caractère. Même les
enfants de moins de six ans perçoivent leurs congénères
obèses comme des paresseux, sales, stupides, laids, menteurs
et fraudeurs ». Dans certains pays, surtout en Occident par
exemple, confie-t-il, les personnes obèses doivent vivre au quotidien
avec la discrimination.
Source de développement des maladies
La surcharge pondérale sévère ou l’obésité
constituent un facteur de risque pour le développement de plusieurs
maladies chroniques, comme les maladies cardiovasculaires et respiratoires,
le diabète de type 2, l’hypertension et certaines formes
de cancer, ainsi que la mortalité précoce.
Le docteur Moussa Kâne, cardiologue à l’hôpital
Aristide Le Dantec, indique qu’une « simple mesure
permet de définir si le poids est « idéal »,
en utilisant l’indice de masse corporelle (Imc), qui relie le
poids à la taille de l’individu ». « L’Imc
est un outil communément utilisé par le corps médical
et les autres professionnels de la santé, en vue d’estimer
la prévalence de la dénutrition, de la surcharge pondérale
et de l’obésité chez l’adulte. Il se calcule
par une division du poids corporel (en Kg) par la taille (en mètre)
au carré (Kg/m2). À titre d’exemple, un homme de
70 kg mesurant 1,75 m aura un Imc de 22,9 », renseigne le
docteur Kâne.
« La surcharge pondérale et l’obésité,
souligne le docteur Kâne, sont caractérisées respectivement
par un Imc supérieur à 25 et à 30. Entre 18,5 et
25, l’Imc est considéré comme « sain »,
les individus avec un Imc entre 25 et 29 sont considérés,
« à risque plus élevé » de
développer des maladies associées et ceux qui sont avec
un Imc de 30 ou plus, à « risque modéré
ou haut risque ».
Mais l’Imc, précise le docteur, ne donne pas d’information
sur la graisse totale ou sur sa distribution dans l’organisme,
ce qui constitue un facteur important, compte tenu du fait que l’excès
de graisse, au niveau abdominal, a des conséquences néfastes
sur la santé.
« La technique de mesure appropriée est la circonférence
du tour de taille. Celle-ci est indépendante de la taille et
constitue une méthode, simple et pratique, pour identifier les
personnes corpulentes à risque de pathologies liées à
l’obésité. Si la circonférence du tour de
taille dépasse 94-102 cm chez l’homme et 80-88 cm chez
la femme, c’est le signe d’un excès de graisse au
niveau abdominal, ce qui augmente la morbidité, même si
l’Imc est relativement correct », signale le docteur
Moussa Kâne.
Reportage de Félix NANKASSE
Lire l'article original : http://216.40.244.194/article.php3?id_article=1224
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