Actualités de la santé
en Afrique
Juillet 2005
Au sommaire de cette semaine :
Cameroun :
© Hepasor pour soigner les hépatites
virales
© Nord : Tuberculose : des chiffres
qui font tousser
© Baisse des chiffres sur le cancer
© Hôpitaux : Ces blouses qui blousent. Manches longues,
manches courtes, bleu, blanc, on ne sait plus qui est qui
Madagascar :
© Dans la province de Toamasina,
l’accouchement assisté par un personnel de santé qualifié
ne semble pas encore être entré dans les mœurs
Mali :
© Santé : la pyramide à trois
étages. Les structures sanitaires de notre pays sont désormais
organisées par paliers. Les patients l'ignorent souvent
© Hépatite B : de nouvelles
approches thérapeutiques ?
Sénégal :
© La sciatique iatrogène : Ces
injections qui paralysent
© Obésité : Témoignages
sur un mal-vivre et poids de souffrances
© Politiques de santé et du
médicament : Industrie pharmaceutique et pays francophones
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Santé Tropicale
Pour mettre un terme à la dérive, la confusion et l’amalgame qui tendaient à s’installer à l’hôpital Laquintinie à Douala, le Dr Fritz Ntoné, le directeur général de cette formation sanitaire a demandé aux collaborateurs extérieurs (aux responsables de prise en charges des malades et aux collaborateurs détachés par la délégation provinciale du ministère des Affaires sociales qui travaillent, aux associations admises dans l’encadrement des malades à l’hôpital de jour en particulier et au centre de traitement agrée dans la prise en charge des personnes vivants avec le Vih/Sida (Pvvs) et aux psycho socio de se réunir), de réfléchir dans l’optique de proposer une couleur pour une tenue de travail qui les distinguerait du personnel médical de l’hôpital.
Pour le Dr Fritz Ntonè, il s’agissait surtout d’appeler ses autres collaborateurs au respect scrupuleux des normes et de la déontologie en matière du port de la tenue de travail. L’initiative du directeur général de l’hôpital Laquintinie a cependant suscité un tollé général parmi ses principales cibles. Les associations des personnes vivant avec le Vih/Sida particulièrement ont estimé qu’il s’agissait d’une forme de stigmatisation. «Il n’a jamais été question de marginaliser qui que ce soit. Il était important que dans la tête du patient et de tous les usagers de l’hôpital, que l’on distingue qui est le personnel médical soignant de l’hôpital Laquintinie et qui est personnel de collaboration. Nous avons voulu réglementer le port des tenues de travail. La blouse blanche avec toutes les spécificités, pour le moment en milieu hospitalier, est le reflet du personnel soignant qui a appris dans ce domaine. Si nous en sommes arrivés à cette décision, c’est que nous avions la preuve que certaines personnes de ces associations et même quelques infirmiers d’ici posaient des actes que seuls des médecins seraient habilités à faire», confie le Dr Fritz Ntonè.
«C’est un véritable problème au sein des unités de santé. L’aide soignant, le simple infirmier, le sage femme et parfois même le personnel associé et celui chargé de l’entretien veulent tous mettre la blouse blanche longues à manches. Ils oublient que c’est le serment d’Hippocrate qui consacre cette tenue de travail. La véritable difficulté c’est qu’aucune sanction administrative n’est prévu pour ceux qui ne sont pas en règle avec leur rang à l’hôpital. C’est ainsi qu’ils profitent pour arnaquer les malades en détresse et très souvent prodiguer des soins au quartier», déplore Dr Etienne Etoga, de l’Hôpital général de Douala. Preuve que cet épineux problème n’est pas l’apanage de l’hôpital Laquintinie. En effet, le port de la blouse est devenu aujourd’hui un élément de fantaisie. Sa coupe ne répond à aucune norme professionnelle. A l’hôpital de district de Deïdo, rien ne distingue la blouse blanche du médecin de celle de l’infirmier. Marguerite Ebanga, infirmière à l’hôpital de district de Deïdo officie en blouse blanche longues manches pourtant réservée aux médecins. Pour cette dame, la protection contre les intempéries est l’unique raison de ce mélange des genres. «Il fait froid la nuit pendant les séance de garde. Il faut aussi se protéger les bras pendant les soins la nuit. Ce n’est nullement pour tromper la vigilance des patients ou pour usurper le titre du docteur».
Dr Essimi, médecin à la retraite juge cet argument trop facile : «Il faut rester conforme à la déontologie. Le port par un infirmier d’une blouse qui ne le qualifie pas est à la fois une question disciplinaire et une faute professionnelle grave. La médecine n’a pas changé après nous, je l’espère». Pour autant, les maux de la blouse médicale ne se limitent pas à la simple question d’usurpation de titre. L’approvisionnement des professionnels expose à toutes les dérives. Car si dans la norme, les hôpitaux doivent fournir la tenue de travail au personnel, dans bien d’établissements au Cameroun, une seule tenue est servie. Pour des besoins de propreté et d’entretien, le personnel se charge d’en trouver deux ou trois autres à son goût. «Les hôpitaux ne sont plus ce qu’ils étaient. On vous remet, si vous y travaillez les tenues du bloc opératoire, de la réanimation ou la simple blouse le jour où vous prenez le service. Et c’est tout. Pour le reste vous devez vous débrouiller», explique Roger Ndongmo, major dans un établissement hospitalier de Douala. Pour Albert Jeuga, aide soignant à l’hôpital de Bonassama de Douala, «il y a longtemps que je n’ai pas reçu de blouse de l’hôpital. Nous travaillons toute la semaine et régulièrement nous devons assurer la garde. Une seule blouse ne peut pas suffire pour être toujours propre et à l’aise et mettre le patient en confiance. Nous sommes donc obligés d’en acheter au marché ou de se faire coudre à nos propres frais à 10.000F l’unité auprès de fournisseurs. Comme c’est le cas à l’Avenue de Gaule de Douala et au marché Central au secteur dit marché des femmes.
Marion Obam
Dr Fritz Ntoné : Aucune sanction administrative n’est prévue - Mutations - Cameroun - 21/07/2005
Le directeur de l’hôpital Laquintinie décrit les spécificités de la blouse pour chaque catégorie professionnelle.
Que représente la blouse pour le personnel médical
?
La blouse représente beaucoup de choses dont les plus importantes
sont la protection et l’identification. Je ne reste que sur ces
fonctions là. La blouse est pour un infirmier ce que le tablier
est pour une ménagère. Pour ce qui est de l’identification,
il y a une hiérarchisation donc la tenue du personnel dans un
milieu hospitalier est réglementée et a une nomenclature.
Elle est pour le malade un indicateur de celui qui vient faire le soin.
Il est toujours obligatoire qu’on se présente pour instaurer
la confiance. Je suis monsieur Ntonè, je suis aide soignant et
c’est moi qui suis chargé de vous administrer ces soins.
Il ne faut jamais laisser le doute. Quand on demande souvent qui l’a
injecté, il répond «il y a un docteur qui est passé
là tout à l’heure». Donc c’est un sujet
très important.
Mais lorsqu’on entre à l’hôpital,
l’identification n’est pas évidente car presque tous
les corps ont la même tenue ?
C’est vrai. Mais les blouses blanches aux manches longues s’arrêtant
aux poignets sont réservées aux médecins. Celles
des infirmiers vont jusqu’aux coudes pas plus. Il y a aussi un
certain nombre de signes distinctifs qui doivent être connus des
usagers, malades etc. La blouse a un col et une poche. Donc tout ce
qui est blanc, col blanc, c’est le médecin ou l’infirmier,
le vrai. Parce qu’est infirmier tout le personnel soignant dont
le grade commence par un diplôme d’Etat, infirmier diplômé
d’Etat et les techniciens supérieurs. Les infirmiers brevetés
en principe devaient avoir un col bleu ciel. C’est ainsi au niveau
de la réglementation. Les aides soignants doivent avoir des blouses
aux cols jaunes et nous avons un certain nombre de personnels d’appui,
les agents d’entretien, qui doivent mettre le kaki. Les techniciens
médicaux sanitaires qui sont au laboratoire, c’est orange
au niveau du col ou une barre sur la poche. A la maternité les
sages femmes sont au rose. Le vert et le bleu sont utilisés dans
nos zones spéciales d’intervention qui peuvent être
des urgences, le bloc opératoire et la réanimation.
Quelles sont les sanctions encourues par les personnels qui
enfreignent à ces prescriptions ?
Rien n’est prévu dans les dispositions administratives.
On peut arriver à une répression pénale si le port
d’une blouse n’équivaut pas à son grade est
accompagné par l’usage d’un cachet de médecin.
Mais ce qui est automatique, c’est qu’ils doivent être
sanctionnés. Cette disposition est dans notre règlement
intérieur et fait partie de la discipline. Mais c’est une
disposition qui est appliquée avec difficulté parce qu’il
y’a beaucoup de réalités à prendre en compte
avant d’arriver à la sanction. Tout commence par les usagers
qui ont l’habitude d’appeler tout le monde «docta,
docta». Il y a aussi une certaine frustration, car un aide soignant
avec dix ans d’ancienneté, qui est vaillant dans un service
et qu’on le remarque avec sa blouse comme le plus bas gradé
de l’hôpital… Il y a d’autres facteurs qui doivent
renforcer cette discipline, c’est le port du badge. C’est
obligatoire, parce que le malade doit pouvoir lire le grade du soignant.
Là aussi on a des difficultés à faire appliquer
le règlement intérieur. Dans la gestion du personnel,
je parle de celui de l’hôpital Laquintinie, qui dépasse
700 personnes, il y a eu un certain nombre de priorités liées
à la valorisation des corps qui interviennent à l’hôpital
avant d’arriver à des notions très simples de répression.
On a essayé une fois et ça c’est soldé par
un échec. Cela veut dire qu’il n’y a pas encore une
bonne compréhension de la chose.
Propos recueillis par Marion Obam
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