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Carnet santé/ Pr Kapouné Karfo, psychiatre et épileptologue : « 70% des épileptiques qui sont suivis, guérissent »

Sidwaya | Burkina Faso | 25/05/2015 | Lire l'article original

Maladie dite de la honte, l’épilepsie est qualifiée dans certaines sphères traditionnelles comme une malédiction. Des considérations qui contraignent certaines familles à cacher leurs malades jusqu’à ce que mort s’en suive ! Pourtant, elle se guérie, pour peu que l’on déclare son patient auprès des services de santé compétents. Eléments d’explication avec le Pr Kapouné Karfo, enseignant-chercheur à l’Université de Ouagadougou, psychiatre et épileptologue, au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo.

Sidwaya (S.) : Qu’est-ce que l’épilepsie ?

Kapouné Karfo (K.K.) : L’épilepsie est une maladie du cerveau. Ce sont des moments de crise où le cerveau fonctionne anormalement se traduisant par des crises. Ces crises consistent en des tremblements d’une partie (partielle) ou de la totalité du corps (généralisée). Il y a plusieurs types d’épilepsie. Mais, la forme la plus connue, la plus redoutée, et la plus stigmatisée, est l’épilepsie « Grand mal ». Cette forme fait tomber le sujet, le fait convulser de manière tonique et clonique et entraine la morsure de la langue et une perte des urines et même souvent des selles au cours de la crise. Cette forme est la plus crainte depuis l’antiquité jusqu’à nos jours. Les autres sont souvent méconnues du grand public et il n’y a que les spécialistes qui les connaissent. Par exemple votre membre peut trembler seul sans votre contrôle : on l’appelle épilepsie partielle. Vous pouvez avoir une crise d’éructation, de baillements pouvant être aussi des manifestations de l’épilepsie. Chez l’enfant, ce sont souvent des absences. Par exemple, vous êtes en train de parler à l’enfant et du coup il ne vous suit plus, ou encore, il est en train de manger et la cuillère tombe brusquement. Vous allez croire qu’il s’amuse pourtant, c’est une crise qui commence.

S. : Quelles sont les causes de l’épilepsie ?

K.K. : Les causes sont de plusieurs ordres. Les plus fréquentes sont les épilepsies symptomatiques. C’est d’abord les convulsions fébriles de l’enfant. Quand l’enfant fait une forte fièvre et qu’il convulse cela parait anodin mais plus tard, il peut développer l’épilepsie. Il y a les maladies infectieuses comme le paludisme, la méningite et autres qui peuvent faire perdre connaissance à l’enfant. Dès que l’enfant perd connaissance, il y a une souffrance cérébrale. C’est cette souffrance cérébrale qui est à l’origine de l’épilepsie. Ces souffrances cérébrales peuvent s’observer aussi, lors des accouchements difficiles, des accouchements qui durent, l’enfant qui nait et qu’on est obligé de réanimer, etc. Il y a également les accidents de la circulation, quotidien des Ouagalais et autres types d’accidents. Lorsqu’une personne tombe ou chute dans la rue, et que sa tête cogne le goudron et perd connaissance quelques instants, il peut développer une épilepsie plus tard. Il y a aussi tous les traumatises du crâne dus aux bagarres ou après une chute d’un arbre. Par ailleurs, il y a les épilepsies cryptogéniques et les épilepsies idiopathiques. Lorsqu'une cause est suspectée, mais ne peut être prouvée par les moyens diagnostiques actuels, on parle d'épilepsie cryptogénique dont le nombre est en constante diminution du fait de l'évolution permanente des techniques d'exploration. Les idiopathiques présentent un caractère génétique plus ou moins démontrable et concernent des sujets le plus souvent sans lésion cérébrale.

S. : Quels sont ses symptômes ?

K.K. : Ce sont les crises qui sont faites de contractures tonico-cloniques ou simplement cloniques ou encore simplement toniques. Le malade est agité et la crise se termine par une perte de connaissance, le malade a souvent mordu sa langue avec une hyper salivation et pertes d’urines ou de selles. Il y a une amnésie totale de la crise, c’est-à-dire qu’il ne se souvient de rien. Quand on nous amène un patient sous prétexte, qu’il fait l’épilepsie, nous nous assurons que la personne a fait au moins deux crises dans les douze mois qui ont précédé. Un alcoolique, quand il est en manque, fait une crise typique d’épilepsie, une forte fièvre peut convulser une seule fois. On ne parlera d’épilepsie que lorsque le sujet a fait au moins deux crises.

S. : Est-ce qu’il y a un âge au cours duquel, l’on est le plus exposé à cette maladie ?

K.K. : Oui ! C’est à l’enfance. Quand on est enfant, on est plus exposé au paludisme. Mais toute personne, quel que soit son âge peut faire de l’épilepsie.

S. : Est-elle contagieuse ?

K.K. : Non, elle n’est pas contagieuse contrairement aux croyances populaires.

S. : D’aucuns disent que si la salive de l’épileptique vous touche, vous êtes contaminé ? Vous confirmez ?

K.K. : Non, ce sont des préjugés aussi faux que tenaces.

S. : Certaines langues soutiennent également que lorsque le malade tombe dans un feu ou dans un puits, il devient irrécupérable ou meurt ? Quel est votre commentaire ?

K.K. : Ce sont des préjuges, juste pour se dédouaner du mauvais traitement dont est victime l’épileptique. On peut toujours le soigner et le guérir. Ce sont les croyances populaires. Cela relève de la stigmatisation de l’épileptique.

S. : Pendant une crise d’épilepsie, comment maîtriser le malade ?

K.K. : Malheureusement, quand il y a une crise d’épilepsie, tout le monde fuit le malade au moment même où, il a besoin urgemment d’aide. Personne ne veut être contaminé selon les croyances ancestrales transmises de génération en génération. Pendant une crise, l’on peut maîtriser le malade pour qu’il ne se blesse pas car les contractures sont fortes ; il peut aussi se mordre la langue. Pour cela, il est conseillé de mettre du chiffon dans sa bouche. Il faut l’immobiliser et le conduire dans le centre de santé le plus proche.

S. : Quel type d’alimentation est recommandé aux malades ?

K.K. : Il n’y a pas de type d’alimentation recommandé. Ce qui est interdit chez l’épileptique, c’est l’alcool et les excitants qui peuvent être à l’origine du déclenchement d’une crise.

S. : Et les huiles et les graisses ?

K.K. : Ce sont des histoires, des croyances populaires. L’hygiène chez l’épileptique consiste à ne pas avoir des « dettes » de sommeil. Dormir toujours à une heure raisonnable, ne pas prendre des excitants. Ne pas aller dans les lieux où l’atmosphère peut faire déclencher la crise, par exemple dans les boîtes de nuit. Quand les crises sont fréquentes, il faut éviter de conduire une voiture ou une moto.

S. : Peut-on guérir entièrement de l’épilepsie ?

K.K. : 70% des épileptiques qui sont suivis, guérissent. Parmi les 30% qui restent il y a, à peu près 5% à 10% qui sont incontrôlables et le reste peut être contrôlé pour que le sujet continue de travailler, de vaquer à ses occupations et d’avoir une vie de couple contrairement à ceux que les gens pensent. Dans notre propre expérience, certains de nos anciens malades sont aujourd’hui grands commis de l’Etat, chercheurs, enseignants, agents de santé et j’en passe.

S. : Quel est l’état des lieux de l’épilepsie au Burkina Faso ?

K.K. : Une étude a été faite dans les années 1990-1993 et a révélé à cette époque, qu’il y avait au minimum 160 000 épileptiques au Burkina Faso. Aujourd’hui, nous sommes à environ 18 millions d’habitants, l’on peut estimer à environ 180 000, le nombre des épileptiques. Ceci représente un problème de santé publicque vraisemblablement ignoré. Pour aider à solutionner ce problème, les spécialistes ont créé au Burkina Faso, la ligue burkinabè contre l’épilepsie.

S. : Comment la traite-on ?

K.K. : Il existe plusieurs médicaments qui traitent la maladie. Il y a des médicaments très moins chers, d’autres qui sont excessivement chers. On a le phénobarbital ou gardénal qui est à prix abordable. Ce produit peut encore équilibrer et traiter 90% de nos épileptiques. Il y a le traitement médicamenteux et le traitement chirurgical. Le traitement chirurgical s’impose lorsque par exemple une épilepsie ne cède pas aux traitements médicamenteux, lorsqu’il y a une tumeur opérable.

S. : Des conseils à l’endroit des malades et des populations ?

K.K. : A l’endroit des malades, il faut qu’ils se soucient de leurs prises en charge, ils doivent éviter certaines situations, ne pas avoir des « dettes » de sommeil, ne pas aller en boîte, ne pas prendre des excistants et suivre son traitement. A l’endroit des populations, dès qu’on prononce le mot épilepsie, les parents ne veulent même plus entendre et comprendre autre chose qui vienne du médecin. Ils pensent que c’est le malheur que le malade va apporter à la famille. Généralement, on arrive à équilibrer l’épileptique. Il faut par ailleurs lutter contre les accidents. Il faut porter les casques. Prendre en charge très bien les femmes en grossesse et les suivre jusqu’à terme. Il faut que l’enfant qui nait et qui a des difficultés ait un bon suivi jusqu’à un certain âge. Il faut lutter contre la stigmatisation de l’épilepsie. A Ouagadougou, il y a des parents qui cachent leurs enfants jusqu’à ce que mort s’en suive. L’épilepsie se guérie. Ce n’est pas un malheur dans la famille, c’est une maladie comme les autres, il faut plutôt amener les malades à l’hôpital.

Gaspard BAYALA

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