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Les dépêches de Brazzaville | Congo-Brazzaville | 10/02/2011 | Lire l'article original
Pr Charles Gombé Mbalawa (CGM) : Effectivement, le 4 février de chaque année a été déclaré Journée mondiale de lutte contre cette maladie par l'Union internationale contre le cancer. Cette année le thème retenu était « la prévention dans la lutte contre le cancer »
LDB : Justement, qu'en est-il de la prévention dans notre pays aujourd'hui ?
CGM : Il faut savoir que la prévention dans la lutte contre le cancer sous-entend principalement deux volets. La prévention primaire, qui intègre elle-même deux types d'actions : d'une part, l'éducation sanitaire pour informer et sensibiliser les populations sur ce qu'est le cancer et comment faire pour l'éviter ou diminuer les risques d'exposition à des facteurs qui peuvent le causer ; et d'autre part, la vaccination, car il y a actuellement des cancers pour lesquels la vaccination est possible. C'est le cas des cancers du col de l'utérus où il existe un vaccin bivalent (intéressant deux souches de virus à l'origine du cancer) et un vaccin tétravalent (intéressant quatre souches de virus à l'origine du cancer). Ces deux vaccins peuvent être administrés dans des conditions bien précises. Puis, il y a aussi le vaccin contre l'hépatite B qui permet de couper la chaîne hépatite virale-cancer : il est possible, même au Laboratoire national de santé publique d'acquérir ce vaccin.
LDB : Les traitements contre le cancer sont réputés coûteux ; la situation est-elle la même pour les vaccins que vous venez d'évoquer ?
CGM : Habituellement, la vaccination ne se fait pas de manière individuelle. Elle entre dans le cadre d'un programme et d'une politique nationale, ce qui permet d'en réduire le coût au maximum. Donc nous avons écrit au ministre de la Santé qui étudiera, dans le cadre de la politique de son département, la possibilité d'intégrer ce type de vaccinations dans le calendrier national.
LDB : Revenons au second volet de la prévention : en quoi consiste-t-il ?
CGM : Le deuxième volet est ce qu'on appelle la « prévention secondaire ». Il s'agit de faire des examens qui permettent de mettre en évidence des états précancéreux. Ce sont des maladies qui peuvent, dans un avenir plus ou moins long, devenir des cancers. C'est le cas du cancer du col de l'utérus chez la femme pour lequel nous faisons régulièrement ces dépistages ici, à Brazzaville. Nous le faisions gratuitement au départ, maintenant nous le faisons à la demande sur des gens qui se présentent en groupe pour subir des examens de dépistage et être traités le cas échéant. Nous disposons du matériel pour traiter presque immédiatement les femmes qui présenteraient la maladie. En général, retenons qu'il est tout à fait possible de faire de la prévention aussi bien primaire que secondaire ici à Brazzaville
LDB : Pouvez-vous nous donner quelques éléments sur cette maladie ici, au Congo ?
CGM : C'est une maladie qui survient sans que l'on puisse toujours en connaître les causes. Si nous prenons l'exemple de notre pays, par rapport aux éléments qui existent dans les différents rapports sur le cancer de la ville de Brazzaville, on peut dire que chez l'homme, les cinq premiers cancers sont ceux de la prostate, du foie, de la peau, du sang et certains cancers que l'on associe aux ganglions. Tandis que chez la femme, c'est d'abord le cancer du col de l'utérus ; aujourd'hui même, selon le dernier rapport, le cancer du sein est passé au-dessus du cancer du col de l'utérus. Il y a des cancers de l'ovaire, du sang et de la peau. Chez les jeunes enfants de 0 à 5 ans, les cancers que nous voyons le plus fréquemment sont les cancers du sang, de l'œil, du rein et des os.
LDB : Le CHU dispose-t-il de moyens matériels et humains suffisants pour prendre en charge ces cancers ?
CGM : Je pense que l'on peut répondre par l'affirmative. L'établissement commande des médicaments anticancéreux, il reçoit des dons en médicaments, il est doté d'un service de chirurgie capable d'opérer chaque fois que cela est nécessaire. Nous disposons même d'un appareil de cobalt-thérapie qui peut aussi traiter les malades par rayon, qui n'est malheureusement pas en service faute de praticien spécialisé en ce domaine. C'est ainsi qu'avec la direction générale, nous nous sommes mis d'accord pour envoyer des jeunes en formation, dont certains vont finir dans deux ans, et par ailleurs nous signons des accords avec des organismes extérieurs qui pourront venir faire fonctionner l'appareil entre-temps.
LDB : Votre service est au centre d'un important travail de recherche et de formation. Cela vous a-t-il permis de disposer d'un personnel formé pour les services de cancérologie du Congo ?
CGM : Je pense qu'on peut dire cela. L'université a mis en place un certificat d'études spéciales, donc une formation postdoctorale spécialisée en cancérologie médicale. Comme nous sommes les seuls à former dans cette discipline en Afrique francophone, nous recevons aussi des jeunes venus de Côte d'Ivoire, du Sénégal, du Bénin, du Cameroun, de la République centrafricaine, du Gabon, qui suivent actuellement une formation de quatre ans dans notre service. Des Congolais ont également été formés et sont en exercice dans des établissements sanitaires de Brazzaville et Pointe-Noire. Certains d'entre eux sont aujourd'hui nos collaborateurs dans ce service.
Propos recueillis par Thierry Noungou
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