Il a fait de sa passion son métier. Son souhait de devenir chirurgien du cœur date du temps ou Heyman Luckraz était encore étudiant en Form 5 au collège Royal de Port-Louis. « Ce domaine m’a immédiatement passionné quand j’ai suivi à la télévision, une partie de l’intervention chirurgicale réalisée par un spécialiste étranger, sur un patient mauricien », se rappelle-t-il, un brin nostalgique.

Originaire de Mahebourg, village côtier du sud de l’île, Heyman a aussi été l’un des brillants lauréats de la cuvée 1986. L’année suivante, cet ancien étudiant du collège Royal de Port-Louis s’envole pour Londres pour des études de médicine à la London University.

En 1992, il obtient son MBBS. C’est aussi à Londres ainsi qu’à Oxford, qu’il fait sa formation de chirurgien. Puis Heyman intègre l’équipe de l’hôpital de Brompton, toujours dans la capitale anglaise et y travaille avec le Professeur Sir Magdi Yacoub jusqu’en 1998.

Année également ou le Mauricien rentre au pays pour prêter main forte à la réalisation du Cardiac Centre à Pamplemousses.

De retour au pays de sa Majesté en novembre 1999, c’est dans le domaine de la transplantation du cœur et du poumon et des ‘mechanical hearts’, qu’il sera embauché à l’hôpital de Papworth à Cambridge. Depuis diverses opportunités se sont présentées à lui, notamment, celle d’intégrer le GMC Specialist Register à Cardiff en 2007.

Depuis 2008, le Mauricien est consultant cardiothoracique et chirurgien au Heart & Lung Centre à Wolverhampton.
“ Cet hôpital se positionne parmi ceux ayant les meilleurs résultats de chirurgie cardiaque au Royaume Uni ”, précise notre interlocuteur.

Le Dr Heyman Luckraz est aujourd’hui membre du prestigieux cercle Royal College of Surgeons en Angleterre, de la Society for Cardiothoracic Surgery en Grande-Bretagne et Irlande, de l’European Association for Cardiothoracic surgery et de la British Heart Failure Society. Ce dernier se dit fier de représenter son ile au Royaume-Uni et dans tous les pays qu’il visite dans le cadre de son travail.

Cependant, le spécialiste déplore le manque d’information en ce qui concerne la prévention contre les maladies coronariennes à Maurice. Son constat: le taux des maladies cardiovasculaires est accablant, malgré que Maurice ait un taux d'alphabétisation plus élevé que les pays voisins dans la région.

« Ceci s’explique du fait qu’à chaque fois que je visite l’île, au moins quatre à cinq jeunes Mauriciens de moins de 60 ans en meurent. Et c’est souvent enregistré comme décès soudain. En réalité, ces personnes ont tout l’air d’avoir souffert d’une attaque cardiaque conséquente », explique-t-il.

Il regrette en outre l’absence d’opportunités pour que les médecins formés à l’étranger et exerçant aujourd’hui à Maurice puissent être à jour avec les nouvelles idées et technologies dans le domaine.

« Rien que l’année dernière, j’ai référé quelques patients qui n’ont pas reçu les traitements adéquats à Maurice, ici en Angleterre. Je pense que l’éducation médicale doit être plus rigoureuse et doit commencer dès le jeune âge, en particulier en ce qu’il s’agit des maladies cardiovasculaires, dues principalement à nos habitudes et à notre style de vie. A plusieurs occasions, j’ai proposé d’intervenir dans des cas jugés compliqués par les chirurgiens locaux. Proposition restée jusque la sans réponse, mais je continuerai à tendre une main à tous ceux sollicitant mon aide ou avis. Pour cela, vous pouvez me contacter sur mon email : hluckraz@hotmail.com ou au 00441902694209 », soutient le spécialiste.

Karen Walter

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