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Fraternité matin | Côte d'Ivoire | 06/02/2012 | Lire l'article original
Quelle est la situation de cette maladie invalidante dans le pays ?
De 120000 malades à l’indépendance de la Côte d’Ivoire en 1960, l’on est passé à 859 qui sont sous traitement au 31 décembre 2011. Ce qui représente une prévalence de 0,8 malade pour 10.000 habitants.
Selon la ministre N’Dri Yoman, l’énorme avancée dans la lutte contre la maladie dans le pays ne doit pas faire perdre de vue que les autorités doivent être vigilantes. « Il existe des zones endémiques telles que Man, Zouan Houien et Guiglo où la prévalence est en moyenne de 1,33 pour 10.000 habitants », a-t-elle expliqué.
Le difficile combat de l’éradication de la maladie en zones rurales
Dans les zones les plus reculées, le manque de moyens et l’influence des tradipraticiens compliquent l’action des soignants.
La prise en charge des malades en Côte d’Ivoire est généralement gérée par le Programme national de lutte contre la lèpre (PNLL), assisté par la Fondation Raoul-Follereau, une Organisation non gouvernementale (Ong) française qui agit en direction des malades de la lèpre. L’Organisation mondiale de la santé (Oms) fournit de son côté les médicaments.
Dans le pays, le nombre d’infections est en baisse depuis quelques années. Mais la lutte contre la maladie est difficile. « La lèpre est une maladie sournoise et silencieuse », résume Alain de Kersabiec, représentant de la Fondation Raoul-Follereau en Côte d’Ivoire et au Bénin. La maladie se transmet par voie orale via un bacille et son incubation lente peut dépasser une dizaine d’années. « Les premiers symptômes, des tâches blanches sur la peau peuvent apparaître très tard. Lorsqu’un cas est détecté, il est très difficile de savoir où et quand la personne a été infectée », précise-t-il.
Les zones pauvres et reculées sont les principales zones touchées par la maladie, car l’insalubrité procure au bacille les conditions pour se développer. « Comme la lèpre est indolore, les personnes ont tendance à ne pas s’inquiéter. Et tous ne s’imposent pas les 15 ou 20 km qui peuvent les séparer du centre de santé le plus proche de chez eux », souligne Alain de Kersabiec.
Les séquelles physiques qui s’ensuivent (cécité, perte des extrémités du corps) sont alors irrémédiables. Six mois à un an de traitement permettent de guérir complètement les malades.
Les dix dernières années de crise politique n’ont pas aidé le pays et le Nord du pays, sous le contrôle des rebelles pendant cette période, s’est retrouvé isolé. « Beaucoup de fonctionnaires hospitaliers ont quitté le Nord pour rejoindre le Sud. Il y avait un manque flagrant de personnel », explique-t-il.
Qu'est-ce que la lèpre ?
Cette maladie infectieuse due au bacille de Hansen (mycobactérie très voisine du bacille tuberculeux), est caractérisée par sa lenteur d'évolution.
La transmission de la lèpre est interhumaine. L'homme malade constitue l'unique réservoir.
Il existe trois formes de lèpre.
Seuls les sujets porteurs de la forme "lépromateuse" sont contagieux car ils éliminent de nombreux bacilles dans leur sécrétion nasale et la salive (toux et expectoration, gouttelettes de salive).
Les mauvaises conditions d'hygiène, la promiscuité favorisent la dissémination de la maladie.
Il y a 15 millions de lépreux répartis dans les pays de la zone intertropicale : Afrique Noire, Chine, Asie orientale, Inde, Madagascar, Portugal, Espagne, Antilles, Amérique du Sud, Pacifique : Nouvelle-Calédonie...
Les signes de la maladie
L'incubation, très longue, est silencieuse et dure de 2 à 8 ans. La lèpre débute par une "lépride" indifférenciée : il s'agit de lésions cutanées, non spécifiques, sèches (anhidrose) bien limitées et planes. Elles peuvent être précédées de sensations de picotements. Au niveau des lésions de la peau, le patient présente une anesthésie cutanée : il ne sent ni la douleur ni la chaleur.
Traitées, les lésions cutanées de la lèpre indéterminée se réparent en moins de 2 ans; le malade est alors mis en observation sans traitement puis considéré comme définitivement guéri un an plus tard.
Non traitée, la lèpre indéterminée va évoluer différemment selon la résistance du sujet vers :
La lèpre tuberculoïde non contagieuse
C'est la forme du sujet résistant avec allergie cutanée à la lépromine (réaction de Mitsuda positive).
Il n'y a pas de symptômes généraux.
Les "léprides cutanées maculo-anesthésiques" sont des taches sur la peau devenues insensibles. Les "léprides papulonodulaires" arrondies sont hypopigmentées et se voient surtout chez l'enfant.
Les atteintes nerveuses (névrites périphériques de type hypertrophique) dominent le pronostic.
Les nerfs les plus touchés sont le cubital au coude, le sciatique poplité externe, le facial, le radial, le médian...L'anesthésie et les paresthésies (fourmillements) sont les premiers symptômes. Les troubles moteurs sont plus tardifs : ce sont des déficits musculaires. Des troubles trophiques (maux perforants plantaires, altération du squelette, fonte musculaire, kératite - inflammation de la cornée - neuroparalytique) sont possibles.
Les lésions ont tendance à régresser spontanément.
Le traitement est très actif et le blanchiment peut être obtenu en 1 ou 3 ans, réserve faite des séquelles neurologiques.
La lèpre lépromateuse contagieuse
C'est la forme du sujet fragile. La réaction de Mitsuda à la lépromine est négative. Les signes généraux sont importants.
Les lésions cutanées sont les "lépromes". Il s'agit de macules infiltrées et luisantes. Les lépromes papulo-nodulaires touchent le front, les arcades sourcilières, les oreilles, le menton, les membres, etc...La cloison nasale peut s'effondrer.
Les atteintes neurologiques sont des névrites hypertrophiques et douloureuses. L'atteinte des muqueuses est constante. Le cartilage et les os peuvent être atteints.
Les atteintes viscérales sont nombreuses mais asymptomatiques : ganglions, foie, appareil génital, kératite, iridocyclite. L'évolution spontanée se fait par des poussées successives fébriles, douloureuses et extensives vers la mort en 10 ou 20 ans.
Le traitement spécifique peut obtenir le blanchiment des lésions en 3 ou 8 ans mais il doit être poursuivi toute la vie en raison des rechutes à l'arrêt du traitement.
Le diagnostic repose sur la réaction de Mitsuda à la lépromine, la biopsie cutanée ou nerveuse, la recherche du bacille de Hansen dans le mucus nasal et le suc dermique.
Traitement
Dès le IV° siècle, les Indiens connaissaient un médicament efficace contre la lèpre : l'huile de chaulmoogra, plante du Bengale, qui est encore employée de nos jours. Les sulfones (de la famille des sulfamides) sont très actifs (DDS ou Disulone; ).
D'autres médicaments peuvent être utilisés :
Sous l'effet du traitement, le malade est blanchi : il peut reprendre une vie sociale normale à condition de continuer son traitement qui peut durer des années.
Théodore Kouadio
koudore@fratmat.info
(Sources: Doctissimo, La Croix.com)
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