Trop de coïncidences, se disent ceux qui ont été laissés sur la touche après le recrutement de 60 médecins par le ministère de la Santé. Sur la liste des sélectionnés, nombreux sont-ils à être parentés, de près ou de loin, avec des personnalités politiques. La colère gronde du côté des recalés, qui veulent plus de transparence. Le leader de l’opposition Paul Bérenger en a rajouté une couche en demandant, lui, l’annulation de l’exercice de recrutement lors d’un point de presse, le samedi 17 octobre.

Sur quels critères ces médecins ont-ils été choisis ? Pourquoi ceux-ci ne sont-ils pas affichés ? Comment prouver que la sélection s’est faite dans les normes ? « Cela fait trois années que j’attends d’être recrutée. Entre-temps, mes parents, qui sont d’un âge avancé, travaillent pour rembourser les dettes. Pourquoi ne pas rendre la sélection des médecins plus transparente ? Cela causerait moins de frustration », s’indigne une jeune généraliste.

« Je suis déçu car le gouvernement Lepep avait promis la méritocratie et la transparence », déclare, pour sa part, le Dr Mohammad Isshaq Jowahir, vice-président de la Private Medical Practitioners Association. À chaque exercice de recrutement, ajoute-t-il, une polémique surgit. Comment faire pour y remédier ?

Emploi sous contrat

« D’abord, sur le panel de la Public Service Commission, il faudrait qu’il y ait aussi des médecins du privé et pas uniquement ceux de l’État. Cela équilibrerait les choses », dit-il. Cette fois-ci, le recrutement a été effectué par le ministère de la Santé, la Public Service Commission ne pouvant le faire en raison d’une affaire en cour. Les 60 médecins seront employés sous contrat, renouvelable chaque mois.
Pour le Dr Waseem Ballam, président de la Medical Health Officers Association, un examen d’entrée et la publication des résultats permettraient de dissiper les doutes et rendre le système plus transparent. Toutefois, il est d’avis que le recrutement de ces 60 médecins est une maigre consolation pour ceux qui sont déjà dans la profession, car ils sont obligés d’enchaîner plus de 30 heures de service.
Du côté des nouvelles recrues, c’est l’incompréhension. « Ce n’est pas parce que nous sommes des enfants de politiciens que nous devons être considérés comme des citoyens de deuxième catégorie et que nous ne pouvons pas travailler dans des hôpitaux », lance le fils d’un proche du pouvoir. Il soutient qu’il est qualifié pour le job, ayant réussi brillamment ses études secondaires ainsi que ses examens de médecine et son internat.

Un autre médecin qui a été retenu explique que c’est par « chance » qu’il a été recruté, lui qui patiente depuis deux années. Sollicité à maintes reprises par l’express au moment de la rédaction de cet article, le ministre de la Santé, Anil Gayan, est resté injoignable.

Hansini Bhoobdasur

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