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Cameroon tribune | Cameroun | 11/04/2007 | Lire l'article original
Et si pas grand monde ne remet en question la place de la médecine traditionnelle dans le paysage de la santé publique au Cameroun, beaucoup de problèmes se posent dans et autour de l’activité. Au moment où les pouvoirs publics amorcent son organisation et sa régulation, l’univers de la médecine traditionnelle présente le visage d’une véritable nébuleuse. Le problème se pose déjà dans des professions comme le journalisme, où il existe des écoles de formation et des diplômes. Alors, on imagine aisément ce que l’extrême perméabilité a pu causer comme dégâts dans l’exercice de la médecine traditionnelle.
Et parmi les grands problèmes rencontrés ici, figure la difficulté à dire qui est qui. Parce que justement on trouve de tout. Le vendeur de décoctions et d’écorces installé en bordure de route ; le " charlatan " du fond du quartier, qui en même temps, fait de la voyance ; le naturopathe qui se prend très au sérieux, au point de se faire appeler " docteur "… On n’oublie pas ces nombreux hommes et femmes, dépositaires du secret des plantes médicinales, qui au fond des villages et des quartiers soulagent les maux sans grande publicité. Et bien sûr, il y a ces autres qui au contraire font beaucoup de tapage. Tout ce mélange peut être très dévastateur, quand on sait, d’après les statistiques du Minsanté, que près de 80% de Camerounais ont recours à ce type de traitement.
Une majorité écrasante de la population camerounaise se soigne donc à la médecine traditionnelle. Ce qu’on appelle chez nous " traitement indigène " a montré son efficacité. Et son succès sur certains terrains où la médecine moderne tâtonne encore, a contribué à en faire asseoir l’implantation des tradi-praticiens. L’autre avantage étant que ça coûte moins cher qu’à l’hôpital.
Cela dit, les limites de la médecine traditionnelle sont connues et constituent autant d’obstacles à son émergence. Exemple avec cette absence totale de normes dans le traitement. La posologie, les dosages restent des données abstraites pour la plupart de nos tradi-praticiens. D’où le sempiternel dilemme des patients lorsqu’un cas ne s’améliore pas. Le débat n’est pourtant pas là. Car on a déjà vu des malades quitter un hôpital de référence pour se rabattre avec succès chez un guérisseur traditionnel. Et vice versa. C’est là qu’il faut comprendre le sens de la démarche des pouvoirs publics.
Comme cela a été expérimenté avec succès ailleurs (en Chine par exemple), il s’agit d’opérer un rapprochement entre médecine traditionnelle et médecine moderne. Il s’agit, pour parler prosaïquement de mettre toutes les chances du côté de ceux qui souffrent. Et cela ne peut se faire efficacement dans la situation actuelle de déséquilibre. Tous les acteurs de la médecine traditionnelle — appelez-les comme vous voulez — devront se mettre en règle.
Ce ne sera pas une mince affaire pour le ministère de la Santé publique et ses partenaires. Mais comme il existe un regroupement connu des tradi-praticiens, son rôle est primordial dans le processus. Et après, on espère que les populations régleront le compte de ceux qui vont persister à évoluer dans le flou. Mais il faut reconnaître que ce n’est pas évident. Les gens ont tendance à croire à n’importe qui, lorsqu’ils sont en détresse…
Yves ATANGA
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