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Le potentiel | Congo-Kinshasa | 14/01/2008 | Lire l'article original
«Les boîtes de ces médicaments sont convenablement couvertes,
mais portent parfois des mentions peu lisibles qui ne permettent pas l’identification
facile de leur lieu de provenance. A l’intérieur, leurs notices
sont souvent des photocopies mal découpées…, explique ainsi
Paul Léon Ndato, inspecteur des pharmacies de Beni. Pire encore, certains
de ces médicaments n’ont ni date de fabrication ni date de péremption».
Ce trafic de médicaments a pris de l’ampleur dans la région
il y a quelque trois ans. Profitant du laxisme au niveau de certains postes
frontaliers du pays, des commerçants font en effet entrer des produits
pharmaceutiques douteux qu’ils vendent à bas prix. Pour préserver
la santé des habitants, l’autorité urbaine a demandé
mi-2007 aux services qui travaillent à la frontière ainsi qu’à
l’inspection de la santé de «renforcer les mesures de contrôle
des médicaments à l’importation».
Mesures draconiennes
Un train de mesures coercitives a ainsi été pris : dépôt
d’échantillons obligatoires au laboratoire de l’Office congolais
de contrôle (Occ) à la frontière, obtention préalable
d’une autorisation d’import, menace d’interdiction d’exercer
pour les pharmaciens qui vendent des produits contrefaits ou périmés…
«Au niveau de la douane, nous avons été instruits à
ne pas libérer les marchandises avant que l’importateur ne présente
tous les documents qui l’autorisent à opérer dans ce domaine»,
affirme Cyrille Azama, brigadier à l’Office de douane et accise
(Ofida) qui dit faire désormais plus attention, car il y va de la santé
de ses frères. L’Occ, de son côté, exige impérativement
le bulletin d’analyse de la firme d’origine pour bien établir
la traçabilité du produit. Laborantin dans cet office, Kamabale
Mathumo, précise que «toute importation de médicament est
conditionnée par le dépôt du dossier toxicologique, du certificat
des bonnes pratiques de fabrication, du dossier du fabricant». Ces directives,
il les applique désormais à la lettre.
Outre ces mesures, les services sanitaires appuyés par la police procèdent régulièrement au contrôle dans les officines de Beni. Depuis le début de l’opération, ils ont déjà saisi environ une tonne de médicaments déclarés impropres qu’ils ont brûlés «pour dissuader les trafiquants». Selon les autorités du district de santé de Beni, le renforcement de toutes ces mesures a fait baisser sensiblement le trafic des faux médicaments dans la ville où ils étaient vendus dans des pharmacies, voire même dans la rue.
Une longue filière
Mais la bataille n’est pas entièrement gagnée. Selon le Dr Merlin Juakali, médecin de staff de l’hôpital général de référence de Beni, l’évolution du marché pharmaceutique mondial favorise la reproduction frauduleuse de médicaments. Les opérateurs économiques estiment qu’il faut associer les pays voisins pour mieux lutter contre le commerce des faux médicaments. «Certaines usines en Tanzanie, au Kenya et en Ouganda par exemple sont chargées uniquement d’emballer les produits venus de pays asiatiques sans en connaître les firmes. Ce qui ne fait que pérenniser la fraude», affirme Michèle Katembo, un opérateur économique de la place.
Ainsi face au doute, certaines institutions sanitaires et pharmacies de Beni
et Butembo, préfèrent s’approvisionner désormais
en médicaments chez Shallina et Pharmakina à Kinshasa ou uniquement
en produits venant des firmes européennes très bien identifiées.
Ce qu’elles ne faisaient pas toujours auparavant.
«Les faux médicaments sont à combattre. Comme ces remèdes
n’ont pas leur principe actif et ne contiennent pas le dosage recommandé,
ils ternissent ipso facto notre profession», soutient Brigitte Mastayabo,
pharmacienne à l’hôpital de référence de Beni,
qui souhaite que le contrôle ne faiblisse pas aux postes frontaliers.
Prendre des médicaments contrefaits tue
Les experts de l’Organisation mondiale de la santé (Oms), estiment
que jusqu’à 50% -voire plus- des médicaments consommés
dans certains pays en développement sont contrefaits. L’Asie et
l’Afrique seraient les plus touchées par ce fléau. Au Nigeria
par exemple, sur 10 médicaments vendus, 6 seraient faux. La même
chose en Guinée, où plus de 60% des médicaments commercialisés
ne sont pas homologués. Pour l’Oms, un médicament contrefait
est un «produit dont la composition et les principes actifs ne répondent
pas aux normes scientifiques. Il est par conséquent inefficace et souvent
dangereux pour le patient».
La consommation de ces médicaments peut entraîner des ravages.
Chaque année dans le monde, des milliers de femmes, d’hommes et
d’enfants sont victimes de ce marché frauduleux. Selon les rares
chiffres connus, il y a eu déjà près de 400 000 morts depuis
2001 en Chine et 2 500 morts au Niger en 1995. C’est dire toute l’ampleur
que prend le phénomène, surtout dans des pays en développement,
où les réglementations pharmaceutiques ne sont pas toujours strictes.
Selon une étude de la Food and Drug Administration (FDA) américaine,
les médicaments contrefaits représenteraient plus de 10% du marché
mondial de médicament. Soit 32 milliards de dollars, provenant essentiellement
de la Chine et de l’Inde.
RAOUL BILESTHI, JACQUES KIKUNI KOKONYANGE/SYFIA GRANDS LACS
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