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Revue de presse de santé tropicale

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Changements climatiques et survie du système sanitaire

Agence Presse Sénégalaise | Sénégal | 31/03/2022 | Lire l'article original

Dakar, 31 mars (APS) – La survie du système sanitaire dépend dans une large mesure d'une meilleure prise en compte des liens pouvant exister entre les changements climatiques et la santé humaine.
L'évolution des conditions météorologiques induit une hausse des températures, la pollution de l'air et des inondations récurrentes depuis quelques années, ce qui favorise certaines maladies telles que les infections respiratoires et les maladies hydriques. Ces changements sont en cause dans la résurgence de maladies comme la dengue, la fièvre de la vallée du Rift ou la maladie à virus Zika.

"S'il faut encore documenter davantage ce lien entre le changement climatique et le développement de certaines maladies", comme le suggère l'environnementaliste Ibrahim Sy, chercheur à l'université Cheikh-Anta-Diop de Dakar, il est désormais attesté que l'évolution du climat a un impact sur la santé humaine. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) avertit que "les changements climatiques ont un impact croissant sur la santé et le bien-être des personnes, de même que d'autres changements environnementaux mondiaux, dont la disparition de la biodiversité".

"Le changement climatique accroît la fréquence des vagues de chaleur, des sécheresses, des pluies extrêmes, des tempêtes et des cyclones violents dans de nombreuses régions et modifie la transmission des maladies infectieuses, ce qui a d'importantes répercussions sur la santé", notent les auteurs de la Stratégie mondiale sur la santé, l'environnement et les changements climatiques, un projet soumis à la 68e session du comité régional pour l'Afrique de l'OMS, tenu à Dakar en août 2018. Sur la base de ce constat, les populations en situation de vulnérabilité, notamment celles qui vivent dans les petites îles, sont exposées de façon disproportionnée à ces risques. Les conséquences potentielles à plus grande échelle comprennent notamment les pénuries d'eau, les migrations forcées et tensions politiques accrues au sein des pays et entre eux.

Une menace sur les systèmes de santé

La viabilité des systèmes de santé va, de même, se retrouver "compromise si l'on ne s'attaque pas sérieusement aux causes profondes des maladies", explique le docteur Codou Badiane Mané, point focal du comité climat-santé créé il y a moins d'un an par le ministère sénégalais de la Santé et de l'Action sociale. Selon des statistiques dudit ministère, environ 10 % du produit intérieur brut sont consacrés aux soins de santé, mais moins de 0,5 % reviennent à la prévention primaire. "Les taux récurrents et élevés de maladies diarrhéiques, d'infections respiratoires, et en particulier de maladies non transmissibles liées à l'environnement, pèsent lourdement sur les services de santé et les budgets nationaux des ménages", a souligné Mme Mané.

Un constat : les ressources financières et humaines affectées à la promotion de la santé et à la prévention primaire demeurent insuffisantes pour faire face à la forte charge de morbidité causée par des risques environnementaux liés à la santé. Avec l'augmentation de la pollution de l'air, par exemple, "la fréquence des maladies non transmissibles croît également, y compris l'asthme, le cancer du poumon et les maladies cardiaques", souligne Mme Sané.

Mieux outiller les systèmes de santé

En réponse, les chercheurs pensent que les services de santé doivent être davantage outillés pour prévenir les événements climatiques à haut risque, afin qu'ils puissent en retour amener les populations à se prémunir contre ces phénomènes. Selon Mme Mané, la planification permet au secteur de la santé de mieux lutter contre certaines maladies, mais une question demeure : tout cela est-il "basé sur des données probantes qui reflètent mieux la réalité sanitaire que les populations sont en train de vivre au Sénégal" ? "C'est à cette question que doivent répondre les scientifiques, mais surtout les décideurs, pour avoir les moyens de faire des investigations et dire : voici les priorités en termes de santé publique et les moyens pour atteindre cette sécurité sanitaire", a expliqué le docteur Codou Badiane Mané.

Le comité climat-santé mis en place par le ministère de la Santé et de l'Action sociale comprend des représentants des ministères de l'Environnement, de l'Agriculture, ainsi que celui de l'Eau et de l'Assainissement, ce qui constitue un premier jalon dans la réflexion, note-t-elle. A ses yeux, ce sont toutes les interventions des ministères sectoriels concernés qui peuvent conduire à l'amélioration de la santé, d'où la présence de ces derniers au sein de ce comité. "Les commissions fragmentées et parcellaires du ministère de la Santé doivent trouver un cadre leur permettant de travailler ensemble pour être dans une approche de santé globale", préconise Mme Mané.

Une thématique à documenter

"C'est une thématique qui a besoin d'être documentée davantage", insiste le point focal du comité climat-santé du ministère de la Santé et de l'Action sociale. C'est cette exigence qui a conduit à la mise en place dudit comité, à l'initiative de la direction de la santé, avec l'approche One Health, afin de fédérer l'ensemble des énergies en prenant en compte la santé humaine animale, aussi bien que l'écosystème. Le docteur Codou Mané Badiane note que "les capacités du secteur de la santé en matière d'engagement politique comprennent des compétences connexes relatives à la mise en œuvre d'une approche visant à inclure la santé dans toutes les politiques".

De cette manière, le secteur de la santé sera amené à jouer un rôle de leadership et de coordination en collaborant étroitement avec d'autres secteurs intéressés par les questions liées à la santé, à l'environnement et aux changements climatiques, en vue de l'amélioration la vie des populations. "L'influence du changement climatique sur la santé est complexe et encore peu étudiée. Il dépend aussi de facteurs individuels et socioéconomiques, mais les risques commencent à être bien repérés", relève le docteur Idrissa Bâ, pneumologue à l'hôpital Albert-Royer de Fann, à Dakar.

Les changements climatiques, dit-il, se traduisent notamment par la pollution de l'air et, dans une métropole comme Dakar, "c'est plus d'allergies, d'asthme, de maladies respiratoires et infectieuses, de gastro-entérites, de décès". "Les particules fines pénètrent profondément dans les poumons. Le problème, c'est que le réchauffement climatique favorise encore leur concentration", explique M. Bâ.

Changements climatiques et fréquence de certaines maladies

Les changements climatiques peuvent donc augmenter la prévalence de certaines maladies, dont les infections respiratoires, confirme le professeur Mouhamadou Guélaye Sall, de l'Institut de population, développement et santé de la reproduction, à l'université Cheikh-Anta-Diop. "Il se peut que les changements climatiques ne fassent pas émerger de nouvelles pathologies, mais c'est possible qu'ils augmentent la prévalence de certaines pathologies. Et dans ce cas, on peut penser aux maladies vectorielles ou à certaines infections respiratoires", souligne ce nutritionniste en pédiatre.

"Généralement, les infections respiratoires sont influencées par les conditions météorologiques. Leur prévalence peut donc augmenter lorsqu'il y a un changement climatique", a insisté M. Sall. Selon l'Organisation mondiale de la santé, en raison du réchauffement climatique, le nombre d'allergies a triplé en vingt-cinq ans et pourrait quadrupler d'ici à 2050. Des études montrent que le réchauffement climatique favorise la production de pollen par les plantes et allonge la durée de la saison pollinique.

Une réalité préoccupante pour la santé

En résumé, le changement climatique est devenu "une réalité préoccupante pour la santé", soutient le professeur Mamadou Bâ, toxicologue de l'environnement au département de médecine de l'université Cheikh-Anta-Diop. Depuis vingt-cinq ans, la température ambiante augmente de plus de 0,18 °C tous les dix ans, dans le monde, contre 0,85 °C, cent ans auparavant. Cela veut dire que non seulement le phénomène s'accélère, mais pour les climatologues, il est sans équivoque : le réchauffement climatique va se poursuivre, même si on le réduit fortement.

Si les effets de cette évolution sur la santé "ne sont pas suffisamment mises en avant, elles sont réelles", estime M. Bâ, qui a déjà conduit un projet éco-santé sur la pollution de l'air, avec quelques travaux permettant de mieux évaluer l'impact sanitaire de la pollution chez des groupes cibles - les transporteurs, par exemple -, qui sont très exposés dans les zones urbaines comme Dakar. Ces groupes cibles exposés à la fumée des voitures durant toute la journée développent plus d'affections respiratoires que les autres.

Certaines études réalisées en Suède établissent un lien entre la pollution de l'air et la santé, s'agissant du diabète surtout. Ces recherches partent du constat selon lequel quand il y a pollution de l'air, les populations ont tendance à faire moins d'activités physiques et deviennent sédentaires, ce qui favorise le diabète. "La pollution de l'air mérite une attention particulière. Il y a des risques sanitaires et des facteurs d'exposition. On n'a pas d'évidences scientifiques et il faut aller vers ces évidences pour arriver à mettre en relation les différentes sources, pour connaître pour chaque source les types de risques sanitaires et les facteurs d'exposition, afin de mieux développer des politiques de prévention", préconise le professeur Mamadou Bâ.

Quelque 250.000 décès supplémentaires redoutés

L'Organisation mondiale de la santé estime qu'entre 2030 et 2050, l'impact du climat sur les diarrhées, la chaleur, le paludisme et la malnutrition des enfants provoqueront 250.000 décès supplémentaires par an. Les températures élevées contribuent de même à accroître directement la surmortalité causée par les maladies cardiovasculaires et respiratoires, notamment chez les personnes âgées, selon l'OMS. Or, l'OMS table de plus en plus sur des phénomènes extrêmes et fréquents comme les canicules et les inondations en s'appuyant sur des recherches effectuées par des climatologues. Malgré tout, Massamba Sylla, professeur d'entomologie médicale à l'université du Sine-Saloum El Hadj-Ibrahima-Niass, juge "très difficile de faire comprendre à nos gouvernants qu'il faut prendre en compte cette dimension multifactorielle de l'émergence de certaines maladies, qui fait intervenir le climat, le rongeur, les oiseaux et même d'autres espèces animales et d'autres phénomènes sociaux, la transhumance, par exemple".

Dans cette perspective, l'Institut de recherche pour le développement menait, en 2004, une réflexion sur les rapports entre les changements climatiques et la santé, a rappelé M. Sylla. Il était membre du comité chargé de mener la réflexion. Plusieurs recherches ont été menées sur le sujet par de nombreux spécialistes, des climatologues, des environnementalistes, des épidémiologistes, des rodentologues (spécialistes des rongeurs) et des entomologistes médicaux, qui s'intéressent aux maladies transmises par des vecteurs. "Impasse médiatique" Mais si la question a été fortement médiatisée sous l'angle des effets de la hausse des températures, par exemple, il y a une "impasse médiatique" sur le sujet, malgré le fait que l'impact socioéconomique et épidémiologique de cette problématique ne cesse d'augmenter, déplore Massamba Sylla.

Ce spécialiste souligne la nécessité d'une expertise multidisciplinaire pour mieux prendre en charge cette question à travers des stratégies de riposte indiquées, ainsi que la mise en place de modèles prédictifs pour les prévoir. D'autant plus que les projections climatiques en Afrique subsaharienne "sont franchement pessimistes et prédisent un réchauffement continu, avec des intervalles de chaleur de plus en plus insupportables, une aridité de plus en plus marquée, des écosystèmes sahéliens et des perturbations notoires des régimes pluviométriques", a souligné M. Sylla.

ADL/BK/ASG/ESF - Adama Diouf Ly

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