Très peu connues du grand public, la drépanocytose et la
leucémie font des ravages. En Côte d'Ivoire, de plus en plus d'hospitalisations
sont dues à ces deux maladies. Pour avoir fait ce constat, Mme Fofana Awa
a mis sur pied l'ONG Lanaya. Le lancement des activités de cette structure
qui se veut " comme une aide aux enfants " s'est fait vendredi à
l'hôtel Sofitel.
Si ces maladies sont toutes les deux celles du sang, il demeure qu'elles sont
différentes l'une et l'autre et ce sont les antinomies constatées
que le Pr Sanogo Ibrahima, professeur titulaire du Service d'hématologie
de la clinique du CHU de Yopougon s'est attelé à présenter.
Ainsi, en ce qui concerne la leucémie que l'on appelle communément
cancer du sang, le Pr Sanogo la définit comme " une maladie tumorale
de la moelle osseuse, qui perturbe la multiplication des cellules sanguines ".
On la retrouve partout, ce qui lui donne selon lui un caractère "
ubiquitaire ". En Côte d'Ivoire, la maladie est très présente
et elle a une fréquence de 23, 86/1000 malades et 16 nouveaux cas en moyenne.
Ce qui préoccupe le Pr Sanogo, ce ne sont pas les chiffres, mais les chances
de survie, qui à l'en croire, sont très minces. Car en règle
générale, on ne guérit pas de cette maladie, du moins si
l'on ne dispose pas de gros moyens. La durée du traitement s'élève
à environ 3 ans pour un coût de plus de 4 millions. La guérison
s'obtient généralement après une greffe de la moelle.
Le Pr Sanogo a attiré l'attention de l'assistance sur les signes de cette
maladie qui se fait remarquer par l'anémie, la fièvre et les saignements.
Toutefois seul un examen de laboratoire peut permettre au spécialiste d'être
plus affirmatif.
Quant à la drépanocytose, le professeur titulaire du Service d'hémato-clinique
du Chu de Yopougon retient qu'elle est une affection héréditaire
de l'hémoglobine. Elle est beaucoup plus fréquente en Afrique qu'ailleurs.
Contrairement à la leucémie, " il n'y a pas de traitement curatif
et cela constitue un sujet de recherche constante ". En Côte d'Ivoire,
la population est aussi concernée et le taux est de 14,29% dont 4,08% sont
porteurs d'une forme majeure.
Le représentant du ministre de la Santé et de l'Hygiène publique,
M. Tanoh, a mis l'accent sur les consultations dont le nombre s'élève
à 6450. Le Nord du pays est le plus frappé, à cause des mariages
endogamiques.
La drépanocytose est une maladie aussi dangereuse que affecte l'espérance
de vie des personnes qui en sont touchées, parce qu'elle peut conduire
à une destruction des os, voire une paralysie. Elle se caractérise
par une douleur épisodique, déclenchée par le froid, la haute
altitude, la fièvre.
La présidente de Lanaya ou encore " confiance " en langue malinké,
Mme Fofana Awa est d'autant avertie des risques de la leucémie qu'elle
a perdu son fils de 13 ans, en 1996 du fait de cette maladie.
En créant cette ONG, elle souhaite compatir à la douleur des mères
dont les enfants sont affectés par les maladies du sang et surtout éveiller
leur conscience quant aux précautions à prendre.
Les personnalités présentes à l'atelier n'ont pas dit autre
chose sinon que s'inscrire dans la logique de Mme Fofana. C'est ainsi que le directeur
du lycée américain, Robert Walbridge, a fait cas de sa nièce
Melissa. La guérison de cette enfant que l'on peut classer parmi les miraculés
a été obtenue grâce à la foi de ses parents certes,
mais surtout à leur persévérance. Le directeur de Access
Finances, M. Touré Mahamadou, a tout aussi exprimé sa foi en l'avenir.
Mélissa, la miraculée
Melissa est une jeune américaine. Elle est née en 1987 à
San Francisco. Atteinte de leucémie, dès son premier anniversaire
de naissance, elle est à présent guérie. Mieux, elle est
parmi les meilleurs élèves de son établissement en Pennsylvanie.
En présentant son exemple, M. Robert Walbridge, directeur du lycée
américain et oncle de Melissa, a voulu partager avec l'assistance, l'espoir
de voir un jour leurs enfants remis totalement de cette maladie redoutable.
Bien sûr, la petite fille contrairement à nombre d'enfants de la
planète a bénéficié des meilleurs soins dans les
plus grandes structures hospitalières ; mais, il a d'abord fallu que
les parents y croient. Surtout que tout semblait avoir mal démarré
pour cet enfant, qui, nous dit M. Walbridge, est née en plein tremblement
de terre. Les parents, chrétiens catholiques, n'avaient pas baissé
les bras. Ils avaient associé foi religieuse et médecine pour
donner des chances de survie à leur fillette. Aujourd'hui, elle est une
grande sportive, meilleure volleyeuse de l'équipe de l'université.
De nombreux enfants voient leur avenir compromis du fait de cette maladie. Puisse
l'exemple de Melissa leur servir de soutien.
Marceline GNEPROUST
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