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Le patriote | Côte d'Ivoire | 15/04/2009 | Lire l'article original
Le Patriote : Pourquoi la mise sur pied d’un programme de médecine traditionnelle ?
Dr Kroua Ehoulé : Le programme national de promotion de la médecine traditionnelle a été créé par arrêté 409 du 28 décembre 2001. Il a pour objectif l’amélioration de la couverture sanitaire par l’utilisation des plantes médicinales, donc par la médecine traditionnelle. Mais également d’organiser le secteur de la médecine traditionnelle. Les objectifs spécifiques sont la réglementation, la promotion de cette médecine, la valorisation des médicaments à base de plantes.
L P : Comment comptez-vous atteindre ces objectifs ?
Dr K E : En ce qui concerne la promotion, nous avons élaboré un document de politique que nous avons validé le 12 juin 2007. Nous avons également élaboré un plan stratégique 2007-2011, dans lequel nous avons décliné 8 domaines d’actions prioritaires. Nous avons le renforcement des capacités institutionnelles en ce qui concerne l’existence même du programme. Ensuite, nous avons la réglementation. Pour stopper l’anarchie dans lequel exercent les tradipraticiens, nous avons proposé des arrêtés qui concernent l’autorisation d’exercice, l’ouverture des cabinets et la mise sur pied d’un comité chargé de réglementer et d’autoriser la mise sur le marché des médicaments traditionnels améliorés (MTA). En troisième point, c’est le système de gestion des tradipraticiens de santé. Pour cela, nous avons mis en place un logiciel de gestion qui permet de pouvoir localiser le tradipraticien dans son cabinet et savoir ce qu’il fait concrètement, combien de malades reçoit-il. Le quatrième point concerne la formation des tradipraticiens. En effet, avec la mondialisation, la compétence des tradipraticiens doit être renforcée. Notamment en ce qui concerne la gestion des cabinets, l’hygiène, l’anatomie de l’homme et sur certaines pathologies prioritaires (VIH, la drépanocytose, le diabète et l’hypertension artérielle). En cinquième point, nous avons proposé le suivi évaluation. Il s’agit de se rendre dans les cabinets pour voir concrètement comment ils fonctionnent, les médicaments utilisés, le nombre de malades reçus par jour etc. Pour vous donner un exemple, nous avons déposé un registre de consultation dans les cabinets de tradipraticiens pour connaître le nombre de malades qu’ils accueillent. En six mois, c'est-à-dire de janvier 2008 à juin 2008, nous avons recensé près de 15000 consultations pour 25 cabinets visités. En termes de santé publique, c’est énorme. Cela signifie que les guérisseurs sont visités par la population ivoirienne. Nous pourrons inclure les données que nous allons avoir dans le rapport annuel du système de santé. En sixième point, nous allons faire la valorisation des médicaments à base de plantes, à travers des recherches, des thèses sur cette médecine. Nous avons placé la communication en septième point. A savoir donner les informations nécessaires quant à l’utilisation rationnelle des médicaments traditionnels, aux pratiques thérapeutiques et enfin, nous avons la mobilisation des ressources.
LP : Justement, avez-vous les ressources nécessaires pour réaliser tout ce vaste chantier ?
Dr K E : Nous n’avons pratiquement rien. Nous avons un projet de création d’un laboratoire de recherche en médecine traditionnelle qui nécessite beaucoup de moyens. L’Etat nous aide à hauteur de 10%, voire 15 % de notre budget qui est d’environ de 200 millions de FCFA. Nous sommes les parents pauvres de la santé. Nous n’avons pas de partenaires. Il n’y a que l’OMS qui nous soutient à 1% du budget. Nous avons également l’organisation ouest africaine de la santé qui appuie le programme à hauteur de 50%.Cela ne concerne que le fonctionnement. Les investissements ne sont même pas possibles. Alors que l’idéal serait de créer un laboratoire de recherche pour pouvoir valider de façon scientifique les MTA, ainsi que les pratiques thérapeutiques. Pour la prise en charge du malade, il n’y a pas que les médicaments traditionnels. On parle de magnétisme aujourd’hui, et d’autres techniques de soins qu’il faut valoriser, mais nous n’avons pas de moyens.
LP : A vous entendre, vous êtes un secteur sinistré. Alors que 4,68% du budget de l’Etat est destiné à la santé ?
Dr K E : L’Etat dépense des milliards dans la médecine moderne. Malgré les infrastructures ultramodernes (l’existence de trois CHU à Abidjan, de polycliniques, d’hôpitaux généraux, de cliniques privées), 80% de la population utilisent la médecine traditionnelle. Ce qui veut dire que si l’Etat dépense 2 milliards pour la prise en charge de la santé de la population, cela n’intéresse peut être que 20 %. L’Etat devrait donc accorder plus de crédit à la médecine traditionnelle. Au cours des deux années passées, l’Etat nous a aidé à hauteur de 60 millions de FCFA, aujourd’hui, nous sommes à 50 millions de FCFA. C’est pourquoi, nous demandons que des industriels s’impliquent d’avantage dans la recherche de la médecine traditionnelle. Je pense que nos tradipraticiens, qui ont plus de notoriété pour la prise en charge de pathologies dont la population paye un lourd tribut (le VIH/SIDA, la tuberculose, l’hépatite, le diabète et les maladies chroniques), ont leur place. On dépense des millions pour former un médecin qui reçoit 10 malades par mois, alors que des tradipraticiens qui reçoivent près de 500 malades, ne sont pas formés. Il y a matière à réfléchir. Il faut une collaboration sérieuse entre la médecine traditionnelle et moderne. Si nous voulons améliorer les indicateurs au niveau de la mortalité maternelle, infantile, l’espérance de vie, l’Etat doit exiger la construction de centre de santé intégré, comme cela se fait en Asie. Pour que les objectifs du millénaire soient atteints.
LP : L’une des reproches qu’on fait le plus souvent aux tradipraticiens, c’est qu’ils étalent de façons anarchiques les médicaments dans les rues et un seul médicament est destiné à soigner plusieurs maladies à la fois ?
Dr K E : C’est une question de réglementation. Mais je ne pense pas que la médecine traditionnelle soit la seule à être indexée. Vous avez les médicaments de rue. Qu’est ce qu’on en fait ? Autant on peut lutter efficacement contre les médicaments de rue, autant on peut lutter contre les charlatans, les vendeurs d’illusion. Mais notre assemblée générale prendra les arrêtés pour canaliser cela. Et les vrais tradipraticiens doivent le comprendre. Nous avons signé un protocole d’accord entre le conseil supérieur de la publicité, le programme national de la médecine traditionnelle et la fédération nationale de tradipraticiens de santé, pour que le contenu du message publicitaire soit analysé par le programme avant son passage. Nous encourageons également la création des cabinets, pour que les guérisseurs ne soient plus des guérisseurs ambulants.
Réalisée par Dao Maïmouna
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