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Revue de presse de santé tropicale

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Pr. Bohoussou Marcellin, Gynécologie-obstétrique : “La mutilation est sanctionnée par le code pénal”

Fraternité matin | Côte d'Ivoire | 29/03/2006 | Lire l'article original

L’Unicef et le ministère de la Famille et de la Femme mènent un combat contre les mutilations génitales féminines. Depuis 1998, la Côte d’Ivoire a voté une loi qui interdit la pratique de l’excision. Vous qui êtes un médecin à la retraite, un médecin d’expérience, pouvez-vous nous dire si la Côte d’Ivoire a réellement tout mis en œuvre pour lutter contre l’excision ? Selon les chiffres le taux est en croissance.
L’excision est un fait culturel ; et les faits culturels sont difficiles à éradiquer. En général, ils disparaissent d’eux- mêmes. Je choisis toujours comme exemple les jeunes gens de ma promotion. Je suis né à Abidjan, j’ai fait l’école Saint-Michel. La première promotion : Nous étions près de 80 au CP1. On pouvait compter prêt de 20% des élèves qui étaient balafrés. Aujourd’hui, si vous passez dans toutes les écoles de la ville d’Abidjan et que vous recherchez un enfant balafré vous n’en trouverez pas. Et pourtant, il n’y a pas eu d’activité coercitive pour pouvoir faire partir cela. En tant que professionnel de la santé, nous voyons des complications graves d’excision, surtout au moment de l’accouchement. C’est vrai qu’il y en a à tous les moments, mais lors de l’excision, je peux dire que grâce à la pharmacopée africaine, il y a peu de complications, dans l’immédiat.

Pouvez-vous le démontrer ?
Je suis dans les CHU depuis plusieurs années, je n’ai rencontré que deux cas de complications immédiates de l’excision, mais ce sont les complications à moyen et à longs terme qui posent problème. Je peux dire que la Côte d’Ivoire n’a pas beaucoup lutté contre cette pratique. De la même manière, les balafres sont parties, je pense que les autorités Ivoiriennes se sont dit que c’est un fait de société et qu’avec l’éducation, cela allait disparaître. Il faut se dire qu’avec les activités des féministes en France, il s’est développé à partir des années 70, une lutte acharnée contre la circoncision féminine. Cela a amené certains africanistes à se rebeller contre ce trop plein d’activités des pays occidentaux sur l’excision qui est une partie de nos coutumes.

Aujourd’hui, on lutte de plus en plus contre les coutumes rétrogrades ?
Oui, ce congrès auquel j’ai assisté, a fait l’inventaire des coutumes positives et des coutumes négatives. C’était à Addis-Abeba en 1990, j’y étais et j’ai écrit un article sur l’excision, le cas de la Côte d’Ivoire. J’avais trouvé dans les couloirs des affiches qui disaient que dans notre pays 60% des femmes étaient excisées. J’ai dit non, ce n’est pas vrai. C’est vrai qu’il y a l’excision en Côte d’Ivoire, mais 60% c’est un peu trop. Je connaissais le problème parce que je venais de faire une thèse de doctorat en médecine sur les complications de l’excision dans la vie de la femme. En 1994, la Côte d’Ivoire, par une enquête démographique de santé, (EDS) a estimé ce chiffre à 43,5%. Malheureusement, l’EDS de 1998 trouve un chiffre de 45%. Donc, au lieu de diminuer, cela a augmenté.

Selon vous, faut-il lutter contre l’excision, ou laisser cette pratique s’évanouir toute seule comme les balafres dont vous parliez tout à l’heure ?
La Côte d’Ivoire s’est mise dans la mouvance mondiale actuelle, qui consiste à lutter contre l’excision. Le contraire serait se comporter comme quelqu’un qui refuse de mettre son enfant à l’école. La tendance actuelle sur instigation de l’OMS, c’est d’éradiquer l’excision de la même manière qu’on essaie d’éradiquer la poliomyélite. La Côte d’Ivoire ne peut pas être hors de cela.

Oui, mais, il faudrait peut-être un engagement assez ferme. Il n’existe pas de mesures répressives contre les personnes qui pratiquent l’excision.
Nous avons attiré l’attention sur les calamités provoquées par cette affection depuis 1969. En 1969, mon patron, celui qui m’a formé, M. Francois Renault, a fait publier une centaine de cas sur l’excision et avait demandé déjà en 1969, qu’on prenne des mesures pour éradiquer cela. Ivoire Dimanche a publié trois ou quatre articles sur l’excision. Les gens les ont lus comme une curiosité. Ils n’ont pas pris de décision. En 1998, toujours dans la mouvance, c’est comme la planification familiale, la Côte d’ivoire a laissé faire ; aujourd’hui, elle s’y est lancée. En Europe, il y a eu l’excision, aujourd’hui, il n’y en a plus. Il n’y a que les Africaines qui font l’excision. En Europe au 19ième siècle, dans les asiles de folles, on a excisé les femmes, mais tout cela a été arrêté. Pour ne pas qu’on nous montre du doigt, tous les pays africains sont entrés dans la lutte. La Côte d’Ivoire également. La voie a été lancée. La Côte d’Ivoire, comme un certain nombre de pays, a choisi la voie répressive pour mettre fin à cela. C’était à Addis-Abeba. Dans le plan d’action, il n’est pas dit qu’il faut utiliser la voie répressive. Parce que des pays comme l’Egypte et le Soudan ont pris des lois répressives depuis 1956. Mais l’Egypte a un taux de 97% de femmes excisées et le Soudan, 89%.

Comment pouvez-vous expliquer que, malgré les mesures de répression, le taux soit aussi élevé.
C’est parce qu’il n’y a pas eu d’entente dans la prise de ces lois. En Egypte, le ministre de la Santé a estimé que c’était dangereux et qu’il ne fallait pas le faire. Le ministre de la Justice a dit non. S’ils ne s’entendent pas, ils ne peuvent pas appliquer la loi. Quand en 1998, les gens discutaient de cette loi, je leur ai dit qu’elle allait être difficile à appliquer.

Dans ces pays là, quelle est la sanction qui est appliquée à une personne qui pratique l’excision ?
La mutilation est sanctionnée par le code pénal. La sanction, c’est la prison ou une amende. C’est la même loi dans toutes les régions. Au Burkina, c’est la même loi. Au Ghana, c’est la même loi. En Guinée, c’est la même loi. Bien que le Burkina ait pris des lois répressives, en janvier RFI a annoncé que 11 femmes ont pratiqué l’excision. Il n’a pas été dit qu’il y a eu des morts, mais on ne leur a rien fait.

Que faites-vous au niveau du corps médical pour lutter contre ce mal.
Rien n’est fait. Je vous le dis sincèrement au niveau du corps médical, nous nous contentons de constater les lésions, de les réparer et nous disons, ce n’est pas notre affaire.

Pourquoi ?
C’est comme cela, je crois que c’est la philosophie qui nous l’a dicté. La seule mesure qui a été imposée, c’est que l’OMS et la fédération internationale des gynécologues obstétriciens ont demandé aux médecins de ne pas médicaliser l’excision. Parce qu’il y a un certain nombre de pays où l’excision est pratiquée sous anesthésie locale. Le Kenya a trouvé une formule, l’excision de substitution. Les jeunes filles sont réunies, cela dure vingt jours, on leur fait une éducation et ensuite, il y a la cérémonie d’excision. Mais en réalité, elle est supprimée et il y a la fête. Le jour de la sortie du bois sacré, les gens croient qu’elles ont été excisées. On fait la fête, on leur donne tous les cadeaux qu’elles méritent. Ce ne sont pas toutes les régions du Kenya qui agissent de cette manière. Les puristes vous disent, c’est bien quand l’excision est pratiquée sur une jeune fille qui est à l’âge de la puberté ou qui doit aller se marier. Mais, quand on exige cette pratique, comme chez les Yorouba, avant la fin de la première semaine, ou chez la petite fille de quatre ans… quelle éducation lui donne-t-on. Chaque pays qui pratique l’excision a ses raisons, de le faire.

Y a-t-il moins de risques lorsque l’excision est pratiquée à l’hôpital ?
Je suppose parce que j’ai vu des films sur l’excision à l’hôpital. Je n’en ai jamais vu en pratique, mais c’est très simple. Il suffit de mettre une anesthésie locale, de faire une piqûre au niveau des organes génitaux et on coupe. La petite fille ne sent aucune douleur. Effectivement, quand l’anesthésie va passer, elle aura la douleur mais pas le stress.

En parlant des risques, nous faisons allusion au Sida et à tout ce dont on parle. Si les risques sont amoindris cela pourrait encourager les gens à se tourner vers les hôpitaux.
Tous les risques existent, mais concernant le Sida, moi j’ai une idée personnelle. L’un des thèmes qui devait être développé en 1991, à Addis-Abeba, c’était VIH et excision. Le conférencier nous a parlé du VIH et il a dit : je ne peux pas vous dire aujourd’hui que l’excision transmet le VIH. Et je n’ai jamais lu un article, crédible, faisant une relation entre l’excision et le VIH. On suppose, que les instruments utilisés pour l’excision n’étant pas stérilisés, on peut leur transmettre le Sida. Il n’y a pas eu de cas vérifiables. Je fais le cours sur l’excision à la faculté de médecine. Je cite toutes les conséquences. Les conséquences immédiates, les hémorragies, la douleur. Le VIH, j’ai mis un point d’interrogation. Le cadre s’y prête, mais il n’y a aucun article scientifique qui dit qu’une petite fille séronégative est sortie du bois sacré et elle est devenue séropositive. Tant que je n’aurai pas vu cela, je parlerai au conditionnel.

En plus des risques, la lutte contre l’excision est surtout menée dans le cadre de la préservation des droits de la femme.
L’excision a été condamnée par l’assemblée générale de l’OMS en 1988. Une résolution de l’assemblée générale des gynécologues appel, à mettre un terme à cette pratique dangereuse. Elle représente une violation flagrante des droits humains, parce qu’il est dommageable pour une fille qui n’est pas en mesure de donner son consentement. Je pense qu’avec la création des Ong comme l’ONEF de Mme Alexise Gogoua, nous allons y arriver progressivement. Malgré toutes les campagnes qui sont menées, moi je pense que c’est l’éducation, les programmes de formation des filles qui vont arriver à mettre fin à cette pratique. Ainsi que des conférences, l’approche intégrée dans les soins de santé primaire dans les dispensaires, les maternités. Et ça, nous ne le faisons pas. Ce sont les Ong qui en parlent. Le ministère de la Santé n’en parle pas.

Le ministère de la Famille a prouvé son engagement ces derniers temps avec l’ONEF et à l’occasion de la journée internationale de la femme. Un comité de lutte contre l’excision y existe. Les personnes menacées de subir cette pratique peuvent le saisir.
Je ne sais pas où ces plaintes vont partir. La loi existe depuis 1998, combien d’Ivoiriennes ont été excisées. Contrairement aux lois du Soudan qui ont été votées en 1946 et de l’Egypte en 1950, cela n’a pas aboli des coutumes. Je pense que seules les actions de sensibilisation comme le fait l’Imam Cissé Djiguiba peut amener les gens à prendre conscience et cela peut aboutir à une réduction, voire à une éradication, dans dix ou 15 ans.

Marie Adèle DJIDJE

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