Le vaste chantier de la santé connaît donc l’embellie avec l’opération de solidarité pour l’équipement des hôpitaux et centres de santé. L’horizon semble avoir de l’éclaircie dans un pays où le déficit d’équipements sanitaires est effrayant. Le recours à la solidarité est censé ouvrir une nouvelle ère, celle de la mue émouvante de l’archaïsme mortel en modernité. Le mot d’ordre est lancé : solidarité. L’opération de collecte d’équipements et de matériels médicaux va rythmer la vie de la nation du 16 juillet au 16 novembre 2012. La campagne de solidarité est vouée à être chose d’envergure. Béninois du pays et de la diaspora devront boucher de leurs doigts la jarre sanitaire trouée. Pour un pays frappé par la crise, la quête de l’union peut commencer par la mobilisation autour des questions de santé.

L’opération de solidarité accouchée par Dorothée K. Gazard revendique un bien-fondé incontestable. Le sinistre spectacle dans nos hôpitaux et centres de santé dépourvus du minimum requis pour des soins élémentaires, offre un support idéal à la belle initiative de solidarité. Des agents de santé font parfois la ronde, cherchant désespérément tensiomètre et stéthoscope. La qualité des soins dispensés et la pratique médicale sont affectées par le crucial problème d’équipements. Et nos hôpitaux justifient leur sale réputation de mouroir, faute de matériels.

Pour que l’inspiration de l’opération " 120 jours pour équiper les hôpitaux et centres de santé du Bénin " produise ses effets, on a activé le sens de l’organisation. L’identification des besoins par spécialité en est une illustration. La pédiatrie, la gynéco/ obstétrique, la chirurgie, la cardiologie…reçoivent les promesses optimistes dans le répertoire des urgences. Et Dieu seul sait que tous les secteurs sont touchés. L’Etat a bout de souffle s’en remet à la solidarité. Il est aisé d’y voir une forme de démission mais la géniale solution compense l’éventuelle faillite et permet à l’Etat de reprendre la main.

Cette entreprise de solidarité de Dorothée Kindé Gazard mérite le soutien de tous les patriotes. Il y a des vies humaines à sauver avec l’instinct social et l’amour du prochain. On espère une bonne moisson de matériels et d’équipements médicaux durant les 120 jours de solidarité. La mort rôde en permanence dans nos hôpitaux d’où se répand une indigence fatale.

La réponse à l’appel à la solidarité est évidemment connue. Au nom de la morale et des valeurs humaines, elle doit être positive et entrainer l’engagement inoxydable. Mais le simple fait de décréter la saison de la solidarité ne garantit pas la sécurité des équipements. Il pèse sur Kindé Gazard l’obligation de prendre des dispositions pour empêcher le vol des matériels. Car, des agents indélicats sont aux aguets et ne rateront aucune occasion de détourner des biens vers des cliniques privées. Le monde de la santé a aussi ses malfrats qui opèrent isolément ou en complicité avec l’indécrottable mafia et ses parasites aux élans nocifs.

Il appartient à madame la ministre de prendre l’engagement de traquer la bande d’irresponsables et de sacripants, maîtres dans l’art de vider les hôpitaux et centres de santé de leurs maigres équipements. Car, on doit éviter que la solidarité profite aux forces du mal, vermines de la santé. C’est le défi que comporte l’exercice Kindé Gazard.

Sulpice O. GBAGUIDI

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