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Revue de presse de santé tropicale

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Les quatres forces nécessaires pour guérir du VIH-SIDA en Afrique

Le potentiel | Congo-Kinshasa | 16/12/2006 | Lire l'article original

Compte tenu de l’ampleur des ravages du virus dans nos pays et de l’ambiance psychosociale qui exige aujourd’hui une réorientation de la lutte contre la pandémie, à quelles forces faut-il recourir pour faire reculer le fléau et lui faire un jour plier l’échine ?

En quelles énergies devons-nous avoir foi pour que la guérison du SIDA, au sens global, soit possible en Afrique ?

Deux préalables

Pour répondre à ces questions, deux préalables sont indispensables. Premier préalable. Il relève de la nécessité de recentrer la réflexion et l’action dans le combat contre le VIH-SIDA sur l’Afrique non pas comme simple victime de l’épidémie, mais comme agent principal d’organisation de sa lutte à partir de toutes les ressources dont elle dispose. Cette nécessité exige que nous nous engagions en tant qu’Africains et Africaines à inventorier toutes les ressources qui sont les nôtres. Des ressources endogènes par lesquelles nous pouvons féconder des forces et des stratégies de lutte qui nous soient propres.

Autrement dit, le temps est venu de prendre pour préalable que la guérison globale dont nous avons besoin dans nos pays dépend essentiellement de la mobilisation de nos énergies : de notre capacité à rassembler toutes les possibilités d’action et tous nos potentiels de confiance en nous-mêmes tant au niveau des décideurs étatiques qu’à l’échelle des choix individuels de vie, en passant par la dynamique des mouvements, associations et organisations sociales de lutte. La société dans son ensemble avec ses institutions politiques et économiques a donc le devoir de comprendre la bataille contre le VIH-SIDA non pas simplement comme une exigence d’organiser des campagnes d’information, de formation, de mobilisation et d’éducation, mais aussi comme l’impératif de solidarité par la création des structures publiques efficaces dans le soutien et l’accompagnement des malades. Penser la guérison du SIDA serait ainsi une affaire de responsabilité politique et économique propre à l’Afrique elle-même dans les stratégies qu’elle décide de mettre en œuvre concrètement.

Mais l’Etat et l’ensemble d’Institutions qu’il gère ne peuvent assumer leurs responsabilités que si le peuple tout entier est engagé dans la même foi sur sa capacité à vaincre lui-même la pandémie à partir de ses ressources internes.
Aujourd’hui, la conscience qui se met en branle dans les milieux populaires et dans son imaginaire rend possible des campagnes intelligentes, qui fondent la lutte sur la confiance de la société en ses propres forces. La réflexion sur ces for- ces telle que nous la menons ici est fondée sur la fécondité du préalable que nous venons de formuler.

Deuxième préalable. Il s’agit de situer la lutte de l’Afrique contre le VIH-SIDA dans la perspective de ce que j’ai appelé la synergie entre la médecine de nos terroirs traditionnels, la recherche médico-scientifique moderne et la foi religieuse soumise à l’épreuve de nos attentes profondes. Cette synergie est nécessaire et utile parce qu’elle est le lieu concret de la mobilisation de toutes les forces pour la guérison de l’Afrique et de ses populations face au VIH-SIDA. A l’échelle de la vision du monde où je la situe, elle constitue une tri-thérapie essentielle qui conditionne l’efficacité et la fécondité de nos actions, qui dynamise nos énergies psychiques et mobilise nos élans de responsabilité et de solidarité.

Si nous ne faisons pas le choix de mettre à profit le contexte actuel de foi en la guérison et en la possibilité de vivre positivement avec le virus, pour pouvoir articuler en une seule dynamique les énergies de cette tri-thérapie essentielle, nous risquons de continuer avec nos campagnes d’action actuelle dont les résultats sont très mitigés. Si le problème est aujourd’hui de prendre le SIDA de vitesse, comme l’a bien vu Godefroy Lawson-Gaizer, président de l’Association Espoir-Vie-Togo, nous ne pouvons le faire en Afrique qu’avec une vision du monde sans exclusive en matière de stratégies.

En dehors de toute naïveté qui nous ferait avaler n’importe quelle sornette sur les guérisons possibles; en dehors également de toute mauvaise foi qui nous ferait refuser les évidences pures et dures, notre devoir est de mettre en lumière toutes les possibilités qui existent et de recourir à toutes les opportunités qui s’annoncent, chez nous ou ailleurs. Le sens de ces deux préalables. Les deux préalables dont je viens de parler ont pour enjeu une seule réalité : l’urgence de conjuguer l’Afrique dans ses forces culturelles et socio-politique avec les recherches les plus avancées en matière de lutte contre le VIH-SIDA dans le monde d’aujourd’hui, dans les centres de recherche et les laboratoires pharmaceutiques de pointe.

Dans cet état d’urgence où nous trouvons, quatre forces me paraissent capitales pour vaincre la pandémie, selon les perspectives d’une Afrique comptant sur ses forces internes et sur la coopération avec le monde extérieur.

Les quatre forces indispensables

Ces forces telles je les vois aujourd’hui, je ne crois pas qu’il soit nécessaire d’en hiérarchiser les capacités ni d’en apprécier la fécondité selon un système de pondération quelconque. Elles sont là : c’est à nous d’en organiser les synergies pour la guérison au sens global que nous devons en avoir aujourd’hui.

Première force : La force médicale. La lutte contre le VIH-SIDA est aujourd’hui une lutte des forces médicales contre une maladie dont il est largement encore clair pour tous qu’elle est incurable. Tout le monde sait qu’il n’existe à ce jour ni vaccin ni médicament à l’échelle de la médecine moderne et que la bataille se mène soit à l’échelle de l’endiguement du virus dans des comportements sociaux responsables, soit à celle des possibilités de neutralisation de son action destructrice par les antirétroviraux. Un espoir vient de naître cependant, même s’il est à prendre avec toutes les précautions nécessaires : un médecin camerounais aurait mis au point un vaccin. C’est le signe de la confiance qu’on devrait avoir dans la recherche médicale d’origine occidentale et dans sa pratique locale au sein de nos propres structures de recherche.

En effet, dans l’état actuel des choses, c’est vers cette médecine occidentale moderne que l’on se tourne prioritairement, sans chercher à mobiliser à grande échelle les ressources de la médecine traditionnelle. Or, dans la situation d’extrême pauvreté où vivent les populations africaines, beaucoup de malades se tournent vers la médecine traditionnelle et trouvent en elle d’énormes possibilités d’espérance. De plus en plus, on est devant des cas des femmes et des hommes qui déclarent avoir été guéris. Des tradipraticiens affirment publiquement qu’ils ont des produits médicaux traditionnels capables de « contenir» le virus ou de le tuer purement et simplement.

Pour la lutte contre le VIH-SIDA, il est important de comprendre que ce qui se passe aujourd’hui dans la prétention de certains tradipraticiens est le surgisse ment inattendu du génie de la culture africaine dans un domaine où l’on a eu tendance à le marginaliser et à le déconsidérer. Cette culture a une longue tradition médicale dont les richesses commencent à être exploitées peu à peu dans la lutte contre la pandémie.

Même si la situation actuelle ne permet pas de présenter des résultats définitifs sur ce que les tradipraticiens font réellement et sur ce que l’on est en droit d’en attendre à grande échelle, nous devons noter qu’il n’y aura plus désormais de combat contre l’épidémie dans nos pays sans les ressources médicales propres à l’Afrique elle-même. Ces ressources sont un signe de la confiance que l’Afrique devra maintenant avoir en elle-même, en sa capacité inventive grâce à laquelle elle a pu traverser des siècles d’histoire et résister à des épidémies et catastrophes de grande ampleur.

La question qui se pose actuellement aux forces de lutte contre la pandémie, et particulièrement aux églises, est celle de savoir si nous sommes prêts à faire confiance à cette contribution médicale africaine dans la lutte contre le VIH-SIDA ; si nous pouvons y mettre les moyens d’expérimentation nécessaires et y organiser un suivi sérieux des malades; ou si nous allons tout simplement continuer à organiser des colloques et des réunions de réflexion, à financer des campagnes de mobilisation populaire dont nous savons qu’elles n’ont pas stoppé la propagation de la maladie depuis les deux décennies des ravages que nous venons de traverser. Sachant que le savoir médical traditionnel et ses principes thérapeutiques sont un champ d’espoir pour beaucoup de personnes sur nos terres, serons-nous prêts à soutenir financièrement les efforts des tradipraticiens ou allons-nous simplement attendre de la médecine moderne qu’elle nous apporte des médicaments ou des vaccins nécessaires? Organiserons-nous la lutte en combinant les ressources de la médecine traditionnelle avec celles de la médecine moderne de façon consciente et coordonnée, ou nous contenterons-nous d’attendre des programmes d’anti-rétroviraux qui sont au-dessus des moyens financiers de beaucoup de nos malades.

La force mentale. La lutte contre le VIH-SIDA est largement une question de la force mentale des individus, des peuples et des sociétés. Par force mentale, il faut entendre la configuration globale des énergies psychiques et des structures de vision du monde qui permettent de lutter de l’intérieur contre les négativités et les puissances de destruction. Ce sont ces énergies qui permettent de ne pas plier sous l’adversité et de ne pas se laisser vaincre. Ce sont elles qui, souvent, font la différence dans les compétitions sportives, dans les guerres entre peuples et dans le combat de la vie. Ceux et celles qui ont un mental supérieur à leurs adversaires remportent plus facilement les luttes que ceux qui ne comptent que sur leur force physique.

C’est une loi psychologique importante dont on n’a pas suffisamment tenu compte dans la lutte contre le VIH-SIDA en Afrique (2). Dans les campagnes actuelles sur la fidélité, l’abstinence et les préservatifs comme moyens de faire reculer l’expansion du VIH-SIDA, il n’a pas été suffisamment tenu compte du mental nécessaire pour adopter des comportements responsables. On travaille avec l’hypothèse qu’il suffit de savoir ce qu’il faut faire pour le faire. Or, cette hypothèse est socialement fausse. Elle ne tient pas compte de la nécessité des motivations profondes, des raisons de vivre et de lutter qui, elles, en tant qu’énergies d’action, relèvent du mental des individus et des peuples.

Pour lutter contre le VIH-SIDA, la culture africaine peut constituer aujourd’hui le vivier d’un mental efficace et le levier d’une action féconde. Quand on sait que nos sociétés ont plié sans s’effondrer sous le poids de la traite, de la colonisation et du néocolonialisme, il faut un jour ou l’autre se demander où réside le secret de cette résistance profonde. Ce secret est dans les ressorts de notre culture qui a su, à chaque fois, face à l’adversité, retrouver dans son mental l’énergie de vie nécessaire. Cette ressource mentale tient à une conviction : la foi en la vie, la volonté de la défendre et de la protéger, la décision de ne pas laisser la mort avoir le dernier mot. Dans toutes nos sociétés, ce ressort de la vie a donné à nos peuples un grand orgueil vital; un capital-énergie sans lequel il est temps de puiser pour parvenir à libérer les motivations nécessaires dans la lutte contre la pandémie.

Pour gagner cette bataille, il ne suffira plus de savoir ce qu’il faut faire, il faudra aussi savoir pourquoi il faut 1e faire. Et cette dernière question est du ressort des forces vitales propres à la culture. Croire en la vie, croire en soi-même, croire en ses propres capacités de victoire psychologique sur l’adversaire quel qu’il soit, tel est le secret. De ce point de vue, l’espérance que les tradipraticiens font naître en déclarant qu’ils guérissent le, VIH-SIDA est déjà une victoire psychologique de grande portée, qui rend possible un mental de lutte et d’espérance qui a largement fait défaut à nos sociétés.

La peur qui a fait du SIDA la maladie de tous les fantasmes négatifs va progressivement céder la place à une perception normalisée du virus, rien que par le simple fait de savoir que la guérison est possible. Il deviendra urgent d’organiser sur cette base des campagnes de dépistage à grande échelle pour donner à chaque personne la connaissance de son statut sérologique.
Il y a plus la construction d’un mental de lutte contre le VIH-SIDA impératif qui fera connaître à chaque africain et à chaque africaine quelle est l’identité réelle de leur culture et quelles sont les exigences de cette culture en temps, de catastrophe. Ce travail ne se fait pas encore vraiment. Il faut que nous le fassions non seulement pour déclencher un sursaut vital chez nos peuples, mais surtout pour doter nos sociétés d’une véritable énergie de l’espoir fondée sur le sentiment du devoir de responsabilité que devront avoir chaque africain et chaque africaine du fait même de leur identité culturelle profonde.

Tiré de Guérir l’Afrique du SIDA du philosophe et théologien congolais Kä Mana

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