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Guinée Conakry Info | Guinée | 09/06/2014 | Lire l'article original
Sur son site internet, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est catégorique : « Le nombre cumulé de cas et de décès attribuables à la maladie à virus Ebola en Guinée s’établit désormais à 328 (193 confirmés en laboratoire, 80 probables et 55 suspects), dont 208 décès ».
Ces informations datent du 4 juin dernier. Trois jours après-le samedi 7 juin-le comité national de gestion de la maladie, lui, fournit les statistiques suivantes : « 206 cas confirmés de fièvre hémorragique dont 126 décès. 51 personnes guéries, 29 malades confirmés positifs hospitalisés ».
Pour justifier l’écart, les autorités guinéennes invoquent une « erreur » qui aurait été commise par les experts de l’instance onusienne. Le ministre de la coopération internationale indique même que le représentant de l’OMS aurait reconnu le fait. Se croyant dans son droit, un des membres du comité de gestion, Fodé Tass Sylla, s’est même autorisé quelques commentaires inamicaux, en guise de leçons de morale.
Naturellement, il est bien possible que les autorités guinéennes aient raison. Le problème cependant c’est que jusqu’ici l’organisme onusien n’a pas formellement démenti les informations qu’il a diffusées. Mieux, ces dernières sont toujours sur le site web de l’OMS. Ce qui, si les allégations guinéennes sont authentiques, serait très regrettable de la part d’une instance de la trempe de l’Organisation mondiale de la santé. A ce niveau de responsabilité, il n’est pas concevable que l’on s’amuse avec des sujets aussi délicats.
Mais on peut aussi penser que les experts de l’OMS se soient abstenus de réagir pour ne pas embarrasser l’Etat guinéen. La question de la souveraineté étant également délicate, certains organismes préfèrent ne pas rentrer dans une polémique inutile. Ils se contentent très souvent de faire le travail qui est le leur et de se limiter à ce niveau. Mais il découlerait qu’en réalité, le gouvernement guinéen fait tout pour étouffer et cacher les informations sur l’épidémie. Ce que certains soupçonnaient depuis que la stratégie de communication a changé. Des soupçons aujourd’hui nourris par une quasi-inexistence de la communication. Les quelques bribes qu’on en apprend sont celles qui fuitent dans la presse. Il en est ainsi de la manifestation de la maladie à Télimélé et de sa résurgence à Macenta.
Dans ces deux cas, c’est quand les médias s’en sont suffisamment fait écho que les autorités officielles, craignant d’être démasquées dans la volonté de maintenir le blackout, ont suivi le mouvement. Et on a l’impression que c’est le même scénario qui a prévalu pour que le comité de gestion sorte du bois le samedi.
L’objectif n’était manifestement pas de communiquer, mais de démentir les informations de l’OMS. Et l’exemple le plus éloquent, c’est la situation qui prévaut à Kouroussa. Dans son bulletin du samedi, le comité de gestion n’en a aucunement parlé. Alors que selon un correspondant de l’AGP, Ebola y aurait déjà fait huit décès.
De la part des responsables guinéens, il est compréhensible qu’on traque toute communication alarmiste, mais de là à taire toute information sur un mal aussi dévastateur, il y a quelque chose de franchement incompréhensible. D’autant plus que dans son désir de limiter les effets d’Ebola sur l’économie, l’Etat guinéen n’hésite pas à croiser le fer avec certains partenaires censés lui venir en aide.
Avec une telle stratégie, l’Etat guinéen pourrait se ridiculiser, car autrement, les partenaires de la Guinée savent pertinemment que ce n’est pas en cassant le thermomètre que l’on réussira à faire baisser la température.
Pivi Bilivogui pour GuineeConakry.info
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