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L'Observateur | Burkina Faso | 21/02/2007 | Lire l'article original
Restons donc sur cette actualité brûlante pour constater que le seuil d’épidémie est atteint sinon dépassé depuis quelques jours. Selon l’agence Panapress, cela fait 6 semaines (soit 42 jours) que le mal sévit dans notre pays et on dénombre déjà plus de 200 morts officielles sur environ 2093 cas. Cela suppose que l’infection au méningocoque a entamé son processus de propagation juste après la bamboula des fêtes de fin d’année.
Les districts sanitaires de Ouargaye dans la région de l’Est, Banfora à l’Ouest et Batié dans le Sud-Ouest ont franchi le seuil épidémiologique pendant que Houndé, Dano, Sapouy, Nanoro et Titao ont sonné, depuis, l’alerte. Ce qui fait croire que le nombre de cas signalés çà et là est nettement supérieur à celui des années précédentes à la même période.
Mais pour le moment, on ne fait pas grand-bruit, car peut-être que « le seuil d’alarme gouvernemental » n’est pas atteint ; même si on se souvient que le conseil des ministres, en sa séance du 12 janvier 2007, avait « examiné et adopté un rapport relatif à un plan de préparation et de riposte à une éventuelle épidémie de méningite en 2007 au Burkina Faso ». Mais où en est-on avec ce plan dont le coût dépasse le milliard ? Sans doute qu’on attend encore de tendre la sébile auprès de nos généreux donateurs, alors que pendant ce temps, les morts s’amoncellent dans les morgues des milieux urbains et dans les villages.
Ce qui est frustrant dans toute cette danse macabre, c’est que depuis environ une décennie, l’épidémie de méningite est cyclique dans notre pays. Et nos spécialistes en santé publique ne l’ignorent aucunement. Dans ce cas, a-t-on besoin d’attendre de faire une macabre et funeste comptabilité avant de prendre les précautions idoines ?
Assurément non. Et si par malheur, un agent de santé d’un
district s’hasardait à clamer haut et fort que l’épidémie
est bel et bien présente, il courrait le risque de se voir vertement
réprimandé si ce n’est une sévère sanction
qu’il écope.
Qu’à cela ne tienne, le mal est là et ronge dangereusement
nos compatriotes. Et c’est le moment plus que jamais d’attirer l’attention
des populations sur ce fait. D’ici là, l’on verra circuler
des doses du vaccin W135. Mais quand parviendront-elles dans les zones reculées
où l’on n’est pas encore au courant de l’épidémie
les gens mourant de ce mal à l’insu des officines sanitaires ?
Cela nous fait même dire que le chiffre de 200 morts doit être multiplié
par 2 sinon par 4 ou 5 pour avoir le nombre exact des victimes.
Et c’est parti pour « le show carnavalesque » des véhicules
4x4 sur fond de campagne politique. Certains profiteront de l’engouement
des populations pour le vaccin pour tenter d’enrôler des électeurs
en vue du scrutin législatif de mai 2007.
Espérons qu’en ce moment, l’infection n’aura pas fini
de décimer la population. Mais tout compte fait, c’est le lieu
de dire aux pauvres paysans de Batié ou d’ailleurs de se munir
de toutes les précautions d’usage et de résister encore
un peu en attendant que les flocons du vaccin w135 ne leur parviennent.
Vraiment, il y a lieu de pleurer car au Burkina, on ne semble guère
retenir les leçons du passé. Sinon, comment comprendre que, depuis
plus d’une dizaine d’années, une maladie cyclique continue
d’endeuiller les populations dans l’indifférence générale
?
Et on se comporte d’année en année comme si on était
surpris. C’est grave !
Kader Traoré
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