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Le soleil | Sénégal | 27/04/2007 | Lire l'article original
Le RTS, S, le vaccin antipaludique le plus avancé au monde, est entré dans l’histoire en 2004 lorsque les résultats d’un essai auquel ont participé 2 000 jeunes enfants, au Mozambique, ont révélé qu’un vaccin pouvait réduire de 49 % les cas graves de paludisme. Puisque le paludisme tue jusqu’à un million d’enfants par an et en rend malade des millions d’autres, même une protection partielle de ce type pourrait sauver des millions de vies et représenter de la sorte une victoire importante en matière de santé publique.
Un partenariat inhabituel – rassemblant un fabricant de vaccins, une fondation et des chercheurs scientifiques africains – travaille dur pour rendre ce vaccin disponible aussitôt que cela sera humainement possible. Pour l’instant le RTS,S en est à ses derniers essais de Phase II sur sept sites au Gabon, au Ghana, au Kenya, au Mozambique et en Tanzanie. L’an prochain, le RTS,S va débuter ses essais de Phase III, l’étape finale du processus de développement clinique. Si ces tests continuent à être couronnés de succès, le vaccin pourrait déjà être disponible d’ici 2012.
Les Africains sont au premier plan pour les tests de ce vaccin en Afrique. En tant que l’un des principaux investigateurs de l’un des sites d’essais cliniques, j’ai pu être le témoin de l’impact positif de ces essais sur les chercheurs scientifiques africains, les professionnels du milieu médical et les communautés en Afrique. Les chercheurs africains, travaillant étroitement avec les autres partenaires, participent à la conception des protocoles d’essais cliniques, mettent en œuvre les protocoles et gèrent le travail quotidien des essais. Les investigateurs bâtissent de solides relations de travail avec les communautés locales et les parents des enfants enrôlés dans les essais. Nous assurons les liaisons avec les ministères de la santé et d’autres institutions locales pertinentes pour les informer des progrès des essais.
Les essais ont également amélioré les soins médicaux fournis dans les communautés. Nos équipes médicales surveillent attentivement la santé et les progrès de chaque enfant enrôlé dans les essais, souvent en leur rendant visite chez eux pour des examens de santé. Sur chaque site d’essai, le personnel est formé aux dernières procédures de diagnostic et de traitement et les cliniques reçoivent un nouvel équipement médical. Ceci bénéficie non seulement aux enfants participant à l’essai, mais aussi à toutes les familles et leurs enfants utilisant la clinique locale. J’ai également occupé le poste de président du comité de partenariat des essais cliniques, l’organisme décisionnaire et coordinateur pour les partenaires du développement du vaccin. L’expérience du travail en collaboration avec des collègues en Afrique et autour du monde a enrichi mes connaissances – mais elle a aussi ouvert de nouvelles possibilités de coopération à l’intérieur de l’Afrique.
La gestion d’un essai clinique aussi avancé n’est pas une mince affaire et les chercheurs scientifiques africains se sont montrés à la hauteur du défi. Ce travail m’a apporté la confiance nécessaire pour savoir que nous avons ce qu’il faut pour mettre en œuvre un essai clinique de haute qualité au profit de l’humanité. En raison de notre succès et de la reconnaissance internationale de cet essai, l’Afrique abrite désormais des travaux scientifiques de renommée mondiale.
Personnellement, le fait de travailler sur des essais cliniques pour le RTS,S a été l’un des points culminants de ma carrière professionnelle. La plupart des investigateurs ont de la chance s’ils peuvent dire qu’ils ont travaillé dans un essai ayant conduit à un nouveau produit médical. Encore moins d’investigateurs peuvent se vanter de dire qu’ils ont participé à un essai ayant changé le cours de l’histoire de la médecine. Ce vaccin a le potentiel de me permettre de dire les deux.
J’ai eu la chance de travailler sur le RTS,S depuis un an, mais l’histoire
du RTS,S démarre bien avant. En 1987, une équipe de chez GlaxoSmithKline
Biologicals (GSK) a lancé un important effort d’invention d’un
vaccin antipaludique. Après une décennie de tentatives répétées,
les chercheurs scientifiques de chez GSK ont finalement identifié un
vaccin candidat prometteur en 1999.
Peu de temps après, GSK a formé un partenariat avec l’Initiative
de vaccin antipaludique PATH, un organisme sans but lucratif soutenu par la
Fondation Bill & Melinda Gates pour entreprendre des essais cliniques. Ce
partenariat public-privé a alors évalué et sélectionné
plusieurs institutions de recherche africaines de pointe, dont la mienne, pour
mener à bien les travaux des essais sur le terrain.
Nous, en tant qu’Africains, possédons désormais une autre tâche historique, à savoir celle de devoir commencer à nous préparer pour un vaccin antipaludique dès maintenant. Il nous appartient de faciliter la création de la volonté politique nécessaire pour financer et distribuer les millions de doses de ce vaccin. Il n’est pas trop tôt pour démarrer. Aujourd’hui, à l’occasion de la Journée africaine de lutte contre le paludisme, faisons appel à nos communautés, à nos leaders et à la communauté internationale pour aider à achever le cheminement de ce vaccin depuis le laboratoire jusqu’aux enfants qui en ont désespérément besoin. Un vaccin antipaludique est à notre portée pour la première fois dans l’histoire. Il est grand temps !
Le Dr Salim Abdulla Directeur des Unités de recherche et de formation de Bagamoyo relevant du Centre de recherche et de développement en santé d’Ifakara, en Tanzanie.
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