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Agence Ivoirienne de Presse | Côte d'Ivoire | 31/10/2023 | Lire l'article original
Gagnoa, 31 octobre 2023 (AIP)- Président de l’Association des séropositifs du Gôh, Azaud Gervais, 66 ans, vit avec le virus du Sida depuis 2003. L’homme qui ne cache nullement son identité et sa sérologie, a vu sa charge virale supprimée. Il a aujourd’hui une très faible probabilité de contaminer autrui à condition de poursuivre son traitement. M. Azaud parle, dans un entretien avec l’AIP au lendemain de la réunion semestrielle du Comité régional de lutte contre le Sida (CRLS) à Gagnoa, de son activité, des relations entre les malades du Sida et les autres personnes.
AIP : Président, on suppose que si vous êtes marié, votre conjointe est aussi séropositive
Azaud Gervais : Ah non, je vais vous surprendre. Mon épouse actuelle est séronégative ainsi que mes enfants.
Vivant avec le VIH, vous avez pu faire des enfants ?
A.G. : Ce que beaucoup de personnes ignorent, c’est que la science a fait des progrès énormes vis-à-vis de cette maladie. Mon épouse et moi sommes ce qu’on appelle dans notre jargon, un couple sérodiscordant, c’est-à-dire qu’elle est la conjointe d’une personne vivant avec le VIH. Non seulement, mon épouse est séronégative, mais mieux, nous avons eu deux enfants.
Extraordinaire tout ça. Mais, comment vous avez découvert que vous portiez le virus
Disons que c’est en 2002-2003 que j’ai su mon statut. Mon ancienne épouse et moi étions devenus maigres et étions, tout le temps, malades. Elle venait d’accoucher et elle n’a pas tenu. Elle est décédée, me laissant avec un bébé de huit mois. Ils ne m’ont pas dit qu’elle était morte de la maladie. Le médecin m’a au contraire demandé d’aller faire mon examen de sang pour qu’on puisse me soigner. J’y vais et nous prenons rendez-vous pour le retrait des résultats. Ce jour-là, on remettait le bulletin de chacun main à main. Quand mon tour est arrivé, la jeune dame a regardé le contenu de la fiche, m’a fixé et a dit : monsieur, asseyez-vous. Elle est sortie de la salle, pour acheter une enveloppe kaki, a pris le soin d’y mettre le bulletin, refermé l’enveloppe, l’a scotchée et m’a demandé d’aller la remettre au médecin.
Ça vous a surpris ?
Mais oui. Mais je me disais que je me plaindrais au médecin
Quelle a été l’attitude du médecin ?
Je lui remets l’enveloppe sous pli fermé, en lui disant que je ne comprends pas tout ce cirque pour un examen. Il me dit Ok ! Puis il ouvre l’enveloppe, me remet le bulletin et m’annonce avec un langage direct. Tenez, vous avez le Sida.
Il vous le dit aussi simplement et directement ?
Oui, aussi simplement. Il a gardé son calme et attendait ma réaction. Mais cela a été comme un coup de massue sur ma tête.
Mais, vous vous sentiez déjà que vous aviez une maladie particulière ?
Oui, j’étais très faible. J’étais malade. Quand je marche, ceux qui me dépassent font des signes de croix qu’on fait à l’église. Avec mon 1,76 m pour 70 kg, j’étais passé à 25 kilos. Durant la maladie de mon épouse nourrice, j’avais utilisé le peu d’énergie que j’avais encore pour m’occuper d’elle. Alors je demande au médecin si c’est de cette maladie qu’elle est morte.
Que vous a-t-il répondu ?
Il me dit, oui bien sûr ! Et je lui demande si moi aussi, je vais mourir du Sida. Il me répond que ça dépendra de vous. Cette petite phrase a résonné dans ma tête. Il m’a alors servi une ordonnance, pour laquelle je devais me rendre à la pharmacie de l’hôpital. Mais, je n’avais pas d’argent. Justement là, on me dit de payer. Puisque le docteur m’a dit que ça dépendait de moi. J’en ai déduit donc que si je ne veux pas mourir, je me dois de prendre les médicaments, même si je n’ai pas d’argent.
Vous avez pu avoir les médicaments ?
Evidemment, je me suis fait servir et j’ai mis le paquet sous mon aisselle. Mais voilà que le docteur Adjalou, le pharmacien de l’hôpital à l’époque, me réclame le paiement des produits. Je réponds que je n’ai pas d’argent. Un peu surpris, il exige que je lui rende les médicaments. Ce que je refuse bien sûr, parce que l’on m’a bien dit que si je ne prends pas de médicaments, je vais mourir.
Comment ça s’est terminé
Ils étaient tous très irrités par mon attitude, mais moi, je tenais à vivre. Dans mon état à ce moment, on ne peut pas me toucher, au risque de me casser les os, vu que j’étais fragile et faible. Le directeur de l’hôpital ayant constaté la situation, a demandé que l’on me laisse partir avec les médicaments. Mon geste a, semble-t-il, provoqué de nouvelles dispositions, au point qu’aujourd’hui, les médicaments nous sont délivrés gratuitement.
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