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ban_jmp_malacur - 25 avril 2024 - Journée mondiale de lutte contre le paludisme

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Revue de presse de santé tropicale

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Pr. Same Ekobo : Le paludisme a autant de considération que le Sida

Mutations | Cameroun | 08/05/2006 | Lire l'article original

Coordonnateur du Réseau d'Afrique centrale pour le traitement antipaludique, il parle de cette maladie sans frissonner.

Est-ce qu'il vous arrive de souffrir du paludisme ?
Oui cela m'arrive. Mais, vu les précautions que je prends, je souffre plus souvent du paludisme non compliqué que du paludisme grave.

Quelle différence faites-vous entre ces deux formes ?
Le paludisme non compliqué est celui qui se manifeste par des signes peu intenses et supportables : des maux de tête, la fièvre, des frissons, et qui ne vous empêchent pas d'aller au travail, ne vous conduisent pas au lit. Vous observez un petit repos, sans plus. Par contre le paludisme grave est surtout effrayant chez l'enfant qui fait des convulsions, entre parfois dans le coma. Ce paludisme évolue rapidement vers les signes intenses et insupportables tels que les vomissements, la perte de connaissance et parfois vers la mort plus ou moins rapide. Le paludisme grave résulte souvent du fait qu'on a traîné à traiter correctement la forme non compliquée. Il faut soigner le paludisme dans l'heure qui suit ou se diriger vers le centre de santé le plus proche, à moins de cinq kilomètres.

La dernière fois que vous avez eu le paludisme, c'était quand ?
C'était en décembre 2005. Je prends plusieurs précautions pour ne pas me faire piquer par des anophèles

Pour le Camerounais moyen qui ne prend pas beaucoup de précautions, quelle est la fréquence de la maladie ?
Trois accès par an, à peu près. Cela signifie que les 15 millions de Camerounais font quand même au moins chacun un accès palustre par an. Ça fait beaucoup.

Qu'est-ce que vous faites quand vous souffrez du paludisme ?
Le programme national de lutte contre le paludisme s'est prononcé sur des médicaments efficaces et ce sont ces médicaments que j'utilise pour montrer l'exemple et parce qu'ils sont accessibles, bien tolérés et surtout rapidement efficaces.

Vous faites de l'automédication, vous ne vous faites pas consulter avant ?
Je suis ici dans un laboratoire. Mais, en réalité, je connais tellement bien mon palu que je n'ai pas besoin de faire la Goutte épaisse, d'autant plus que je ne fais ne presque jamais de palu grave.

Quels sont les médicaments qui ont votre préférence ?
Ce sont des combinaisons thérapeutiques. Maintenant, il ne faut plus prendre des mono substances c'est à dire des médicaments simples. L'Oms les a bannis ; les experts camerounais également se sont prononcés pour proposer au ministre de Santé les solutions appropriées du problème posé par les monothérapies, c'est-à-dire par l'utilisation des molécules simples pour traiter les accès palustres non compliqués. La combinaison que j'utilise est celle qui associe l'Artésunate à l'Amodiaquine et qui est commercialisée sous le nom d'Arsucam. Il y a d'autres combinaisons qui sont également très efficaces comme le Coartem, l'Artequin et le Duocotexcin. Ces quatre molécules sont au dessus de la mêlée.

Parlant des mesures préventives, quelles dispositions vous prenez pour ne pas contracter le paludisme ?
La mesure la plus appropriée, c'est dormir sous une moustiquaire imprégnée. Même quand on a un climatiseur. En effet les moustiques sont capables de se réfugier dans les loges des climatiseurs et de piquer les occupants dans les minutes qui suivent la mise en marche du climatiseur. Il faut réimprégner la moustiquaire une fois tous les six à huit mois et la laver et aussi éviter qu'elle ait des trous. La moustiquaire imprégnée est de loin moins coûteuse que le traitement. Il y a également la protection des ouvertures de la maison ; on doit s'habituer à avoir des tamis sur des fenêtres. En complément, il ne faut pas négliger l'utilisation des insecticides dans la maison à condition de ne pas en abuser parce qu'ils peuvent provoquer des irritations des voies respiratoires. Par prudence, on devrait pulvériser les locaux deux à trois heures avant d'y entrer. Enfin, il faut assainir régulièrement le périmètre des maisons, en curant notamment les caniveaux et en débouchant les gouttières des toits. Les gouttières constituent de grands gîtes de moustiques, les canaris aussi et divers récipients, abandonnés autour des maisons ; ce sont de véritables nids à larves de moustiques.

Est-ce qu'on est plus exposé au paludisme aujourd'hui qu'il y a vingt ans au Cameroun ?
La situation est stationnaire parce que beaucoup de gens ne se mettent pas à la prévention. Avec le déboisement on a créé des gîtes favorables aux moustiques dans nos villages. Les moustiques aiment le soleil et la forêt dégradée c'est ce a fait augmenter le paludisme dans nos villages. Mais en ville on croit à tort que le paludisme a augmenté ; en fait il a baissé parce que la pollution tue les larves d'anophèles, vecteurs du paludisme ; une larve d'anophèle meurt en quelques seconde dans une fosse à vidange ; tout comme elle ne résiste pas dans les eaux pourries des périmètres des restaurants de quartier, parce que trop pollués. En général, les larves d'anophèles se développent mal dans nos villes du fait de la pollution : à quelque chose donc malheur est bon…. Plus la pollution augmente plus les larves d'anophèles se raréfient et moins on a le paludisme.

Donc les milieux sales et pollués ne sont pas propices à la multiplication des moustiques ?
Pas pour tous les moustiques, les anophèles uniquement. Les autres moustiques se multiplient et piquent beaucoup, si bien qu'à Douala par exemple il est difficile de faire admettre aux gens q'il n'y a pas beaucoup d'anophèles, puisqu'ils confondent ces dernières avec les autres moustiques. La pollution dans cette ville fait qu'il y a beaucoup de moustiques mais peu d'anophèles. Les vecteurs du chikungunya et de la fièvre jaune par exemple sont des moustiques, mais ce ne sont pas des anophèles
Par exemple, quand vous partez d'Essos à Nkol-bisson, vous avez une augmentation du paludisme. La maladie est moins présente à Essos parce qu'on est au centre ville, où les gîtes larvaires sont pollués et pauvres en larves d'anophèles. Alors qu'à Nkol-bisson, il y a des étendues d'eau qui ne sont pas très pollués et hébergent relativement de grandes quantités d'anophèles. C'est l'une des raisons qui expliquent qu'il y a plus de paludisme à Nkolbisson qu'au Centre ville de Yaoundé.

Quelles sont les zones endémiques au Cameroun et quelles sont leurs particularités ?
Tout le Cameroun est une vaste zone endémique du paludisme. Mais l'endémicité varie de la forêt c'est à dire du le Sud, vers la savane, autour de Kousseri. Dans la zone forestière, l'endémicité est caractérisée par un paludisme permanent et un risque quasi-quotidien de contracter le paludisme. Vers Ngaoundéré, le paludisme n'est plus permanent ; il connaît des périodes où il ne se transmet pas soit parce qu'il fait très froid ou très sec ; le froid entrave l'activité des anophèles. Plus au Nord, vers Garoua, pendant les saisons très chaudes, le moustique est paralysé, il entre en estivation. On appelle cette zone, "zone à transmission saisonnière du paludisme". Vers Kousseri le phénomène est encore plus net : le paludisme ne se transmet plus que pendant une très courte période de deux à trois mois.

Qu'est-ce qui explique la résistance aux anciennes molécules ?
La résistance vient du désordre des prescriptions et de l'automédication. Quand vous achetez un médicament dans la rue, vous courez le risque qu'il contienne très peu de principe actif. On a des tests faits au laboratoire central qui démontrent que des gens qui s'achètent les médicaments de rue avalent souvent de la poudre qui ne contient aucune trace de vrai médicament. Dans ce cas, non seulement vous vous faites du mal, mais vous ne guérissez même pas. Lorsque vous consommez le médicament concentré de moitié, le parasite va s'habituer à ces petites doses et devenir résistant à ce médicament.
Maintenant, on a trouvé une parade au phénomène de résistance, c'est l'utilisation, sous forme combinée, des dérivés d'une plante qu'on appelle le qinghaosu et qui pousse en Chine, principalement. La molécule du qinghaosu s'appelle scientifiquement l'artémisinine. On n'a pas encore connu de résistances à l'artémisinine ; mais on doit anticiper, car en l'utilisant simplement, il y aura-t-il un risque de développement de résistance, d'où l'option des combinaisons. Comme on l'a fait avant avec la lèpre, la tuberculose, le vih-sida où on a opté pour la trithérapie. Toute maladie infectieuse qui pose de problèmes sérieux doit être traitée avec une combinaison parce que cette dernière permet de détruire des parasites à «plusieurs niveaux et d'éviter toute résistance potentielle.

Qu'est devenu le vaccin découvert par le Colombien Manuel Elkin Pattaroya ?
C'est un vaccin qui donnait une protection partielle, non seulement en termes de pourcentage de personnes protégées mais également dans le temps ; ce vaccin ne protégeait pas longtemps et on a dû le réviser. Maintenant il y a des pistes de l'Institut Pasteur de Paris et de l'INHA de Washington qui sont en train de mettre au point des vaccins prometteurs, mais être un spécialiste de vaccins je crois que la sortie de bons vaccins antipaludiques n'est pas envisageable à court terme.

Au jeu des intérêts, y a t-il une firme pharmaceutique aujourd'hui qui aurait intérêt à ce qu'il y ait un vaccin contre le paludisme qui couvre quand même une zone endémique de plus de quatre milliards de personnes ?
(Rires) Cette question ne relève pas de mes compétences parce que je ne suis ni pharmacien, ni commerçant. Je ne pense pas que le paludisme doit être combattu par une seule arme. Il faut une synergie entre les médicaments, la moustiquaire, le vaccin et plusieurs autres méthodes ; on est même en train de fabriquer des produits qui stérilisent les moustiques.

Le vih favorise t-il le paludisme ou vice-versa ?
Le paludisme donne aussi une immunodépression comme beaucoup d'autres maladies. Par contre, une personne qui est vih+, c'est à dire séropositive, ferait plus d'accès sévères que des sujets immunocompétents. Mais, le sujet paludéen n'est pas plus réceptif au Vih que le sujet non paludéen.

Est-ce que le paludisme mobilise suffisamment pour porter des résultats par rapport au vih-sida, quand on sait que le palu tue toujours plus que le sida?
Il y a quelques années, on pouvait dire non. Mais, aujourd'hui, le Programme Mondial a associé le sida, le paludisme et la tuberculose, en une même approche de lutte. Si bien que le paludisme n'est plus un laissé-pour-compte ; il bénéficie pratiquement d'autant de solidarité que le Vih/Sida.

Qu'est-ce qu'on entend par avoir le paludisme dans le sang ?
Les personnes qui le disent sont vraisemblablement celles qui font des accès palustres à répétition. Et s'ils font des accès répétés, c'est parce qu'ils sont mal soignés. Cette catégorie de patients doit faire des examens de laboratoire qui détermineront si en plus du microbe du palu qui réside dans leur sang il y a d'autres complications qui touchent la rate, le foie, le rein ou cœur. Avoir des accès répétés ne se limite pas seulement dans le sang, car le paludisme dit chronique affecte aussi d'autres organes ; à titre d'exemple un enfant qui travaille mal à l'école, doit subir un examen de sang pour la recherche de ce paludisme " chronique " qui peut être la cause de ses mauvais résultats.

Recueillis par Junior Binyam

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